Top.
>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> "L'Intuition m'a amené ici" (John Lennon) >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>Narration graphique, cinéma, musique, la vie, et ce genre de choses...
Pages
lundi 31 mai 2021
L'inspecteur Mc Cullehan vous embrasse bien (Du Rififi au Gougou bar)
Top.
dimanche 30 mai 2021
Comics VO alternatifs juin-octobre 2020 : The Question par Jeff Lemire, Locke and Key in Pale Battalions, The Osiris Path, Monstermen Hearth of Wrath et Dose !
The Question : the Deaths of Vic Sage, en quatre fascicules grand format est une incursion bienvenue de Jeff Lemire dans la série fantastico policière créée par Steve Ditko dans Blue Beetle en 1967. Celui-ci a été cependant remis en selle et popularisé par Dennis O Neil et Denys Cowan dans les années 1987-90 à l'aide d'un Run de 36 épisodes. Ici, il est aidé par le même dessinateur "original", et l'excellent Bill Sienkiewicz qui, auparavant aux couvertures assure ici magnifiquement l'encrage, ce qui apporte, en plus des couleurs exceptionnelles de Chris Sotomayor, une touche particulièrement accrocheuse à ce One Shot.
Le journaliste Vic Sage s'interroge sur les rêves étranges qui l'assaillent, le faisant "voyager" mentalement dans des décors
et époques passées. Dans sa ville Hub City originale, dans l'ouest sauvage de 1886, où une enfance lointaine a été traumatisée par une entité maléfique, mais aussi 1941, où en tant que privé, il assiste déjà à la montée de la corruption d'Hub City. Aujourd'hui, de nouvelles émeutes provoquées par des syndicats excédés alors que la mairie est vérolée, obligent Vic Sage à intervenir, en mobilisant ses différentes identités, en assumant son passé. Sa cible principale semble avoir mille visages, alors que lui n'en a pas, et le connait bien...
Ce très bon Run ravira les amateurs d'une série et d'un personnage très peu connu des lecteurs français, et dont une édition intégrale du cycle principal serait bienvenu, d'autant plus pour rendre hommage à Dennis O Neil, décédé en juin 2020. On parle ici de comics alternatif, mêlant fantastique et polar, au ton très adulte. Il semble que le lectorat hexagonal ne soit cependant encore pas très chaud, ce qui, avouons-le, est bien dommage, eut égard aux talents rassemblés sur cette histoire. Recommandé chaudement.
Ces Monstermen proviennent non pas des travaux de Gary Gianni, mais du vaste univers d'Edgar Rice Burroughs, riche à souhait, que cet éditeur propose de redécouvrir.
Pour faire très vite, et en résumant le prologue de ce comics, on est sur une île de Bornéo, en 1912, suivant le destin de Thownsed Harper Jr, fils d'un magnat du transport, sur les traces de la belle Virginia Maxon, fille d'un scientifique menant d'étranges et cruelles expériences sur cette île, élevant des hommes en secrets dans des cages, en faisant des monstres..
Un scénario bien dans l'esprit de l' "île du docteur Moreau", dont le style graphique du philippin Roy Martinez, habitué des récits de genre chez de petits éditeurs colle bien au genre horreur, tout en assumant un certain classissisme bien dans l'esprit début 20eme Burroughsien. Zombies like, ambiance moite et sombre, angoissante, personnages au charisme classieux, tout contribue à faire de ce Monstermen un bon premier épisode. Les couleurs de Periya Pillai ne font que confirmer cette impression. A découvrir.
The Osiris Path par Christian Moran, Corey Kalman et Brockton McKinney. Dessin par Walt Barna (Behemoth comics)
Le docteur Hancock est archéologue et a rejoint une mission secrète l'emmenant sur la lune. Lancée en novembre 1980, sa capsule va mettre trois jours avant d'être dirigée sur le satellite et rejoindre une base secrète basée sur sa face cachée. Une base créée en...1967. Sa mission : comprendre d'où provient la structure en pierre que ses prédécesseurs ont découvert. Un temple comportant des sortes de hiéroglyphes...Alors que l'équipe l'inspecte avec Hancock expliquant que d'autres structures similaires existent dans le système solaire, leurs agissements provoquent une réaction en chaîne d'auto défense et de destruction, les poussant à s'enfuir...
