Comment mieux débuter l'année 2020 qu'avec un article patrimonial, sur un sujet me tenant particulièrement à coeur, depuis très longtemps.
Dany
(Danielle)
Mourain
(Lacouture),
née
le 15 octobre 1945,
est une
illustratrice
dessinatrice
dont on trouve la trace aujourd’hui sur le web quasiment
uniquement
sur Bedetheque grâce à la série « Yann le migrateur », scénarisé
par Robert Génin, et dessinée par Claude Lacroix sur les cinq tome
parus en album chez Fleurus, entre octobre 1978 et mars 1983. En
effet, si
elle
est
créditée
(au moins sur le tome 2) pour
la colorisation,
elle
en
était cependant
déjà
responsable
sur «
la Planète aux illusions » en avril 1978, dans la revue Formule 1
ayant pré
publié
l’histoire. Néanmoins,
Dany Mourain n’est pas que coloriste, mais
a été l’auteure
de planches entières, dont on trouve la trace à la fois dans la
revue Casimir
(1),
mais
aussi et surtout dans la revue Formule
1.
Issue
de
l’école supérieure des arts appliqués
de
Roubaix, dont elle sort diplômée en 1963, elle enchaine ensuite
avec des travaux en entreprise dans
sa région,
où elle officie comme designer, avant de rejoindre, de
1972 à 1973, la
société parisienne Maintenon Film, entre autre connue pour ses
séries « Saturnin », « Quentin
Durward »...etc. C’est
à cette époque qu’elle commence à publier dans la
revue catholique
Djin,
plutôt
réservée aux filles, des
éditions Fleurus. Formule
1 est l’autre revue de l’éditeur, et c’est dans celle-ci
qu’elle assure la colorisation de la série de Robert Génin :
« Yann le migrateur », dés 1976. Elle
assurera tous les épisodes.
Extraits de l'entretien réalisé avec Dany Mourain le jeudi 02 avril :
"Merci d’avoir aimé mes BD si imparfaites avec le recul. J’ai commencé chez Fleurus par hasard en participant à un concours... que je n’ai pas gagné mais qui m’a permis d’avoir des commandes pour ces journaux (Dijn et Formule 1). C’est Pierre Marin le rédacteur en chef de l’époque qui m’a mis en contact avec Robert Genin."
En 1977, elle apparaît cependant dans le numéro 50, hors « Yann le migrateur », pour deux pages et demi en couleur, sur scénario de Michel Daubert. Une scénette assez étrange : « Lavis en rosse », se moquant des rédacteurs de l’équipe, et préfigurant ce qui allait arriver ensuite.
En effet, dans le numéro 2 de la même revue, année 1978, une nouvelle série fait son apparition : « Les Contes de Wild Loch ». Scénario de Robert Génin (encore lui), et dessin cette fois-ci de Dany Mourain. Le style de l’artiste est très reconnaissable, et cette série fantastique, baignée d’étrange, va donner une identité et un éclairage à la dessinatrice, comme jamais. Malheureusement, aucun album ne sera jamais publié, laissant aux oubliettes du temps cette série pourtant unique, et marquante.
11
histoires indépendantes de
cinq pages chacune vont
être publiées durant toute l’année 1978,
et
et cinq l’année suivante, soit
80
pages (plus les 2 et
demi
de la première histoire). Une manne, permettant de se dire que
matière il y aurait eu pour imprimer un album entier.
Je vous propose de détailler les titres
de chaque épisode,
avec leur date de parution, ainsi que le synopsis
de la
première,
afin de se faire une idée de l’ambiance vraiment intéressante et
oppressante
de cette série, qui m’a personnellement marquée
étant enfant. On pourrait aujourd’hui associer celle-ci à un
mélange entre certains
récits de «
La quatrième dimension » et de
« L’île
aux trente cercueils », mais plus sûrement Robert Génin - déjà
l’auteur à l’époque de « Yann le migrateur », série
mettant
profondément en valeur l’aspect étrange de la science-fiction
proposée - avait
semble t-il un faible pour les récits fantastiques
du début du siècle dernier, tout simplement, que ce soient ceux
de
Maurice Leblanc, ou
encore
d’Alexandre Dumas. Le
fait de situer son premier récit dans un pub écossais affirme aussi
son désir de teinter la chose d’une ambiance
« brumeuse ».
