En 1921, ces bandes,
chroniquant, au départ, le quotidien de quelques amateurs
d'automobile dans leur allée de lotissement, va cependant prendre un
tournant important, en introduisant le personnage de Squeezix, bébé
abandonné devant le perron de Walt, un des protagonistes de la
série. (Voir le long article patrimonial de Gilles ratier sur BDzoom : http://bdzoom.com/146539/patrimoine/enfin-une-traduction-en-album-du-comic-strip-%c2%ab-gasoline-alley-%c2%bb/).
Depuis le 24 octobre 1920, la série bénéficie d'une planche dominicale, en couleur, qui a introduit un aspect beaucoup plus familial. Walt est le voisin gentil et tolérant du couple Bill et Amy, essayant d'élever leur enfant en bas âge. Il fait figure d'oncle, et ne va pas tarder, avec l'introduction dans son quotidien du petit Squeezix (jeune veau orphelin dans l'argot cowboy), à appréhender le rôle de père. La concurrence dans les journaux à l'époque était constituée des bandes « Bringing Up Father », (la famille Illico) « Winnie Winkler the Breadwinner » (Bicot), ou encore « Krazy Kat », et King devait trouver sa voie parmi eux. C'est dans ce contexte que son éditeur lui demande d'adapter ses strips à un lectorat plus féminin, en important un bébé, ce qui sera chose faite. Dès lors, les bandes vont prendre un tournant beaucoup plus poétique et humain, et construire la réputation de l'auteur, jusqu'à aujourd'hui.
Depuis le 24 octobre 1920, la série bénéficie d'une planche dominicale, en couleur, qui a introduit un aspect beaucoup plus familial. Walt est le voisin gentil et tolérant du couple Bill et Amy, essayant d'élever leur enfant en bas âge. Il fait figure d'oncle, et ne va pas tarder, avec l'introduction dans son quotidien du petit Squeezix (jeune veau orphelin dans l'argot cowboy), à appréhender le rôle de père. La concurrence dans les journaux à l'époque était constituée des bandes « Bringing Up Father », (la famille Illico) « Winnie Winkler the Breadwinner » (Bicot), ou encore « Krazy Kat », et King devait trouver sa voie parmi eux. C'est dans ce contexte que son éditeur lui demande d'adapter ses strips à un lectorat plus féminin, en important un bébé, ce qui sera chose faite. Dès lors, les bandes vont prendre un tournant beaucoup plus poétique et humain, et construire la réputation de l'auteur, jusqu'à aujourd'hui.
Contrairement
cependant aux bandes quotidiennes, beaucoup plus axées sur les
voisins et la famille, les Sunday Pages vont ne s'intéresser
principalement qu'à Walt et Squeezix.
C'est une sélection
de quatre-vingt d'entre elles, réalisées entre le 20 février 1921
et le 11 novembre 1934, qui nous sont présentées ici, dans toute la
splendeur de leur grand format couleur, et sur papier épais, pour la
première fois, même si, comme le signale Stéphane Beaujean signant
une belle introduction en parallèle de l'avant propos de Chris Ware,
grand fan de la série, à l'origine de cette exhumation, quelques
planches ont été publiées quasi simultanément en 1929 ou 1930
dans les périodiques français Benjamin ou Coeurs Vaillant , sous le
titre « Les aventures de Patatras et son oncle Pepito ».
Les aventures de Patatras (from http://www.topfferiana.fr/images/) |
Il est compliqué
d'analyser le bien fondé de la réédition de ces planches, tant le
statut de culte de ces strips colle à l'œuvre de Frank King. On a
pu, ici ou là, et dans certains forums (...) voir et lire des
commentaires de planches superbes, évoqués par des amateurs
éclairés. Il s'agissait plutôt de strips quotidiens, en noir et
blanc, et l'on se délectait de la complexité et de l'humanisme
prégnant d'une bande, qui fascinait autant par son propos peu
commun, que son esthétisme pur. C'est ce à quoi je m'attendais en
découvrant l'annonce de la parution du premier volume des éditions
2024.