La suite de déroulera sur Mars..
Un bon premier épisode, à l'ambiance et aux aspects graphiques très savoureux, oeuvre de Walt Barna, dessinateur en plein essor, que l'on va voit très bientôt dans un nouveau titre chez Boom studios : "Dark Blood", même si jouant sur des codes déjà vus. Néanmoins, le suspens lié à ces structures d'apparence antique et ces "extraterrestres" belliqueux donnent sans conteste envie de lire la suite. Très belle couverture de Justin Greenwood.
> Une traduction française chez Hi comics un jour ?....
Un titre, une fois n'est pas coutume, commandé sur la foi de son sujet, sa couverture, et la méconnaissance totale de son équipe créatrice. On souhaite découvrir...ou pas !?
Dose, c'est un mix entre Blade Runner, le Festin nu et les Freak Brothers. L'histoire d'un loser toxico, Screw Worm, drogué aux amphétamines, accompagné par un robot volant domestique. Celui-ci évolue dans un monde où les batailles de super héros sont quotidiennes, et ou les infos en continue inondent chaque individu via des holographes. Pinky, une héroïne vient d'être tuée, et notre anti héros se met en quête de vérité, dans le milieu interlope...
Le dessin très fanzine de John Gebbia, en noir et blanc et trame à l'encrage onctueux, pouvant évoquer un peu Howard Cruze, emporte l'adhésion immédiatement. Le lettrage efficace complète l'intérêt, et l'histoire est suffisamment étrange, marrante et intriguante pour donner envie de lire le second tome de conclusion. Dose ! c'est le comics Underground de qualité typique, permettant de découvrir un duo de choc. Recommandé là aussi.
Nous sommes en 1914 et John "Jack" Locke pas encore majeur, vit retiré avec sa petite sœur Mary et ses deux parents dans la belle demeure de KeyHouse. Il n'a qu'une idée en tête : aller s'engager en Europe afin de rejoindre le combat pour la liberté. Son père cependant l'empêche d'accéder à ce qu'il cherche : les clefs les plus puissantes, enfermées dans une grotte dans les sous-sol de la maison. Un stratagème usé sur sa mère va cependant lui permette de réaliser son rêve, et le projeter dans les Flandres, en plein conflit.
La série Locke and Key, créée par Joe Hill et Gabriel Rodriguez, phénomène d'édition, best seller comics dans le monde entier, et objet d'une première saison TV sur Netflix en 2019, n'en finit pas de revenir, que ce soit sous la forme de nouvelles éditions (4 minimum en France, depuis les premières chez Milady en 2010), mais aussi grâce à des séries courtes ou parallèles, comme ici. Les auteurs ont révélé au Comics con 2019 de San Diego avoir élaboré un run appelé World War Key, qui s'étirerait sur 37 épisodes contenus dans 6 albums. Il ajoutait lors d'une interview : "Le passé ne disparaît jamais… et je pense que de nombreuses histoires de fantômes évoquent comment le passé continuent de traverser le présent. On visitera la guerre d’indépendance, la guerre civile, et la seconde guerre mondiale, afin de montrer comment ces évènements passés ont pu avoir des effets significatifs sur nos héros aujourd’hui. »
Une histoire en trois parties, celle-ci ayant été réalisée durant l'été 2020, et mettant en scène des personnages de l'âge d'or de la série.(1) Elle sert aussi d’introduction au crossover the Locke & Key/The Sandman "Hell & Gone", débuté en Février 2021 aux Etats -unis et présentant la clé d’enfer. (Récits qui seront détaillés ici bientôt).
On retrouve dans ce nouvel épisode toute la magie de la série principale, avec néanmoins une nouvelle ambiance, époque changeante. On découvre entre autre de nouvelles clefs, comme la Stamp Key, permettant de recevoir des courriers réels ou imaginaires, envoyés par, ou destinés à de célèbres personnages, et une famille sympathique. John, armé de ses clefs, dont la couronne permettant de voler, celles des ombres, ou celle du feu, va semer le trouble dans les rangs allemands. Cependant, dans le second chapitre, un événement tragique va apporter le désordre dans sa propre maison… Une oeuvre déjà culte qui bénéficie là d'un beau prequel. On a hâte de lire les suites prévues !
vendredi 28 mai 2021
The Plot : bienvenu à Vault chez Hi comics !
