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lundi 6 avril 2020

Mes Cases en stock 3 : Jonathan Cartland dyptique (tryptique?) de la rivière du vent

Jonathan Cartland dyptique (tryptique?) de la rivière du vent 1982-83


Les années quatre vingt ont été marquées par bien des albums étranges voire saugrenus, et l'on aura l'occasion d'y revenir. Toujours est il qu'en 1985, alors que déjà lecteur de la série Jonathan Cartland, découvert en 1978 dans la collection souple 16/22, et marqué par les tous premiers épisodes de ce western aux fortes connotations fantastiques, je me suis décidé à acheter le nouvel album : Silver Canyon, découvert dans Pilote mensuel et paru déjà deux ans plus tôt. Cependant, à l'époque, mino que j'étais, l'achat des BD était encore grandement lié aux seuls anniversaires et cadeaux de Noël.

 

Cette superbe couverture orange mettant en avant une ravissante femme en nuisette avait tout pour charmer l'adolescent que j'étais. J'avais déjà eu l'occasion d'être surpris, voire même choqué par le ton particulièrement engagé du binôme Laurence Harlé - Michel Blanc-Dumont dans le premier album, (avec la pendaison d'un indien, puis par la mort de Petit nuage, la femme Oglala de Cartland dans "Dernier convois pour l'Oregon", mais aussi les visages peints pour la guerre, effrayants, des différentes tribus, les coup de feu puissants et meurtriers des armes à feu, les scalps divers et la violente folie de certains hommes (rouges ou blancs). Tout cela m'avait  fait prendre conscience de l'originalité exacerbée de celle-ci, aussi étais-je attentif à la prochaine parution. Cependant, en achetant cet album, quelle ne fut pas ma surprise de constater que Silver Canyon n'avait pas du tout la tonalité de ces albums. (Je n'avais pas eu l'occasion de dénicher les deux précédents tomes en bibliothèque.)

Cet album en huis clôt pourrait-on dire, sorte de "Bijoux de la Castafiore" pour Harlé, m'apporta quand-même une sacré dose de surprise et de plaisir, de part son cadre : un cirque rocailleux perdu dans le désert, et sa trame : un flash back effectué à partir d'un bureau militaire, où Cartland doit répondre d'événements dramatiques s'étant déroulés quelques jours plus tôt, et où des gens ont été tués par balle. Une sorte d'enquête policière, mêlée à des souvenirs et une histoire d'amour (avec de belles scènes charnelles) entre Cartland et Emily. Cette très belle femme brune d'une bonne famille semblait sortir là comme d'un rêve, et d'ailleurs il planait sur l'ensemble de l'album une sorte de voile étrange, comme charié par le vent, ou une rivière... c'est à partir de cet album que je me suis donc décidé à acheter de manière systématique et rétroactive  l'ensemble des tomes manquant de la série. C'est là que j'ai découvert le dyptique "La rivière du vent" , avec 1) l'Indien Cheyenne "Honhuké" (contraire) Anskoninis, ayant capturé Cartland. Cet indien, ayant eu un jour une révélation, a décidé de vivre en faisant et disant tout à l'envers (on retrouvera cette étrangeté dans le film Little Big Man d'Athur Penn et dans l'album Quatre doigts de Milo Manara) et cette histoire étrange de construction d'un château perché dans un cirque rocheux, par un comte allemand : Wilhelm, pour son amie Cécilia. Une lubie quelque peu démente, avec barrage à la clef, détournant la rivière du vent, sacrée pour les tribus alentours, ayant comme but final de créer un lac artificiel au pied de la demeure bourgeoise. 

Cartland, qui avait au départ servi de guide chasseur a la troupe, passe l'essentiel du premier tome dans le village cheyenne, comme esclave, tandis que le second "Les Doigts du chaos", rajoute  un élément déclencheur en l'arrivée d'une bande de frères et soeur mormons, qu'une lettre, apportée par Cartland lors de sa fuite, trouvée sur le corps d'un jeune homme agonisant de la variole, lui ayant supplié de la transmettre, va mettre en branle. A la clef : une mine d'or...
Tout cela est bien compliqué me direz vous ? Peut-être. 
Cela pourra certainement, dès lors, vous faire prendre conscience de l'originalité de ce dyptique, de cette série en général, et de pourquoi, au final, j'ai associé longtemps ces deux tomes à Silver Canyon, qui reprenait assez bizarrement des thématiques et un décor proches, un an après seulement, en y ajoutant une relation amoureuse avec une belle jeune femme, comme si la blonde diaphane et malade Cécilia des deux précédents tomes n'avait fait que passer, tel un fantôme, (ou n'avait pas pris sur le papier argenté du canyon sus-cité ?), et n'avait contenté personne...
Beaucoup de finesse et d'émotions rendues possible par une écriture peu commune, due à une scénariste de talent, Laurence Harlé, disparue trop tôt, en 2005, à l'âge de 56 ans. 

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