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lundi 30 mars 2015

Un Spirou inédit par Rob Vel : canular du 1er Avril chez Dupuis ?

Annoncé la semaine dernière dans la revue : un Spirou de Rob Vel (son créateur en 1938) aurait été retrouvé sur la brocante de Lille il y  a quelques mois par un amateur de revues des années trente, au fond d'une malle qui aurait appartenu à un copain d'armée du célèbre dessinateur : Maurice Martineau (1).
Une page en vis à vis nous explique cette semaine le détail de cette trouvaille, qui aurait été inspirée à l'auteur par le film Freaks de Todd Browning.

5 pages couleur, typiques du style du dessinateur Rob Vell nous sont alors proposées, sous forme de planches titrées à chaque fois différemment, comme des scénettes :
"Les aventures de Spirou : qui sont les monstres ? ; Le roi de l'évasion; Savoir gagner de l'argent; Impresario de vedettes, Menace nocturne"… et un beau :
"Quelle est donc l'inquiétante silhouette qui vient de s'introduire chez notre Spirou ? Vous le saurez Jeudi prochain" en fin de cinquième planche.

Autant de mise en scène et de suspens qui nous rappellent les meilleurs épisodes du trio de choc français Les Pieds nickelés.

D'ailleurs, le passage où notre héros (anti héros, tellement il fait des choses bizarres ici, mais bon, on est en 1940/43), sous couvert de défense d'un garçon de cirque à deux têtes maltraité par son directeur, lui propose de fuir et d'imiter un célèbre pétomane afin de gagner dans la rue son "indépendance"... est purement grotesque. (Quoi qu'assez marrant au final.)


> Canular ?  vraie trouvaille ??  On discute sur les forums (celui de Spirou.com entre autres) de cette très forte 1ere probabilité, et des indices émergent qui donnent à valider cette version de blague :

- Numéro du 1er Avril : la revue est une habituée des canulars
- Deux ou trois dessinateurs moderne (Séverin..Fred Neidhardt , Pic Lelièvre…) seraient capables de détourner le style de Rob Vell à ce niveau de perfection.
- La couverture de la revue reprend(rait) une case... oui, sauf qu'elle ne pixélise pas du tout.
- On s'interroge aussi sur le prix des places du "spectacle": 35 f , 25 f.. (sauf que les amateurs du forum oublient que l'on est en 1940, et .. en belgique. Donc ce sont des francs belges.:-)

De mon côté, je me demande dans quelle mesure l'utilisation de la signature de l'auteur original sur toutes les pages et la couverture aurait été possible, .. sans l'accord minimum des ayants-droits.  (Mais cela serait sans doute possible dans le cadre d'un gros canular ?)

Bref… il faut acheter le Spirou de cette semaine.. .. et c'est sûrement le but de l'équipe éditoriale… ;-)   et vous essaierez de vous faire votre propre opinion.

En tous cas, un bien collector bizarre numéro ! ;-)


(1) Ce monsieur aurait bel et bien existé et combattu en 1914-18 cf : http://www.europeana1914-1918.eu/en/contributions/11057, s'il s'agit bien de lui.. mais d'ici à dire qu'il aurait combattu aux côté de Rob Vel durant la seconde guerre... ? (Ndlr : et bien si, si l'on en croit la belle photo d'armée de ce numéro du journal, déjà publiée dans le livre consacré à l'intégrale Rob Vell, paru chez Dupuis l'année dernière.)

mercredi 25 mars 2015

Brubaker et Phillips reviennent avec une édition spéciale de Criminal.

Savege sword of Criminal (spécial édition)
Ed Brubaler, Sean Phillips
Image comics
Février 2015 (VO)

Criminal est une des séries de Brubaker et Sean Phillips, un duo de choc américain, qui s'est invité chez nous depuis 2007, avec cette série thriller, mais aussi Incognito (2008), et Fatale (2010).
Brubaker en "solo" avec d'autres dessinateurs ou scénaristes ayant déjà inondé précédemment les boutiques avec les séries Gotham central, Sleeper, ou plus récemment avec Velvet.

