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vendredi 30 décembre 2016

Charles Burns Tintin reanimator


Dans trente ans, lorsque par hasard, un jeune lecteur tombera sur Vortex, peut-être attiré par sa couverture colorée et étrange, mais finement présentée, où le suspense de la situation donne immanquablement envie d'ouvrir l'album et d'en connaître le contenu, celui-ci sera certainement très surpris. Il n'est pas dit qu'il possèdera suffisamment de références tintinophiles pour s'amuser des nombreux clins d'œil qui constituent une bonne partie de l'ossature de l'ouvrage, mais au moins il se régalera des superbes planches couleur se jouant, avec Nit Nit comme acteur principal*, et au moins dans les premières pages (1 à 29) des plus fantastiques couvertures du héros à la houpe de Hergé.
Une île bien connue ©Cornelius/Charles Burns 






A coup sur il sera angoissé, et se demandera s'il a bien le droit de regarder un tel ouvrage, pas franchement fait pour les enfants, où l'univers du cauchemar dévoile d'étranges créatures gluantes et atrophiées, ou de belles demoiselles nues. (Non montrées ici ;-))

©Cornelius/Charles Burns
 Cette impression de livre "pour adultes" est ensuite confirmée dans la deuxième partie, où sont proposées des visions détournées, accentuées, de couvertures de revues comics américaines à l'eau de rose pour adultes, datées années 50. Mais ici relookées à la sauce asiatique, pour leur donner un goût encore plus étrange. Les quelques planches incluses entre deux séries, comme des extraits de ces magazines, sont tronquées et proposent des dialogues dans une langue étrangère, ou vaguement Thailandaise, comme dans un exercice de l'oulipo, opérant à la manière de portes pour voyager entre chaque univers.
Verso de Blood club, ed limitée (1995)


L'album s'ouvre après deux illustrations pleine page, sur une introduction tintinesque issue du fameux épisode du Secret de la licorne, où Tintin, après avoir été enlevé, se retrouve dans la crypte du château des frères Loiseaux, et se conclue par un prologue en photo montage, où l'auteur nous avoue, là encore, "ne pas savoir où il se trouve lorsqu'il se réveille". Nous non plus. Et le jeune lecteur de 2046 pas plus, il faut le deviner.

Mais pour les amateurs de l'Américain Charles Burns, qu'ils se rassurent... on a bien à faire ici à un superbe album du créateur de Big baby et de El Borbah, qui n'a rien perdu de son imagination et de sa bizarrerie. Quant aux amateurs de Tintin que nous sommes, pour la plupart, depuis notre plus tendre enfance, nul doute que cette "relecture" très Lynchienne d'un univers à la fois si moderne (on en parle chaque année) et si classique pourtant dans sa forme, ne manquera pas de nous interpeller. Et ce, dès les pages de gardes bleues, chères aux anciens lecteurs, ou collectionneurs.

Les pages de garde de Vortex ©Cornelius/Charles Burns

C'est sans doute cela la grande force de cet ouvrage, plus que tout autre sur le même sujet : faire (re)vivre Tintin... sans Tintin. Mais en ne gardant au final que le principal, c'est à dire le rêve.


VortexCharles BurnsEd Cornélius, Nov 2016, 70 p. Cartonné, dos toilé jaune.
Voir d'autres images sur la page de présentation de l'album de l'éditeur.


(*) (Anti) héros issu de la série Toxic paru chez le même éditeur. (3 tomes de 2010 à 2014)

jeudi 15 décembre 2016

Pandora et Battaglia ?

Dans le deuxième numéro du très intéressant recueil d'histoires complètes et inédites "Pandora" (ed. Casterman Sept 2016), je retiendrai tout particulièrement les 7 pages de Franck Giroud et du jeune Andréa Cucchi, 23 ans, dont "le Portrait" possède bien des qualités.
La preciosité du dessin rappelle en effet étonnament le maître Dino Battaglia, rien que ça.  Le scénario quant à lui déroule un petit conte historique que n'aurait pas renié l'italien non plus. Ma che bella !