Je suis un amateur de BD indépendantes, et aussi beaucoup de ce que l'on appelle des romans graphiques.
Des gens comme Daniel Clowes ou Charles Burns me touchent. Graig Thompson, Seth, Chris Ware, les frères Hernandez, Debbie Dreshler...et j'en passe bien sûr, aussi.
Ce qui m'amène à Lucille, un des très rare roman graphique français (et là, le terme de Roman Graphique n'est pas usurpé) qui rappelle avec autant de force les ambiances ressenties à la lecture d'auteurs US singuliers comme ceux sus-cités.
Sauf que pour ces américains, on parlait de style européen, aussi, dans ce cas-là, où faut-il se situer ?...
Il y a quelque temps sur un autre blog j'avais signalé la parution de ce bouquin chez les nouvelles éditions Futuropolis. J'émettais alors les plus belles perspectives sur ce gros pavé de 534 pages cartonné réalisé par un jeune dessinateur talentueux auparavant remarqué sur "Céfalus" et un beau livre illustré paru chez l'an 2.
"Mes ailes d'homme" tenait cependant plus du livre d'artiste.
Ludovic Debeurme est donc revenu cette fois avec une vraie histoire (entendez : plus longue). Un roman graphique où l'on retrouve son dessin minimaliste mis en scène par chapitres dans un récit qui sentirait bon l'autobiographie si le héros n'était pas une fille.
Aborder le problème de l'anorexie sous couvert d'une histoire d'amour traitée sous la forme d'un journal intime n'était pas chose aisée, et pourtant l'auteur y parvient avec brio, nous emportant progressivement pour ne plus nous lâcher. D'ailleurs la déception est assez grande en arrivant au bout de s'apercevoir que le récit n'est qu'un premier chapitre.
Ludovic Debeurme fait partie de ces auteurs (rares) qui étonnent tant ils ont la capacité de nous faire croire un instant qu'il existerait des dessinateurs peu talentueux capables de réaliser des histoires de cette longueur... alors qu'il faut énormément de talent bien sûr pour y parvenir.
Le rendez-vous est donc pris pour la suite de Lucille (et Dimitri), et l'impatience est grande...
Un beau et très grand roman graphique !
Voleurs de chien. Artur laperla (Paquet)
Voleurs de chien m'a d'abord interpellé par sa couverture et son format. Grand album cartonné avec ce petit chien noir et blanc coiffé d'un chapeau de cowboy.... C'était suffisamment curieux pour provoquer l'intérêt. Je ne connaissais pas l'auteur mais dés l'ouverture de l'album le style ligne claire bien rond et gras et les personnages un peu déjantés m'ont rappelés au souvenir de Burns, Lapone, et surtout au style cinématographique polar de gens comme Tarentino.
Cette histoire d'un kidnapping de chien de riche par deux losers est traitée avec talent et beaucoup d'humour par un jeune auteur qui mérite d'être surveillé de près.
Le roi des mouches., de Pirus/Mezzo (Albin Michel) est le premier album couleur des acolytes associés. On avait pu déjà remarquer et apprécier ces deux auteurs dans des récits noir et blanc bien sombre publiés chez Delcourt et rappelant les aventures d'El Borba de Burns, mais dire que ceux-ci n'avaient pas deffrayés la chronique est un euphémisme.
Ce grand album cartonné et sa publication chez un autre éditeur (prépublié dans l'Echo des savanes) doit donc être pris comme une tentative de faire d'avantage sortir ces auteurs de l'ombre, et je n'y verrais pas d'inconvénient si cette présentation ne se trouvait en fin de compte à l'extrême opposée du style du récit. Car le roi des mouches dés la première page dégage un parfum très fort de bd alternative trash typique du début des années 80 ... La similitude avec des oeuvres d'artistes comme Burns ou au Clowes "d'un gant de velours..." n'est d'ailleurs pas cachée, mais plutôt assumée comme une sorte d' hommage. Sauf que la présentation choisie içi est immonde et tombe des mains. On aurait préféré un roman graphique broché et à la couverture moins criarde. (aaah le métier d'éditeur !...)
Mais ne nous trompons pas, le récit (là encore prévu en deux tomes) est un régal et le Roi des mouches une parfaite réussite scénaristique, de dialogue et graphique. Seul l'éditeur a fait fausse route dans son choix de maquette à mon humble avis, et c'est là tout le paradoxe de cet album...
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