Vault comics, récente maison d'édition de comics alternatifs américaine trouve en Hi comics une terre d'asile pour ses publications en France. The Plot est une carte de visite horrifique dont ce premier tome met gravement l'eau à la bouche (avec jeu de mot). On a déjà eu l'occasion de dévoiler le "plot" (hé hé...) de cette histoire, lors d'une précédente chronique du tome 1 en VO. On rappellera juste que Chase Blaine, suite à l'assassinat brutal de son frère, ponte d'industrie pharmaceutique, et de sa belle sœur, regagne la maison d'enfance familiale chargé de ses deux neveux : MacKenzie, adolescente, et Zach, jeune garçon autiste. Cependant, une malédiction semble planer sur la maison, et les marais alentours cachent un terrible mystère. Le retour de ce fils Blaine n'est d'ailleurs pas du goût des autorités locales... Qu'est-ce qui suinte au cœur de la maison, et essaie d'isoler ses occupants pour mieux s'en emparer ?...
Tim Daniel et Michael Moreci choisissent de planter le décor de ce premier tome, rassemblant les quatre premiers épisodes, en 1974. On imagine bien que des explications vont devoir être données sur l'origine de ce que l'on appellera un domaine hanté. Il y a donc fort à parier qu'un bond en arrière va nous être proposé prochainement. Le père et le grand père Blaine, tout comme le frère tué sauvagement par une créature difforme et monstrueuse, avaient en effet en commun un sentiment fort d'empathie et une devise : "pour recevoir il faut donner", rappelée comme un mantra par les descendants. Cependant, on se doute un peu que tout cela provient d'une vieille expérience qui a pu être malheureuse, sans doute à l'origine de cette terrible ambiance glauque planant tout autour de cette maison de type victorien. On ferme ce premier tome avec le sentiment mitigé de tenir là une œuvre "habitée", pour laquelle le dessin de Joshua Hixson, évoquant fortement le génial et récemment disparu Jon Paul Léon, tout en encrage (au feutre ?) épais et comme hésitant, et les couleurs douces de Jordan Boyd, contribuent dans une grande mesure au charme. Les réminiscences avec l'excellent Swamp Thing, des regrettés Berni Wrightson et Len Wein, sont aussi évidentes, au moins lors des apparitions du "monstre, et dans l'ambiance générale.
La galerie de couvertures, dont les alternatives, présentées en fin d’album, de toute beauté, participent en tous cas à attester que l’on tient là l’un des album d’horreur les plus prometteurs du moment. Quoi qu’il en soit, c’est un nouveau titre méritant le détour, chez un label : Hi comics, gage de qualité devenu désormais incontournable.
FG
The plot 1974 par Tim Daniel, Michael Moreci et Joshua Hixson
Éditions Hi comics (17,90€) - EAN : 9782378871253
lundi 24 mai 2021
Minneapolis : capitale du funk
Minneapolis, fin des années 70 : Theresa, jeune femme noire issue d'une fratrie baignée dans la musique par leur papa, rêve de réussir dans ce milieu. Écrivant et jouant de la guitare autant qu'elle peu, elle a une illumination lorsqu'elle assiste en 1981 à un concert de Prince, pas encore la légende qu'il va devenir mais déjà une star dans son état. Ultra motivée, même si être une jeune black musicienne n'est pas la panacée dans cet état, Theresa va créer son propre groupe : Starchild, et goûter à la dure progression vers la notoriété. Ses passages auprès de son idole, ainsi que les opportunités liées, changeront à jamais sa vie.
Lorsque Prince Roger Nelson débute sa carrière publique en 1978, il
parvient à mettre en lumière sa ville Minneapolis. Et quand bien même
c'est son album 1999 paru en 1982 qui le propulsera définitivement vers
son statut culte, il va influencer une flopée de groupes, qu'il aidera
pour certain à sortir du lot.