«
J’étais
venu dans le petit port écossais de Wild Loch, poussé par je ne
sais quelle intuition… mais allez savoir ce que cachent les
intuitions ! »
Voilà
comment commence le premier récit, mettant en scène Paul Genièvre,
touriste français repérant une statuette d’ivoire sans
tête dans
la devanture d’une boutique d’antiquité. Demandant
à l’acheter au vieil antiquaire, celui-ci lui en fait cadeau, lui
confirmant
qu’elle n’est faite que pour lui, mais le mettant tout de même
en garde. Paul, après être à son hôtel, et alors qu’il a
recollé l’objet, est agressé par un homme barbu d’âge mur, en
kilt, cherchant à se débarrasser
de la statuette. Celle-ci tombe, se casse, et l’homme
tombe aussi, mort, en prenant alors l’apparence du vieil
antiquaire.
Le français
retourne hébété à la boutique en courant, et tombe sur l’homme
en kilt, bien vivant, qui ne comprend rien à ses dires. Seul la
photo sur un vieux grimoire exposé
en boutique,
représentant Baphomet, le sorcier lié à la statuette, et
ressemblant trait pour trait au vieil antiquaire, attire
son regard et
l’interroge.
Retournant incrédule à sa chambre d’hôtel, nulle
trace
de la statuette,
ni du cadavre ne
subsistent…
Ce
premier récit donne le ton de ce qui va suivre, et l’on comprend
dés lors que le fantastique est bien le maître mot de la série en
devenir. Partant d’une fait anodin, l’étrangeté et l’irréel
vont apparaître, donnant du fil à retordre au protagoniste en
présence.
Une
sorte de quatrième dimension, à la sauce Allan Poe, vu l’époque
dessinée, qui pourrait correspondre. Le dessin de Dany Mourain, à
première vue, n’est pas des plus élégants. Si l’on regarde de
près la première case, son trottoir semble avoir été dessiné par
un amateur, et la perspective est hasardeuse. Son encrage, laisse
aussi à désirer, puisque seuls quelques zones semblent avoir été
appuyées au feutre fin, tandis que le reste des cases est colorié
avec ce qui semble être du crayon de couleur. Cela donne néanmoins
un style très étrange, participant à l‘ambiance éthérée et
mystérieuse de l’histoire. De fait, à chaque numéro, jeune
lecteur, je guettais le prochain épisode. Le style évoluera un
petit peu et assez rapidement, accentuant l’encrage.
Dany Mourain : "J’avais déjà oublié une partie de tous ces détails. A cette époque l’essor de la BD adulte et le déclin de la BD jeunesse ont donné un tournant différent à ma vie. J’ai ensuite beaucoup travaillé pour l’édition scolaire maternelle et primaire en illustration puis en maquette (ce que je fais toujours). L’illustration est devenu pour moi une occupation personnelle (donc non rémunérée !) et la découverte des outils numériques m’enthousiasme. J’illustre des petites rubriques sur Facebook.
Quelques précisions techniques : à l’époque je faisais mes BD directement aux feutres de couleur sur du papier bristol ce qui donnait ce tramé, et sur des très grands formats. Ensuite, pour des raisons économiques les journaux ont voulu des formats réels et en noir et blancs ; on colorisait sur des « bleus » donc une technique totalement différente qui a mis à mal le style que j’avais à l’époque. C’est un très grand plaisir de reparler de tout ça". (Entretiens du 02 avril 2020 Ndla)
Détail
des épisodes :
N ° 7 Les contes de Wild Loch 2 : Le retour du Flying Arrow
N11
Lcdwl 3
:
La Fille de la mer
N17
Lcdwl 4
:
Le visage inachevé
N21
Lcdwl
5
:
Le visiteur
N24
Lcdwl
6
:
Le
poids d'une ombre
N28
Lcdwl
7
:
La
fée des Moorlands
N31
Lcdwl 8
:
La
Main
N37
Lcdwl
9
:
Le
vaisseau fantôme
N41
Lcdwl 10 : Kitty
C’est
l’anniversaire des cinquante ans de Coeurs Vaillants, et la
revue arbore fièrement ce « sous titre » désormais, et
ce durant toute l’année. Au numéro 40 (du 03 au 09 octobre), 16
pages en cahier placées à l’intérieur, pliées, font leur
apparition, reproduisant des séries anciennes ayant fait la gloire
de la vieille revue. On retrouve, dans la partie normale, Dany Mourain et sa série dés le
numéro 1, et la couverture, avec une vignette, mais les épisodes
vont s’espacer, puis disparaître. La série est alors placée,
comme à son habitude, en avant-dernière, avant Jane Holme, à ce
moment-là.
manque # 3,4,5 (y a t-il eu des épisodes?)
