mercredi 26 mai 2010

Deadman : un comics cherche encore son public.

Deadman
par Neal Adams 1967- 1970 (DC)

Un hommage tardif à ce comics méconnu en France mais pourtant culte, publié une seule fois en 1978 (un tome 1 unique) et plus depuis.
Injustice !
Le Deadman, c'est au départ un jeune motard (Boston Brand), qui oeuvre dans un cirque, et à qui arrive un jour un terrible accident lors d'une représentation. Seulement, cet accident s'avère être un crime..
Suite à son départ pour l'au-delà, une divinité indienne (Rama Kushna) permet à notre héros de rester dans le monde des vivants pour trouver son assassin... mais sous la forme d'un fantôme (Deadman) ce qui n'est pas très heureux. Néanmoins il aura la faculté de pouvoir "infiltrer" tout corps qu'il souhaite., et cela lui permettra de mener son enquête, de ressentir à nouveau, voire de sauver des vies,.. au moins un moment.

Illustration originale tirée de la galerie d'Anthony Hightower
(http://www.anthonyhightower.org/gallery.html)
...Cette série aux moult rebondissements contant la quête interminable de notre "homme mort" vers la vérité a été créée en 1967 par Arnold Drake pour le comics "anthology" DC Strange adventures # 205 et Carmine Infantino au dessin, puis rapidement repris par Jack Miller (#207) et Neal Adams au dessin dés le second numéro.Neal Adams comptabilisant 17 numéros et imposant ses propres scénarios sur six comics (Strange adventures 212, 213, 215, Aquaman #50, 51, 52.)
C'est un must du comics mêlant à la fois romantisme, fantastique et polar, malheureusement indisponible actuellement en France*. En effet l'ancienne édition du Fromage comportant des pages qui "partent en vrille" (mauvaise colle) est rare et donc cotée.
Içi, Neal Adams est au fait de son dessin, et les scénarii sont bons. Ils ont été créés à une époque où Neal Adams travaillait pour d'autres licences (DC) où la mort avait aussi un rôle prédominant. (Green lantern, Batman, Superman...) L'article ci-joint en bas de note de Marc Duveau (in Vampirella #2 NS, Juin 1978) l'explique.

> Une édition couleur américaine a été proposée en Décembre 2001. (cf. ci à gauche et en haut à droite) Elle est présentée dans un slipcase (cartonnage) et comporte l'intégrale des épisodes originaux, avec couvertures et interview/rappel scénaristique. ("The Deadman Collection") : à découvrir absolument.

Le doué Kelley Jones a dessiné deux très bons épisodes dans la collection comics USA en 1989 (cf petite chronique sur Onabok). On y reviendra très prochainement sur 1caseenmoins afin de détailler une série de cases mémorables.
De plus, une nouvelle série reprenant le concept a débuté en 2007 aux USA chez DC ("Deadman walking") avec Bruce Jones au scénario et John Watkiss au dessin. Le nom du héros a été changé (Brandon Cayce ! ouf ouf ) et il est mort dans un accident d'avion (...) Un retour en grâce de la licence ? Une adaptation cinéma est en tous cas en gestation, produite par Guillermo del Toro, depuis 2006.

(*) Néanmoins les quelques épisodes faisant se rencontrer Deadman et Batman sont disponibles en français dans "Batman anthologie 1967-1969 : Volume 1, Neal Adams" (Semic 2005)


Nb : cette chronique ne fait pas partie du Challenge BD lancé par Mr Zombie !

mardi 18 mai 2010

Jarjille éditions : la ligne claire stéphanoise

Jarjille est une structure d'édition associative de bande dessinée et d'illustration ligérienne.
A l'occasion du festival "Bulles en côte roannaise" qui s'est tenu les 03 et 04 Avril à Renaison, Serge Prudhomme, (alias Deloupy) présent avec d'autres auteurs de l'équipe était interviewé lors d'un café débat.
(Ci à gauche : Les derniers titres de la collectionBN2

FG : Comment êtes- vous parvenu à vous faire connaître sans être diffusés?
SP: Ce qui nous intéresse c'est de mêler les histoires : images et textes. On a pris plusieurs options qui peuvent être perçues comme assez radicales : ne pas avoir de diffuseur pour se permettre de garder le maximum d'argent pour les livres afin de payer les vrais auteurs : c'est à dire les libraires et les auteurs. On fait le choix depuis 2004 de démarcher les libraires nous -mêmes.
On fonctionne avec à peu près 300 librairies, et plus ou moins de réussite sur chaque librairie, mais sur l'ensemble, y compris la Belgique et la Suisse on arrive à tenir et à publier suffisamment de livres pour en faire d'autres.
FG : Lorsque tu parles de 300 librairies, cela me semble incroyable sans distributeurs, comment faites-vous concrètement ?

