Ils
ont aujourd’hui la cinquantaine ou bien plus, et se souviennent des
heures qu’ils ont passées dans les années soixante-dix et
quatre-vingt au sein de cette vieille école de musique au bourg de
Riorges, ayant accueilli jusqu’à 300 élèves et qui fut le
tremplin du centre musical Pierre Boulez.
Mais combien savent encore que cette association fut créée le
vingt avril 1933 à la salle municipale des Canaux !?
Ci-dessus, l'école des Canaux en 1947.
L’idée
en revient à « un
fervent de musique : Mr. Louis
Robin,
installé aux Canaux depuis 1911, (qui) avait toujours rêvé de
propager cet art au maximum, et le 5 de la rue de Vichy où il
habitait avait vu défiler déjà bien des boîtes à violon ».
Nommée
officiellement « Groupement musical de Riorges »
l’association fut administrée entre autre à l’origine par sa
fille, violoniste passionnée riorgeoise : Denise Robin ;
lui en étant administrateur général. Au poste de trésorier :
Mr Massacrier ; comme secrétaire : Mlle Lucienne Soisson.
On note aussi la présence d’un « archiviste » le
« modeste et brave » père Troncy, qui se « montra
particulièrement efficace » afin, par le truchement de membres
honoraires, à subvenir aux premiers frais d’organisation. Ce sera
plus tard le père Vallières, « encaisseur zélé, qui fera un
très appréciable recrutement ». (NDLR : il ne s’agit
pas pour autant de gens d’église). Des
cours de solfège et violon commencèrent : 56 élèves étaient
alors inscrits. Une première audition eut lieu le 22 juillet 1933 à
la salle Rejony du Bourg. En fin de programme se présentèrent,
fraîchement sorties des Conservatoires de Saint-Etienne et de Lyon,
avec leur prix et faisant leur début dans l’enseignement :
Denise Robin
et
Madeleine
Tête (1) . Ainsi
commença une longue collaboration.
L’école
va se développer peu à peu et voir grandir son nombre d’élèves
ainsi que son niveau. Elle traversera la période mouvementée de la
guerre, participant dans la mesure de ses possibilités aux
manifestations organisées alors en faveur des réfugiés, des
vieillards, de tout ceux qui souffrent. L’importance de l’école
grandissant chaque année, son effectif ayant doublé, il fut procédé
en 1955 à diverses modifications, dont le changement de nom,
devenant « Ecole de musique »
(de Riorges Bourg.) Son bureau fut renouvelé et le local de la rue
Carnot aux Canaux devant être abattu, l’école dût trouver un
nouveau local. En 1964, Mr Girard, ancien maire de Riorges, laisse
une grande salle au rez de chaussée de la mairie, à l’emplacement
de l’ancienne poste. Le préau des filles du groupe scolaire
Beaucueil fut aussi transformé pour un soir en salle de concert.
(Extraits réadaptés d’un
article paru dans le bulletin municipal N1 de la ville de Riorges,
1967).
Enfin,
elle déménage à Riorges bourg, en 1973,
dans l’ancienne école communale, aux côté de l’ancienne
mairie, au même moment quasiment que commence le projet de
réhabilitation du parc Beaulieu. Le bâtiment principal est divisé
en deux parties au rez-de-chaussée , auxquelles on accède par
un petit couloir, tandis qu’un escalier sur la droite mène à
l’étage. Au fond à droite au rez de chaussée, on accède à la
salle principale de solfège et de cours de piano. L’ambiance est
studieuse et « à l’ancienne ». les élèves sont assis
sur des bancs, devant les tables d’écolier en bois. On apprend le
solfège (on ne parle pas encore de « formation musicale »),
et régulièrement, la dictée musicale effraie celles et ceux ne
pratiquant pas le piano. En effet, Jo joue un air en essayant de
cacher au mieux ses mains, mais les élèves ne pratiquant pas
l’instrument ne peuvent copier et décryptent laborieusement les
mélodies. On y passe aussi les examens de chant, installés debout
face au bureau du professeur et à un pupitre, mais surtout à une
partition dont on doit chanter les notes en les nommant. Terrible
souvenir là encore. Au fond à gauche du couloir : une marche
nous permet d’accéder à une petite salle carrée, salle d’attente
pour une autre salle souvent fermée, où se pratiquent les cours de
violon. A l’étage, deux salles plus grandes : une à droite
en haut des escaliers, réservée aux cours de flûte traversière,
et à gauche, une autre grande salle où des cours de clarinette
voire de solfège parfois sont assurés par Jo Parinello.
Les
cours ont lieu surtout le mercredi, mais aussi en soirée, après
l’école. Jo Parinello,
professeur de clarinette et accordéon assure l’essentiel des cours
de solfège. Ce jeune instrumentiste fraichement diplômé a créé
l’école de musique de Charlieu avec sa sœur Cathy (aujourd’hui
Valorge), en 1974 ; sœur qui s’en occupe toujours. Il a
débuté à l’aube des années soixante-dix dans des orchestres de
variété au synthétiseur (Inf’Trouble, Cadence, Flashdance, So
Chic…) et a été l’élève de Bernard Forest, aussi
accordéoniste et clarinettiste domicilié à l’époque à
Pradines. C’est lui qui lui a donné le goût de ces instruments.