Créée dés 2006 aux USA, Criminal a vite trouvé sa traduction en France, et 6 beaux recueils reprenant la série des deux TPB ont été rapidement disponibles.
Mais depuis 2012.. plus rien cependant.

C'est pourquoi l'on est vraiment content de retrouver l'un des personnages centraux de la série criminelle: à savoir Teeg Lawless, emprisonné pour 30 ans dans le pénitencier de son comté dans un numéro tout "spécial".

Dans la prison où il est enfermé, il n'a comme seul "ami" qu'un vieux magazine de comics des années 70 : "Savage sword of Zangar", sorte de Conan, bien combatif, qui lui permet d'exulter ses envies meurtrières.
Et il en a des raisons d'être énervé, car à l'extérieur, une connaissance mafieuse lui en veut à mort, et fait tout pour lui pourrir la vie. Or c'est fou comme un peu de lecture peut donner de l'énergie et des idées au combat.
Superbe épisode que celui-ci, sortie en édition normale et format revue (celle présentée ici), à l'occasion de la réédition en TPB des principaux volumes de la série chez Image, ainsi que celle de l'annonce de la parution de leur nouvelle série : "The fade out" (depuis janvier aux USA).

©Brubaker/Philiips/Image comics
©Brubaker/Philiips/Image comics























Passant de pages noires et blanches un peu jauni, immergé dans le comics que Teeg lit, aux pages couleur de sa réalité dans la prison, le lecteur est embarqué par Brubaker dans un scénario punchy, qui, sur pas mal d'aspects, rappellera sans doute à la plupart des amateurs le Hellblazer "Hard time" de Azarello et Corben, traduit ici chez Toth en 2003.


Le délire de la mise en abîme va jusqu'au courrier des lecteurs, bien déjanté, et son verso, façon pub d'époque bien ringarde, avec le sticker d'expédition imprimé, indiquant  l'envoi via la prison. (Teeg se fait en effet quand-même un copain en la personne du bibliothécaire en chef, qui se récupère les abonnements "perdus" des Savage sword " des prisonniers ayant quitté la prison, pour sa réserve personnelle.)

Un numéro exceptionnel et collector.

Retrouvez les infos sur Brubaker et la série Criminal : http://criminalcomic.blogspot.fr/

dimanche 15 mars 2015

"Si c'était à refaire...": Guillaume Laborie ne change rien, mais réhabilite Wallace Wood.

Wallace Wally Wood
Si c'était à refaire...

Guillaume Laborie
PLG
Septembre 2014

Lors d'une année très chargée au niveau de la production éditoriale et des hommages rendus à Jack Kirby (1), il est évidemment difficile de remarquer et faire un peu de place à un petit bouquin paru chez un éditeur à la puissance de communication limitée, consacré à un auteur américain "maudit", mort depuis les années 80, et que le grand public moderne n'a eu que trop peu l'occasion de lire depuis au moins deux décennies (2)
Wood par lui-même
(©"My world",Weird science #22, 1953)

Néanmoins, ce livre mérite votre attention, car il paraît dans la très intéressante collection de PLG "Mémoire vive",  où les auteurs développent, au sujet de créateurs de bande dessinée, un ton et une originalité de point de vue rarement vue ailleurs, en France en tous cas.

Dans un format agréable 16 x 24 cm, dos carré collé, jaquette avec rabats, ce livre de 200 pages évoque avec une grande maîtrise la carrière d'un des auteurs de comics les plus influents de l'âge d'or.
Composé de 9 chapitres (3) établit chronologiquement, l'ouvrage montre page après page la naissance, l'évolution d'un grand artiste, puis sa déchéance, liée à de nombreux problèmes, d'ordre psychologiques, alcooliques, et sociétaux.

