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samedi 18 décembre 2021

L'odyssée d'Alix : un pilon sauvé (Mes cases en stock 9)

Quelle émotion de se replonger dans ce bel et très grand album. Il faut dire qu'il tient une place particulière dans mon cœur, depuis que, sauvé d'un pilon désastreux, il a pu rejoindre ma collection en 2005. Il s'agit de l'édition originale de 1987, dont j'avais admiré avec envie à l'époque la présentation dans le catalogue des éditions Casterman, aux côtés d'Avec Alix (1984), autre indispensable ouvrage des amateurs de la série phare de Jacques Martin.
Émotion, parce qu'il est difficile de rester insensible à ces lettres, écrites dans le style de celles bien réelles, arrivées jusqu'à nous par le biais de Pline ou de Cicéron et que beaucoup d'entre nous ont étudié au collège...

Jacques Martin, accompagné par Pierre Forni, est revenu sur les traces du jeune héros gallo-romain, imaginant des courriers qu'il aurait écrit, à différents destinataires, déroulant le fil de ses aventures passées. Il fallait y penser. Pierre Forni, historien, homme de lettre et connaisseur de la bande dessinée, lui qui a créé avec d'autres amateurs l'association Clovis, promouvant l'histoire et le médium, apporte un style - une poésie même, serait-on tenté de dire - à ces correspondances, leur insufflant une note mélancolique exquise. 

 

Nous sommes en 1987 et l'Empereur de Chine est l'un des deux derniers albums paru avec Vercingetorix. Laissant libre cours à ses pérégrinations mentales, et a une logique épistolaire, l'auteur déroule des échanges basés sur des épisodes vécus par Alix, lui permettant d'évoquer là des anecdotes, là des souvenirs d'amis chers, vivants ou disparus, quand ce n'est pas des amitiés contrariées, comme celle d'avec Karidal, devenu Vizir de Zur-Bakal, à qui Alix donne un conseil de bienveillance pour son peuple. Quant au souvenir d'Appolonia, cette citée perdue où lui et Enak avaient été fait prisonniers dans l'épisode le Dernier Spartiate, cette lettre à Astyanax en fait ressortir tous les sentiments. Cela est toutefois le cas pour quasiment l'intégralité de ce bel ouvrage, au sein duquel les magnifiques dessins couleur imprimés en pleine page de Jacques Martin étalent toute leur majestueuse clareté.

Oui, cette Odyssée d'Alix m'émeut, et se dire qu'elle aurait dû finir dans une poubelle, déchirée en mille morceaux, au cours d'un pilon scélérat, comme malheureusement encore beaucoup sont pratiqués en biblio de nos jours, cela  m'attriste aussi sûrement. Ce jour là néanmoins, j'ai pu passer à temps à côté de ce sac noir, récupérer l'objet vandalisé, et le donner à réparer à un collègue spécialiste...

Veni, Vidi, Vici !  ;-)


 
Les marques du sacrilège : 


Un dos entièrement refait :



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