Joseph Illidge, éditeur exécutif de la
revue Heavy Metal et Hannibal Tabu, éditeur pour le site Bleeding Cool,
aidés par l'artiste Meredith Laxton et la coloriste Tan Shu, se sont
proposés de raconter l'influence du kid de Minneapolis. En suivant le
destin du groupe fictionnel Starchild, assez représentatif de ce qui a
pu se faire à l'époque en mix de funk et RnB, influencé entre autre par
Parliament, les scénaristes prennent le parti de raconter cette histoire
de manière un peu détournée, et en tous cas sous l'angle même de cette
omniprésence, d'où la silhouette de la couverture, réalisée par Jen
Bartel. On pourrait lui préférer la version américaine, mettant en scène
Starchild en arrière plan, version que l'on retrouve d'ailleurs dans
une galerie en fin d'ouvrage, accompagnée d'autres dessins rejetés et
des notes de Josh Jackson et Fabrice Sapolsky, car l'artiste Love Symbol
ne fait finalement que sous-tendre ce récit initiatique.
Cela dit, ce
peu est déjà énorme et explique au final assez bien comment Prince a
laissé une empreinte indélébile au cœur de Minneapolis et de la musique
rock-Funk en général. Bien vu donc, même si un petit peu frustrant,
puisque les caractères des protagonistes fictionnels ne sont pas
vraiment non plus développés au niveau qui aurait été nécessaire. Mais...ne faut-il pas trouver sa propre voie ?
FG
Minneapolis capitale du funk par Joe Illidge, Hannibal Tabu et Meredith Laxton.
Éditions Humanoïdes associés (17,95 €) - EAN : 9782731679731
samedi 1 mai 2021
Un peu de recul, vous dis-je, pour apprécier ce beau Panorama ! Michel Fiffe dépote chez Delirium.
Compliqué de dire pourquoi on aime un récit ou pas, une bande dessinée, un comics. Celui-ci aurait pu être édité dans les années quatre-vingt, tant il lui en emprunte le style graphique, noir et blanc, nerveux, underground, et que son récit de même semble tout droit issu d’un film de David Cronenberg ou d’un Lynch inédit, première période. Là, au sein de cette histoire d’un jeune couple qui s’est éloigné l’un de l’autre à cause de soucis de difformité monstrueuse se produisant de manière accidentelle, les empêchant de vivre normalement, le lecteur va être témoin de retrouvailles, de tensions et enfin d’une union surnaturelle.
Michel Fiffe est un
auteur américain, quadragénaire, qui n’avait jusque là jamais
été publié en français. Les éditions Delirium, fortes
aujourd’hui d’un catalogue exceptionnel, fait de rééditions
enrichies éditorialement de classiques peu connus des comics anglosaxons, anglais mais aussi américains, avec une prédilection pour
les années 70-80, propose ce trésor plus moderne, daté juin 2020
et paru chez Dark Horse. Panorama est l’œuvre la plus
récente de l’auteur, publiant habituellement chez des éditeurs
plutôt « super héros », bien qu’il ait été
mondialement remarqué avec sa série Copra, chez l’éditeur
alternatif Bergen Press en 2014. Celle-ci sera d’ailleurs très
bientôt proposée par Delirium.
Lire Panorama, c’est vivre
une expérience émotionnelle forte, tant le récit surprend à la
fois par sa liberté de ton, plongeant vite dans l’horreur, le gore
même dés les premières planches, et poussant le lecteur dans ses
retranchements. William Burroughs et son Festin nu ne sont pas loin,
d’autant plus que l’on pense à une expérience vécue, tant le
récit appelle une réflexion en urgence à la toute fin. Il s’agit
sans doute de l’essai psychologique le plus dément qu’il m’ait
été proposé de lire sous forme de bande dessinée, ce qui en soit, est
déjà exceptionnel. Le dessin de Michel Fiffe fait de noir et blanc
hachurés, mais aussi de belles formes géométriques anguleuses où
le pinceau taille des noirs et blancs magnifiques pour qui aime le
dessin, ravira de plus les pupilles averties.
Pour peu que l’on
soit amateur de film d’horreur, de fantastique, que l’on aime
l’art moderne, ou que tout simplement on apprécie les œuvres
personnelles fortes, alors, ce comics passionnera. C’est une œuvre
amenée à être culte, et d’ailleurs... elle l’est déjà, très
certainement.
FG
Panorama de Michel Fiffe
Éditions Delirium (20€) - ISBN : 979-10-90916-84-5