Le recueil où Wood a changé le costume du héros.
(©Marvel France 2014 Lee, Stan/Orlando)

Guillaume Laborie, déjà responsable d'un ouvrage consacré à un autre auteur de comics très particulier : Jim Steranko (Tout n'est qu'illusion, Les Moutons électriques, 2009) nous dévoile les dessous de l"industrie comics aux USA des années 40 aux années 80, par le truchement de ce petit homme mal dans sa peau, qui finira pas se tirer une balle dans la tête, ayant l'impression d'avoir raté sa vie, sinon sa carrière.  Mais ce gars-là méritait cet hommage en Français, ne serait-ce qu'aux vues de l'énorme quantité de travail fournit, et l'influence qu'il a pu laisser sur les artistes venus après lui, des années 60 à aujourd'hui.
On croise dans "Si c'était à refaire" tout le Gotha du comics aux états-unis, et par moment, ce livre renvoie justement en écho à celui de Mark Evanier consacré au King Jack Kirby (Harry N. Abrams, 2008).

Le trait et l'humour Wallace Wood
(Tiré de "Woodwork", et :
http://www.popculturemaven.com/comics/2014-holiday-geek-gift-guide-the-art-books/)

 Wallace Wood était encreur, et un des plus grands ayant jamais existé, mais aussi un sacré dessinateur, et il a travaillé avec les plus grands, tout comme il a travaillé pour la plupart des maisons d'éditions de l'âge d'or, d'argent et de bronze : Atlas, Timely, DC,Marvel, EC comics, Eerie, Warren, Tower, …
Il a aussi monté ses propres structures, a été un des premiers à familiariser l'auto publication avec son fanzine Witzend dés l'été 1966, et a crée ou a été à l'origine d'une ribambelle de  personnages ou de concepts, dont on ne réalisait pas encore complètement l'importance il y a peu. (D'ailleurs, certaines de ses œuvres sont encore découvertes et/ou réévaluées aujourd'hui.) (4)
On pense à ses superbes dessins ou encrages pour les histoires de science fiction de Weird fantasy, celles de Frontline combat, celles pour Creepy,  ses encrages de Jack Kirby pour les Challengers of the unknown, le comme back de Daredevil en 1964 (avec la tenue rouge !), les Thunder agents, Cannon, son essai magique pour la reprise ratée de Prince Valiant en 1970, Wizard King, mais aussi sa contribution aux cartes Mars attacks (Topps), et dans une autre mesure, son implication dans l'érotisme grivois en bande dessinée (voire la pornographie à la fin de sa vie) avec Sally Forth, et de nombreuses illustrations dans divers magazines, dont Screw, ou Big Apple comix, ou Mad.

On voit passer dans ce livre noir et blanc, assez peu illustré, (62 images en tout au fil des pages, dont une photo prise à Angoulême en 1977)  de nombreuses informations, et des anecdotes précises, qui renvoient à autant de références en fins de chapitres, faisant de celui-ci un incontournable sur le sujet en français.
Guillaume Laborie fait montre d'un désir de partager sur l'artiste sans borne, et son amour pour ce dernier transparaît à chaque page. Mais il ne tombe pas dans l'hagiographie, et les citations de nombreuses personnes ayant côtoyées l'artiste permettent de dresser le portrait d"un homme doué, mais perturbé, qui n'aura semble t-il jamais vraiment trouvé sa place.

On a une seule envie en découvrant cet ouvrage agréable : le compléter en achetant les deux beaux livres richement illustrés consacrés à Wallace Wood :

- "Woodwork", sorti en 2013 à l'occasion d'une grande exposition aux iles Canaries (édition anglaise disponible IDW Publishing; January 15, 2013), et :
- "Against The Grain: Mad Artist Wallace Wood" (TwoMorrows Publishing, 2003), qui va être réédité augmenté en Avril, suite à la mort de son auteur Bhob Stewart en 2014.


> Wallace Wood, si c'était à refaire, PLG éditions, 15 €
http://plg-editions.com/livre/wallace-wally-wood-si-cetait-a-refaire/


Bucky Ruckus,1967
from : from : http://thegoldenagesite.blogspot.fr/


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(1) De nombreux ouvrages, conférences et expositions ont été consacrés cette année 2014 en France au King of comics : chez Neofelis éditions (2 volumes bibliographiques spécialisé), chez Urban comics ("King of comics"), mais aussi les rééditions depuis quelques années de : Kamandi, Anthologie Kirby, OMAC, Le quatrième monde...