#6
Lcdwl 13 ? : Le Talisman
#10
Lcdwl 14 ? : Le Tableau (+ couverture)
#20
Lcdwl 15 ? : To Be or not to Be
#35
Lcdwl 16 ? : Les Trois jeunes filles
Maj du 23 décembre 2020 : Dany Mourain elle-même me livre la liste des épisodes manquants suivants, avec leur date de livraison au journal (reste à remettre la main sur les numéros, cela viendra) :
- Lcdwl 17 ; 10/08/1979 : L'experience de lord Kartfield
Maj du 23 décembre 2020 : Dany Mourain elle-même me livre la liste des épisodes manquants suivants, avec leur date de livraison au journal (reste à remettre la main sur les numéros, cela viendra) :
- Lcdwl 17 ; 10/08/1979 : L'experience de lord Kartfield
- Lcdwl 18 ;17/09/79 : La Poupée
- Lcdwl 19 ; 14/11/79 : La Pierre philosophale
- Lcdwl 19 ; 14/11/79 : La Pierre philosophale
- Lcdwl 20 ; 03/12/79 : L'île des fantômes
- Lcdwl 21 ; 14/01/1980 : l'Affiche
- Lcdwl 22 ; 14/01 : Des bulles dans un aquarium
Sauf manque et erreur, aucun portrait ni annonce ne sera venu présenter la dessinatrice, comme cela a pu être le cas à certaines occasions, et la série, ainsi que son auteure, disparaissent des colonnes du journal, définitivement.
Dany
Mourain fait partie de ces dessinateurs oubliés du monde de la BD,
qui ont ravi des milliers de lecteurs dans les années soixante-dix,
mais n’ont pas atteint un public plus large que celui de cette revue.
Peut-être qu’un projet d’édition de ces récits fantastiques
(au Coffre à BD ?) permettrait de lui rendre l’hommage qu’elle
mérite. Je suis partant. Merci à elle, en tous cas, pour sa gentillesse et sa passion.
Franck GUIGUE
Franck GUIGUE
(1)
Casimir :
De 1976 à 1982, le personnage télévisé de Casimir vit des aventures en bandes dessinées dans Le Journal de Casimir de l'Île aux Enfants (TF1 Telecip Belokapi, apparemment 45 numéros d’après mes recherches). En 1979, parmi les dessinateurs « maison », dont Anne Hofer, Dany Mourain propose quelques planches. On la trouve entre autre dans les numéros 42 (Casimir le monstre gentil ! , une histoire complète en 4 planches couleurs. Scénario : Gérard Camoin, encrage et couleur : Dany Mourain, mais aussi dans le numéro 44 (épisode : Casimir aux sports d’hiver, 4 pl. couleur). Attention, cette revue est à ne pas confondre avec l’autre titre « le Journal de Casimir » (Dynamisme Presse, maison d’édition ayant exercée de 1975 à 1984).
De 1976 à 1982, le personnage télévisé de Casimir vit des aventures en bandes dessinées dans Le Journal de Casimir de l'Île aux Enfants (TF1 Telecip Belokapi, apparemment 45 numéros d’après mes recherches). En 1979, parmi les dessinateurs « maison », dont Anne Hofer, Dany Mourain propose quelques planches. On la trouve entre autre dans les numéros 42 (Casimir le monstre gentil ! , une histoire complète en 4 planches couleurs. Scénario : Gérard Camoin, encrage et couleur : Dany Mourain, mais aussi dans le numéro 44 (épisode : Casimir aux sports d’hiver, 4 pl. couleur). Attention, cette revue est à ne pas confondre avec l’autre titre « le Journal de Casimir » (Dynamisme Presse, maison d’édition ayant exercée de 1975 à 1984).
Planches du n° 43 ©Dany Mourain/Journal de Casimir 1979 |
Autres traces bibliographiques :
« Attrape-moi ! » (1990) Paris : Magnard , 1990
« Qui veut mes chapeaux ? » (1991) Paris : Magnard jeunesse : Mango , cop. 1991
« 3 R pour réussir » tome 38 et 39 - lecture de Dany Mourain, avec Catherine Vialles
(éditeur Vuibert, collection : 3R pour réussir (1994)
« Jean-Baptiste de la Salle » Dany Mourain, l'Atelier, 1993
Sources : Collection personnelle Formule 1, réseaux sociaux de l’auteur, et :
http://m-bd.over-blog.com/djinhttps://www.2dgalleries.com/art/casimir-histoire-en-4-planches-12698
https://www.criabd.eu/liste-des-bd-chretiennes-existantes/
https://data.bnf.fr/fr/11917077/dany_mourain/
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