Les éditions Wetta, pardon Vestron, continuent d'offrir les publications liées à la licence du plus célèbre alien de la galaxie. Ce scénario abandonné possède de réels atouts.
Le vaisseau Sulaco, initialement à destination de la base Getaway, transportant les corps meurtris de Ripley, Hicks, Newt et Bishop, a dévié à cause d'une avarie vers la station Anchorpoint, en territoire de l'Union Populaire Progressiste. l'UPP l'a cependant interceptée juste avant, et trois marines sont montés à bord pour l'examiner. Mais l'avarie de navigation avait une raison et alors qu'ils découvrent dans le caisson d'ypersommeil un synthétique ravagé par une créature alien, l'un d'eux se fait attaquer. Le laissant à bord, les deux autres rejoignent vite leur navette et la base UPP avec la partie supérieure du robot Bishop, tandis que le vaisseau nécessitant une décontamination complète aborde Anchorpoint, base de la société Weyland-Yutani. Pendant ce temps, deux scientifiques de l'UPP viennent enquêter à Anchorpoint, avec pleins pouvoirs, afin de récupérer si possible le maximum d'éléments biologiques issus du Sulaco. Rossetti, responsable à bord, se doute que cet "accident" n'en est pas vraiment un, mais ne sait pas non plus à quel point leur station est le théâtre de recherches d'armes biologiques. Des enjeux stratégiques qui vont coûter cher...
Lorsqu’au début des années quatre-vingt dix, William Gibson, écrivain ayant participé à inventer le concept CyberPunk, reconnu pour ses romans Neuromancien, New Rose Hotel ou Johnny Mnemonic, est abordé par les producteurs de la licence Alien pour écrire un scénario original, il n'en a encore jamais rédigé. Fan de la série, et après avoir lu les scripts des deux précédents, il se met au travail avec passion, décidant d'en faire l'élément d'une trilogie, et ramenant Bishop, personnage qu'il avait apprécié, au devant de la scène. L'auteur réalise cependant assez vite qu'on l'a surtout embauché pour amener une touche cyber punk à la série et que son scénario, plutôt bien foutu, va être en fait complètement dilué dans d'autres scripts. Le troisième film sort, complètement différent, puis le quatrième et on entend plus jamais parler de ce scénario, jusqu'à ce que Dark Horse décide de l'utiliser pour ce one shot.
Alien 3 est un assez bon récit effectivement, avec un aspect Guerre froide entre deux puissances en présence, plutôt marquée et bien moins utilisée dans les autres films. Cela donne un ton très adulte, pour ne pas dire compliqué, car on a un peu de mal, en première lecture, à différencier les différents protagonistes. UPP, Anchor Point, Getaway, Sulaco, Rodina...autant de bases ou de vaisseaux entre lesquels on doit jongler pour se repérer. Si cela est plutôt habituel dans cette série de comics, le fait est encore plus marquant ici.
Passé cette légère problématique de lecture, et une fin aux dialogues un peu obscures, l'histoire est plutôt bien menée, avec une mise en images tout à fait percutante et fascinante. Le trait fin aux effets un peu "salis" de Johnnie Christmas, magnifié par les couleurs chaudes et agréables de Tamra Bonvillain renforce le charme global. L'utilisation du symptôme de virologie, montrant à plusieurs reprises des monstres mi humains-mi xénomorphes "déchirés", pas vu ailleurs que dans le prequel Fire and Stone, apporte un plus indéniable à ce scénario oublié, même si on a pu lui reprocher de ne pas utiliser davantage le personnage de Ripley, apparaissant très brièvement. Un bon petit Vestron, digne d'un roman SF de qualité, c'est à dire à l'aspect un peu moins divertissant que d'autres titres, qui complétera néanmoins avec goût votre collection de comics consacrés à la licence. 15 pages de couvertures et dessins encrés le complètent.
FG
Alien 3 le scénario abandonné, par William Gibson Johnnie Christmas
Éditions Vestron (17,85 €) - ISBN : 979-10-95656-25