SP : Tout d'abord on a commencé très simplement par le réseau qui était autour de St Etienne , c'est à dire Lyon, Clermont Ferrand et St Etienne et sa couronne, y compris Roanne, car à l'époque il y avait une petite librairie appelée Dark Crystal..
Cela a été simple, mais ne suffisait pas; Il nous a fallu passer le cap des 100/150 librairies. Or il se trouve que le premier bouquin que l'on a fait ("Comixland", traitant des collectionneurs de BD, donc un sujet qui parlait aux libraires) , a été énormément chroniqué, et les librairies intéressées qui à l'époque ont fait l'effort de le prendre à nos conditions, c'est à dire en achat ferme, sont devenues ou restées fidèles. Et à chaque fois qu'on gagne une librairie, en fait c'est un pas de plus.
FG : Les envois et les sollicitations ne se font pas tout seul... peux-tu nous en dire plus ?
SP : La grosse difficulté c'est de prendre son téléphone , d'appeler les librairies et de leur parler d'un livre qu'ils ne voient pas. Rappeleons que le principe de la diffusion classique, c'est qu'un commercial place dans toutes les librairies qu'il visite des extraits de livres à paraître, et leur propose d'en commander un certain nombre. Ce qui n'est pas possible pour nous. Donc on a utilisé plusieurs choses différentes qui ont plus ou moins bien marché.
Un des meilleurs système que l'on a trouvé, vu que l'on imprime nous-même nos livres chez un imprimeur a été le suivant : On lui a demandé de nous garder des feuilles de passe, des couvertures et avec tout cela on a monté un petit dossier de presse, qui reprenait des éléments du livre, plus un explicatif sur les auteurs, la maison d'éditions...etc. On a mis tout ça dans des enveloppes, ça coûte un petit peu cher, mais finalement moins cher que de prendre un commercial, et on a envoyé le tout à l'ensemble du réseau CanalBD, qui est un très grand réseau de libraires indépendants. C'était justement ce qui nous intéressait.
...Alors sur ce genre d'initiatives évidemment, on a retour "classique", c'est à dire environ 10%, mais ce peu étaient des retours gagnants. Ensuite on a élargi le cercle. Et puis les libraires se parlent entre eux, ils se rencontrent, dans des salons, ...etc., donc par ce biais là, on a aussi eu des retours. Et puis on se rend compte que le fait d'être nous-mêmes présent sur des festivals nous permet aussi de nous présenter.
FG : Je sais que Jarjille est aussi parti prenante d'ateliers, en relation avec Gérard Girard, de la librairie "L'Etrange RDV", peux-tu nous en parler ?
SP : Oui, alors, il est vrai qu'en dehors de ce travail de réflexion éditoriale, Michel surtout, fait un travail en direction des écoles, collèges et lycées , et même vers la prison cette année. Un travail de sensibilisation autour de la Bande dessinée.
Ci à droite : Deloupy, Alep et Nicolas Dalle Fratte (festival Bulles en côtes roannaise Avril 2010)
Alors, se sont des approches variables, allant de quelques heures à quelques jours. Mais c'est très important pour nous, car si on n'"éduque" pas (enfin je pèse mes mots), si on n'accompagne pas ces publics, à lire autre chose que les Bande dessinées hyper connues, que chacun peut déjà trouver chez lui, par le bais de sa famille, si on ne met pas en avant cette façon de raconter des histoires avec ce langage si particulier, et bien il n'achètera pas de bande dessinée ensuite. En dehors de cet aspect pédagogique, et on ne va pas s'en cacher, c'est aussi un moyen de faire connaître Jarjille, évidemment.
FG : Quel est le rôle de chacun dans la structure. Vous êtes en association loi me semble t-il, non?