Jo Parinello fondera en 1985 sa propre école de musique à Roanne.
Parmi les autres professeurs de cette époque plus proche de nous,
citons : Christian Ballansat (flûte
traversière depuis 1973), madame Joanin (violon),
Annick Foriot :
piano ; madame Dinet (violon)
; Mlle Vignant (piano) ;Mr
Jean Bardon :
guitare classique ; Mr Servajean Christian :
piano, Madame
Meunier,
institutrice et
professeure de chant choral : bras droit de Mlle Tête.
Ci dessous à droiite : Jo Parinello, lors du camp à Bully, en 1983, dans la grande salle du rez de chaussée. (Photo archives famille Guigue)
Les
examens se déroulaient dans la salle du bas, et des jurys
assistaient les professeurs. Mlle Marthe Henri,
professeure de violoncelle à
Roanne et de maths au Lycée Jean-Puy, en faisait partie. Tout comme
monsieur Déchelette, professeur de solfège, et clarinettiste. Les
concours de fin d’année avec remise de prix, après être passés
à l’hôtel de ville, finirent par se dérouler au gymnase
Galliéni, inauguré en 1975. Les prix étaient pour la plupart des
livres. On montaient les uns après les autres, à l’appel de notre
nom, pour les recevoir. Une étiquette à l’intérieur dudit livre
mentionnait la « note ». Au début des années
quatre-vingt, le second bâtiment sur la gauche (ancienne mairie)
sera aussi utilisé par l’association, avec une grande salle en
haut des escaliers, où la flûte entre autre, sera pratiquée.
Madeleine Tête,
alors
âgée de soixante-dix-ans, et directrice principale appréciée de
tous, sera contrainte par son âge à laisser sa place à Jacques
Boyer, professeur
de musique au collège de Riorges Albert Schweitzer, à la rentrée
1982-1983. Les Palmes académiques lui auront été délivrées entre
temps au gymnase Galliéni lors d’une cérémonie officielle le 22
mars 1981, avant une retraite bien méritée. Elle laissera un
souvenir agréable mémorable à des centaines d’élèves ainsi
qu’aux professeurs.
En
février 1983 eu lieu le premier camp musical à Bully, sur plusieurs
jours, dont beaucoup se souviennent émus des dortoirs de ce grand
bâtiment centre de vacances et des jeux en extérieur sur le mini
stade cimenté en terrasse à l’entrée du village. Puis l’école
déménagera alors une dernière fois en 1989, afin de rejoindre le
dit collège, pour ce qui deviendra le Centre
musical Pierre Boulez,
toujours géré par la même association. D’une école communale,
l’association resta donc aux côtés d’un autre établissement
scolaire, du second degré cette fois-ci. Une autre époque, mais des
noms, des visages et des souvenirs inoubliables.
Franck
Guigue
(Ancien élève flûtiste de 1977 à 1984).
Jacques Boyer et des parents à la corvée patate, camp de Bully, 1983.
A droite au fond : l'élève violoniste Lautent Grégoire.
Cet
article n’aurait pu être finalisé sans l’aide précieuse des
archives d’Hubert Aupol (roannais puis saint-albanais, très
impliqué dans le tissu associatif depuis
février 1979,
et
entre autre trésorier du Gamec), celles de la ville de Riorges et
l’aide de Laure Tolin et Sylvain Goutaland, et les témoignages de
Jo Parinello et Christian Ballansat. professeurs.
Autres
sources :
(1)
Article sur Maurice Tête du 22 mai 2014 , sur Forez-info.com. Texte
extrait de l'opuscule édité à l'occasion de l'exposition
consacrée à l'artiste en 2013, conçue par l'association "
Au Temps de Louis Caradot".
https://www.forez-info.com/encyclopedie/le-saviez-vous/21255-maurice-tete.html
(2)
Interview de Jean-Pierre Gilfaut, à l'origine du (re)lancement de
l'association Les
Enfants de la Côte
(la société de musique datant de 1889), et fondateur du Printemps
Musical en Pays roannais,
le vendredi 25 mai 2018 dans l’Essor par Béatrice
Perrod-Bonnamour.
Madeleine Tête (21
juillet 1907 - 1er juillet 2001) en 1958.
L’une
des trois filles de Maurice Tête, peintre local reconnu, pianiste
diplômée de talent, elle devint vite directrice de l’école de
Riorges (déjà
en 1968),
y consacrant pratiquement toute sa vie, en tous cas sa carrière.
(Photo : archives Riorges).
Palmes académiques, 1981 Riorges
Photo : Charles Revon (archives mairie de Riorges).
Cet article complet a connu une version trés résumée dans le Pays roannais du 29 février 2024.