Vendredi 19 Sept 2008,
20 h :
Soirée d'ouverture de l'anniversaire des 20 ans de Canal Jazz à l' Espace Renoir, Roanne.
"Let's get lost" de Bruce Weber, et concert hommage à Chet Baker.
20 ans de Canal Jazz à Roanne , qu'est-ce que c'est ?
La réponse, l'assistance nombreuse, réunie dans la salle Pierre Etaix de l'Espace Renoir, cinéma d'art et d'essai, a pu l'entendre évoquée par Blandine Sallansonnet, présidente de cette association montée par des passionnés en 1988.
D'abord basée sur le port, comme d'autres associations musicales locales à l'époque, à la Maison de la péniche, quai cdt Lherminier, elle a programmé de nombreux concerts et boeufs sur cette même péniche Prospérité.
Une époque "bénie", avant que cette même péniche, prenant l'eau, soit rapatriée vers Châlon sur Saône, presque dix ans plus tard, pour ne plus jamais revenir.
(Mais les concerts avaient cessés depuis déjà quelques temps sur le bateau.)
...Autre époque, qui aura vue entre temps Canal Jazz être reconnue, et rejoindre la "cour des grands" (dixit Blandine Sallansonnet), en intégrant la programmation officielle du TMR (Théatre municipal roannais).
Avec Papillon bleu, association d'amis crée seulement un an après elle, et programmant un peu plus de folk, de blues ou de "World", elles ont été toutes les deux jusqu'à l'orée des années deux mille les deux seules associations du roannais à vraiment proposer des concerts de musiques amplifiées de qualité , permettant de découvrir des grands noms pour pas très cher. (Ce qui, reconnaissons-le, n'est pas rien).
Blandine Sallansonnet remercie aussi ce soir Thierry Boré, directeur du TMR de 1981 à 1996. Ce n'est pas anodin, lui qui aura été un des meilleurs défenseur de ces musiques, et de la liberté d'expression en général à Roanne.
Citation de noms donc : Michel Barret, à l'origine de l'association, et trompettiste qui jouera ce soir, Alain Lachman, ...François Forestier, (qui lui ne joue pas ce soir, mais qu'on peut entendre souvent...),...et bien d'autres.
Remerciements aussi à l'Espace Renoir qui grâce à ce partenariat voit une salle quasi comble pour la projection d'un film qui sans cela n'aurait peut-être pas attiré autant de monde (où étaient les moins de 30 ans ce soir ?)
Enfin, projection de ce superbe film crépusculaire "Let's get lost", (tourné en 1987 et re-proposé en copie neuve) sur le retour mais surtout la déchéance d'un jazzmen, qui a eu la chance (lui) d'être filmé de son vivant (mais était-il encore bien vivant ?).
Chet Baker, magnifique non seulement dans les images d'archives, mais aussi en vieux loup solitaire, défoncé par l'héroïne et les mauvais mélanges, entouré par une bande de jeunes cats en soif de paternité (ou d'amour ?), et qui tâche , le plus dignement possible de répondre aux attentes de ses fans, qui n'espéraient pas le revoir un jour.
"Let's get lost", ou comment se perdre définitivement, subrepticement, à petit feu, après avoir succombé une dernière fois aux joies d'une virée en (belle) voiture, d'un tour d'autos tamponneuses, d'une balade sur la plage, ou d'une montée des marches à Cannes.
"Let's get lost", où le sentiment de n'être qu'un fantôme...
Blutch l'a superbement dessiné dans le Jazzman n°89 de Mars 2003*, quinze ans après sa disparition, et Michel Barret ce soir entre deux morceaux interprétés (plutôt bien) avec ses deux acolytes pianiste et Contrebassiste, nous le confirme, ayant assisté à son dernier concert parisien en 1988.
On regrettera seulement, à propos du concert présenté ce soir, que l'Espace Renoir ne soit définitivement pas adapté à la musique, et en tous cas pas à ce jazz, qui aurait mérité une acoustique moins mate, moins confinée, et donc plus d'écho... ne serait-ce que pour faire ressortir les sonorités nostalgiques et crépusculaires de la trompette de Chet.
On restera quand même sur une note positive... et on se remémorera la fin du film de Weber, plutôt joyeuse et très kitsch, où dans un extrait de film musical italien des années 60, ("Urlatori alla sbarra" ?, où joue Chet) des amoureux s'embrassent sous les arbres d'une petite clairière, en été, en s'échangeant des mots doux dans la langue de Dante.
"The touch of your lips"..
Bon anniversaire Canal Jazz. !
Le programme des 20 ans sur le site officiel.
Let's get lost : le site
*Frederik Peeters signait la couv de ce n° rendant hommage à Chet : Voir le site de Peeters.
Bonus : la chronique d'un grand concert Canal Jazz : David Linx en Janvier 2006 !
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