SP : Jarjille a été fondé par trois personnes : Michel Jacquet (alias Alep), Alain Brechbuhl et moi-même : Serge Prudhomme. On a tous les trois le même statut, mais au fur et à mesure de nos affinités, on a un peu séquencé les travaux. C'est à dire qu'Alain s'occupe plutôt du graphisme, les logos, la façon dont le livre va être conçu, Michel et moi nous occupons plutôt de la diffusion, et au sein de ce dernier pôle j'ai tendance personnellement à plutôt m'orienter vers les auteurs.
FG : Peux-tu nous parler justement du statut de l'auteur au sein de Jarjille ? Y a t-il un contrat signé ?
SP : Il était hors de question pour nous de publier des auteurs sans les payer, et en les payant du mieux que possible. Sachant que lorsque l'on tire un bouquin à 1000 exemplaires, la somme au final n'est pas énorme. La seule chose sur laquelle on a pour l'instant pas encore évolué, mais qui est difficile pour nous, c'est "L'à valoir".
On ne paye pas l'auteur par avance sur les ventes qui vont être faites, mais on paie en pourcentage sur les ventes. Et ce pourcentage est relativement élevé par rapport à d'autres maisons d'éditions, (je peux d'autant plus en parler que je suis moi-même édité dans d'autres structures), ce pourcentage est de dix pour cent pour un auteur seul, et de quatorze pour cent pour deux auteurs, (enfin : 7/7 : scénariste, dessinateur.)
Voilà, c'est le meilleur moyen que l'on ait trouvé pour les payer décemment, même si on sait très bien que cela ne suffit pas.
FG : Y a t-il un contrat ?
SP : Bien sûr qu'il y a un contrat signé, qui porte sur les droits du livre et les droits audiovisuels. C'est un contrat classique d'édition.
FG : On va, si tu me le permets parler maintenant de la collection Bn2, qui est une collection particulière, petit format carré.
Ci à gauche : Dédicace sur le mur à dessin (un personnage de la série "Faussaire" nb : Deloupy a joué sur son dessin avec les feuilles de la plante posée devant le mur)
SP : BN2 est né de la frustration de ne pas pouvoir publier tout le monde. Le fait d'être sur une ville moyenne (et étudiante) comme St Etienne, faisait que l'on avait en effet pas mal de gens qui venaient à nous pour discuter de bande dessinée, et présenter leurs travaux. Il y avait des choses très intéressantes, mais souvent on était obligé de dire non par manque de moyens. Or chaque fin d'année, à "l'Etrange RDV" qui est notre partenaire privilégié, on fait un stand Jarjille avec un petit apéro. Avec Michel nous nous étions dit que cela pourrait être sympa d'offrir un petit cadeau à ces publics qui nous suivent et qui viennent acheter nos livres.
On a donc fabriqué de manière artisanale un premier "BN": un petit bouquin de 14 pages...
Ca a eu beaucoup de succès.. et on s'est dit, "l'idée c'est ça"... Avec un petit livre qui ne nous coûterait pas cher, en imposant une idée, puisque la collection, se sont des histoires qui tournent autour de l'enfance, on pourrait répondre aux auteurs qui nous plaisent et leur demander de faire une histoire.
On est donc parti sur une publication qui est trimestrielle : 4 par trimestre. Les premiers ont été publiés en Octobre 2009, et on a tenu le coup jusqu'à présent, puisqu'il y en a douze; dont deux qui sont épuisés. C'est un tirage de 500 exemplaires. On va rééditer en Juin les deux épuisés, plus deux nouveaux, etc...etc
Et ce qui est important à noter à propos de cette collection, c'est que l'on a pour une fois un pourcentage où c'est l'auteur qui gagne vraiment le plus d'argent au final sur le livre. Ce n'est ni l'éditeur, ni le libraire. Ca nous paraît important, parce qu'au final, qui fait les livres, si ce ne sont les auteurs ?