(2) > A cause d'une bibliographie française récente quasi inexistante, ou sinon dispersée dans quelques recueils. (cf : "Tales from the Crypt", "Blazing combat" ou "Frontline combat" chez Akileos)
Nb : A l'aspect maudit, on rajoutera celui de "fou", en référence au livre ultime "Mad artist against the gain", que l'on peut traduire par "L'artiste Mad (ou "fou", jeu de mot avec la revue Mad à laquelle il collaboré), contre le grain" > référence aux tempêtes subient par les marins en mer et que Wallace Wood a lui vécu contre ses pairs et éditeurs successifs.

 (3) Plus 13 pages Bonus "Le style de Wood", où l'auteur délivre une sorte de "recette" de l'artiste, en décortiquant quelques planches fameuses. Puis une bibliographie critique et un index.

(4) Cf le jeux des paquets de cartes chewing-gum Mars attacks de chez Topps .

Pour aller plus loin encore :
A lire (en anglais), le gros article hommage sur Wallace  Wood ici : http://heroinitiative.blogspot.fr/2010/06/tragic-genius-wally-wood.html

A voir : le Tumblr consacré à l'artiste : https://www.tumblr.com/tagged/wally-wood
Et le blog du fan absolu : http://wallywoodart.blogspot.fr/

dimanche 1 mars 2015

Futurs : une revue extra qui explorait aussi le passé. (Manchu, et DC comics)

©Manchu/Futurs
Précédemment sur Bernie's blog :
on se régalait de l'interview de Berni Wrightson paru dans la revue Futurs (2eme série, #3 de 1981)

Sur cette revue vraiment intéressante se trouvait aussi un texte de Harlan Ellison :"Pretty Maggie", illustré par Manchu.
(8 pages, écrites en 1968, traduction Jacques France.)

Si, d'après la page Wikipédia consacrée à l'auteur :  (Manchu) "vient à l’illustration de science-fiction en 1984, lors de sa rencontre avec Gérard Klein, qui lui propose d’illustrer les volumes de la collection La Grande Anthologie de la science-fiction pour Le Livre de poche",
... on est d'autant plus content de trouver ces illustrations, datées 1981.

©Manchu/Futurs
Je vous laisse vous en régaler.






©Manchu/Futurs


Mais dans ce numéro 3, une nouvelle rubrique "Les petits maitres de l'âge d'or de la bande dessinée US" proposait aussi 19 pages de reproduction de comics DC des années 30/40.
(Voir le sommaire sur la page de la revue sur Noosphere.)

Un régal qu'on aurait bien vu perdurer, même si l'aspect vieillot et assez peu "SF" de la chose jurait un peu par rapport au reste de la revue.
Néanmoins, la fin brutale de Futurs sur ce numéro en sonna malheureusement le glas.

Il restait à replacer ces histoires dans leur contexte, car malgré l'introduction ci-jointe, aucun crédit ne permettait de savoir d'où provenaient ces bandes.

Voilà chose faite ci-dessous, après un aperçu des fameuses planches.
Retour dans le passé, du passé :

Original : "The Man No One Could See"
Original : "Weird Affair at Kelly's Castle"




















Remarque : Ce type de publication d’œuvres tombées dans le domaine public est revenu à la mode ces dernières années, grâce à des publications confidentielles comme les "Golden comics de Fred Treglia, ou Futura/Aventures fiction d'Organic comics.



DC comics #117 (1937)
"The Man No One Could See" starring The Boy Commandos, pencils by Curt Swan, inks by Steve Brodie

Sources :
https://www.mycomicshop.com/search?tid=100871&pgi=101

http://dc.wikia.com/wiki/Boy_Commandos_Vol_1


Kelley's Castle.
   "Weird Affair at Kelly's Castle"
* (Ghost Gallery) / by Drew
   Murdoch ; art, Bob Hebboa. 8 p. in Jumbo Comics, no. 44
   (Oct. 1942). -- Le personnage principal est Drew Murdoch, un détective spécialiste de fantôme.
( Lou Mougin via The Grand Comics Database Project.)

(Sources : http://www.comics.org/issue/2440/#31321

et : Michigan state university comics collection : http://comics.lib.msu.edu/rri/krri/kellerj.htm