Je dirais, pour être
tout à fait franc, que ce magnifique grand format a la qualité
de son défaut. Si l'on doit reconnaître un travail éditorial et
de maquette absolument remarquable, avec huit pages recontextualisant
le propos, et des planches couleur superbement imprimées permettant,
enfin, de découvrir en français, une partie de cette œuvre
classique, il est moins aisé d'être totalement convaincu par
celle-ci. Il faut en effet attendre 23 planches, et celle du 4
mars 1923, pour entrevoir une réelle interaction entre Walt,
l'adulte, et Squeezix, le bébé, grâce à l'arrivée des premiers
mots de ce dernier. Trois autres seront nécessaires pour aborder un
peu plus concrètement le langage, et permettent, enfin, non
seulement un humour véritable dans les dialogues, mais aussi une relation
augmentée entre les deux protagonistes. Il faut faire remarquer que Walt
et Squeezix est l'une des, sinon la première bande dessinée à
faire vieillir des personnages, et Walt, après la reprise de la série
au tournant des années 50, finira par mourir de sa belle mort en
1980. Pas étonnant donc que le temps soit un élément essentiel du récit.
Frank King aborde les thèmes (à la mode au début des années vingt, entre autre popularisés par Théodore Roosevelt), de la nature, du sport en campagne, et passe beaucoup de planches à philosopher sur le temps qui passe, les saisons, en abordant aussi beaucoup les coutumes et fêtes traditionnelles, dont Halloween. Cela donne de superbes moments contemplatifs et de réflexion naturaliste, qui font le sel de la série.
Frank King aborde les thèmes (à la mode au début des années vingt, entre autre popularisés par Théodore Roosevelt), de la nature, du sport en campagne, et passe beaucoup de planches à philosopher sur le temps qui passe, les saisons, en abordant aussi beaucoup les coutumes et fêtes traditionnelles, dont Halloween. Cela donne de superbes moments contemplatifs et de réflexion naturaliste, qui font le sel de la série.
Stéphane Beaujean
rappelle l'importante influence de Winsor Mc Cay et son « Little
Nemo » sur King, entre autre dans « Make Up Believe », bandes
préfigurant Gazoline Alley. Effectivement, de nombreuses
planches reprennent le thème du rêve, et du voyage onirique
fantastique, avec retour dans le lit. Ce ne sont pas les plus
intéressantes à cet égard, malheureusement, King possédant
réellement son propre univers, sa propre verve et poésie, et on
n'apprécie jamais ceux-ci autant que lorsque l'auteur laisse les
références de côté. Cela fonctionne à plein sur les pages datées
1926 à 1929, les meilleures d'après moi.
Dès le 25 août de
cette année d'ailleurs, un troisième protagoniste fait son entrée
en la personne de Corky, petit gamin accompagnant Squeezix, devenu
grand (une dizaine d'années à vue d'œil) et prenant, de fait, un
peu son rôle premier. On le revoit à huit reprises, avant que
d'autres enfants de l'âge de Squeezix ne fassent leur entrée
(Whimpy et Trixie), de manière aussi abrupte que Corky, et la poésie
simple qui était au cœur du strip dominical, passe à quelque chose
de beaucoup plus « commun », faisant d'ailleurs un peu penser à
Quick et Flupke, (des enfants jouant ensemble) et donc s'éloignant
quelque peu de l'originalité typique américaine des débuts.
Ce qui ressort néanmoins de plus compliqué dans cette compilation, reste l'incongruité de la suite de planches n'ayant pas grand chose à voir les unes avec les autres, pour un lecteur n'ayant aucune connaissance du reste de la série entre deux dimanches. Les personnages vieillissent sans nous, sur une durée d'une semaine, voire davantage (nous faisons face ici, rappelons-le, à une sélection) et de nouveaux protagonistes, issus très certainement des bandes quotidiennes, débarquent ici comme par magie, comme un cheveu sur la soupe, pourrait-on dire. Cela frustre quelque peu et fait regretter ce choix de compilation de planches couleur uniquement. Mais ne boudons pas notre plaisir...
Ce qui ressort néanmoins de plus compliqué dans cette compilation, reste l'incongruité de la suite de planches n'ayant pas grand chose à voir les unes avec les autres, pour un lecteur n'ayant aucune connaissance du reste de la série entre deux dimanches. Les personnages vieillissent sans nous, sur une durée d'une semaine, voire davantage (nous faisons face ici, rappelons-le, à une sélection) et de nouveaux protagonistes, issus très certainement des bandes quotidiennes, débarquent ici comme par magie, comme un cheveu sur la soupe, pourrait-on dire. Cela frustre quelque peu et fait regretter ce choix de compilation de planches couleur uniquement. Mais ne boudons pas notre plaisir...
Puisque l'on est
dans la cuisine, avouons qu'il n'est pas poli de cracher dans la
soupe, et qu'il est cependant bienheureux que l'on puisse se réjouir
d'une telle publication patrimoniale, bien goûteuse par ailleurs. Je
reste cependant dans l'attente, comme d'autres amateurs j'imagine, de
la publication de bandes quotidiennes de Gasoline Alley.
Achetez donc ce
premier superbe recueil d'une oeuvre patrimoniale culte, à la maquette particulièrement soignée, et contribuez ainsi à mettre un peu de gasoil, afin
que les éditions 2024 aillent plus loin, et nous offrent le
complément.
Alley, encore un
effort !
Franck GUIGUE
« Walt &
Skeezix » par Frank King
Éditions 2024 (35€)
- ISBN : 978-2-919242-60-3
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