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vendredi 15 août 2008

Calcutta, Douze raisons de l'aimer, Un rire dans la nuit

Calcutta
Sarnath Banerjee

Denoel Graphic 2007

Originellement publié par Pinguin books india, on peut situer ce roman graphique dans la lignée d’autres oeuvres exigeantes telles le Juif de New York de Ben Katchor, Persepolis de Satrapi, ou d’autres grands récits comme Un monde de différence (Howard Cruze) ou bien encore Palestine de Joe Sacco.

Le lien unissant ces différents ouvrages provient de leur force et leur capacité à raconter en témoignant, mais aussi à mélanger petite et grande histoire.
Ici, comme son nom l’indique, celle-ci, complexe, nous emmène en Inde et déroule avec brio tout un pan de la culture historique du pays depuis le seizième siècle, en la reliant au passage à une énigme personnelle presque policière, basée sur la quête d’un livre mythique “les tribulations du chat huant”, par un jeune indien de 24 ans.

Trois époques se télescopent donc joyeusement via des allers-retours dans le XVIeme, les années 50 et 2007.

Sarnat Banerjee, dont c’est le premier livre publié en France a cependant écrit précédemment un autre ouvrage : Corridor qui a été considéré comme le premier graphic novel indien.
Son style graphique oscillant effectivement entre manga (pour reprendre les mots de l’éditeur) et roman graphique plus “européen” associé à une narration irréprochable maintient auprès du lecteur, tout au long des 286 pages en noir et blanc, (avec certaines pages ou cases couleur et photos) une qualité d’attention remarquable.

Cette intransigeance et cette qualité artistiques sont la marque des grands, c’est pourquoi on aura à coeur de rapprocher son travail du chef-d’oeuvre de Ben Katchor cité précédemment.

...Une référence dans le domaine du roman graphique adulte, à découvrir absolument.


Un rire dans la nuit
Richard Sala
Vertige graphic 2006

Un rire dans la nuit” fait partie du bon catalogue Vertige graphic dont la recette, rappelons-le est souvent le mix réussi entre choix et traduction de romans graphiques empruntés à certains des meilleurs éditeurs indépendants américains ou italiens.
Ici, en l’occurrence c’est à Fantagraphics que l’on a à faire, donc un gage de qualité supplémentaire.
Et même si Richard Sala, l’auteur californien reste encore peu connu du public français, c’est avec grand plaisir qu’on découvre son dessin très personnel et envoûtant, associé à un scénario plutôt bien ficelé.

En effet, de thématiques qui auraient pu paraître surfaites et déjà exploitées mille fois : Le vampire, la maison hantée, la confrérie de brigands, la voleuse en collants, le serial killer, l’amulette diabolique... l’auteur tire de ce tout et avec une grande facilité une histoire cousue... avec de la chair humaine !

En écrivant ces lignes, des images de la Ligue des gentlemen extraordinaires me remontent à l’esprit. L’ambiance évoquée içi peut rappeller en effet le classique d’Alan Moore. Mais on pensera aussi beaucoup à Charles Burns pour la galerie de personnages glauques assez typés, même si le trait anguleux et plutôt enfantin de Sala restera sa meilleure carte de visite.*
A ce propos, la couverture au couleurs vives rouge et verte, associée à une iconographie peu banale pour une roman adulte fait qu’ ”Un rire dans la nuit” pourrait justement passer pour un album jeunesse et détourner certains lecteurs.
Qu’on ne se laisse donc pas abuser : mêlant virtuosité scénaristique à un humour second degré plutôt bien sentit, ce conte gothique en noir et blanc de 182 pages, sortit de nulle part est un petit bonheur qui ravira les amateurs.
...Une très bonne surprise.

(*) 14 pages en fin de volume proposent une galerie des personnages principaux traitée dans un style carte à gratter du meilleur effet. Un petit bonus bien agréable.


Douze raisons de l’aimer
12 reasons why I love her
Jamie S Rich & Koelle Jones
13 Etrange 2007

Douze raisons de l’aimer est un de ces romans graphiques sentimentaux et verbeux dont on a peu l’habitude en France. Peut-être quelques récits de JC Denis ou les historiettes de Cailleaux chez le même éditeur ont déjà pu donner une impression similaire. C’est cependant vers les états unis et la Corée qu’on se tournera afin d’y trouver le plus de références.
High fidelity” de Nick Hornby pour la trame générale des chapitres amoureux entrecoupés de titres de love songs pop, ou les films de Hong Sang Soo pour le romantisme exacerbé, par exemple
Evidemment, ici le verbe est roi et les dialogues entre nos deux amoureux : Gwen et Ewan peuvent faire naître assez rapidement un sentiment de lassitude. Leur histoire n’est pas la nôtre et le caractère du jeune homme est d’ailleurs si peu engageant parfois qu’on se demande comment il fait pour garder auprès de lui une si gentille demoiselle.
Les chapitres semblent aussi se ressembler mais chacun apporte en fait un détail supplémentaire quant à l’évocation de la psychique de chaque antagoniste.
On retiendra par contre l’aspect très réaliste de certaines scènes et l’observation précise des sentiments.

Le dessin noir et blanc, à la fois souple et vigoureux opère aussi un certain charme. C’est pourquoi “12 raisons de l’aimer” méritait d’être publié; même si on le recommandera plutôt aux amateurs féminins de récits sentimentaux ou aux lectrices de manga shonen (bien que le sexe ne soit pas présent.)

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