Interview réalisée et adaptée/retranscrite le 17 Mai 2010. (© F. Guigue/Hectorvadair)
Nb : Deloupy et aussi l'auteur avec Alep de la jeune mais néanmoins très sympa série "L'introuvable" (du nom d'une librairie BD Stéphanoise imaginaire), dont le tome 2 de l'histoire "Faussaires" traitant de la découverte d'un album inconnu d'Hergé devrait sortir d'ici fin 2010. A lire une interview de Deloupy pour la revue hergéenne "Doryphores" pour se faire une idée.
La collection BN sur le site Jarjille
Le blog de Jarjille pour se tenir au courant des actualités et suivre l'avancée de « Faussaires »

dimanche 16 mai 2010

Je mourrai pas gibier

Alfred, d'après le roman de Guillaume Guéraud

Delcourt collection Mirages, 2009


Je mourrai pas gibier est ce qu'on pourrait appeler un PVDLBD : autrement dit un pavé dans la BD.

Pas un ovni, car on a déjà vu ce genre de récit réaliste, pour le coup adapté d'un roman pour ados : (Guillaume Guéraud, janvier 2006). Simplement, le traitement efficace et sobre de ce genre de sujet "dur" permet de classer le travail de ce jeune auteur déjà très prolifique ("Alfred" : Lionel Papagalli) dans la cour des grands.

Il faut dire que ses précédents travaux chez une pléiade d'éditeurs* (Charette, Le Cycliste, Petit à Petit, treize étrange, Delcourt, Futuropolis) lui ont sans aucun doute forgé une méthode, bien que cet album bénéficie d'un scénario déjà très costaud à la base.

...A Mortagne, c'est le bois et le vin qui priment depuis des générations, et la galerie de personnages violents et haut en couleur du village ainsi que les évènements qui ont conduit le contremaître de la scierie à aller en prison sont cocasses. Justement, aujourd'hui celui-ci en sort, et compte bien se rendre au mariage d'Arnaud, le frère du narrateur, qui aurait du purger la peine à sa place...

Le climat lourd va devenir franchement ténébreux lorsque l'anti héros, principal narrateur qui est rentré comme de coutume de ses études pour le week-end va être témoin d'un déchaînement de violence plus fort que d'habitude..

Alternant voix off et bulles, le récit commence dans le présent, juste après le dénouement d'un drame terrible. Le principal acteur se confie : "Des raisons on peut toujours en trouver. Des bonnes ou des mauvaises, en pagaille. (...) Je vois pas ce que je pourrais leur raconter"

Et dans l'effet d'un fondu, en bas de page droite, le récit commence alors, nous prenant comme témoins et nous ramenant quelques jours plus tôt, afin de raconter justement le pourquoi d'une telle issue. Cet effet, assez courant dans le cadre d'un polar au cinéma l'est moins dans le celui d'une bande dessinée.

D'autant plus que le drame se clôture avec les mêmes mots et la même interrogation que le début... puisque hors les cases du récit nous sommes, donc incapables d'intervenir pour l'altérer.

Une manière de mise en abîme intelligente et rare qui fait de "Je mourrais pas gibier" un bel exemple d'adaptation de roman réussi, Alfred utilisant de plus une technique de dessin sobre mais très efficace, totalement au service de l'oeuvre originale.

Un album paru en Janvier 2009 à découvrir absolument, qui avait été sélectionné début 2010 pour le dernier Angoulême.

> Voir la présentation et l'interview de l'auteur sur Culture box France 3

vendredi 14 mai 2010

Robin des bois: " Rise and rise again til lambs become lions"

Un blockbuster de Ridley Scott vient de sortir, et d'aucun trouveront à polémiquer, car les français en l'occurrence sont mal traités dans ce film.
> A gauche, une superbe scène dans l'embouchure de la Tamise, avec le palais royal au loin

...Maltraités ? mais nous sommes en 1199 et si le débarquement de Philippe Auguste (quel miroir avec le débarquement de 1945, ne serait-ce que ces barges presque identiques, mais en bois) se solde par un échec sur les plages anglaises, c'est à cause de la trahison d'un félon. Or, on ne réécrit pas l'histoire. D'ailleurs, il est bon de se voir de l'autre côté, pas toujours celui des bons ou des vainqueurs.
...Une trahison française donc, (ou franco-anglaise, mais c'était un peu compliqué à l'époque il faut dire...), mais aussi une trêve anglaise. En effet, les barons en rebellion contre le roi Jean sans terre ont mis leur vélléités de putsh de côté, afin de faire face à l'ennemi commun. C'est là justement qu'intervient Robin Longstride (Robin hood, et pas "Wood"), dont la véritable existence et histoire fait, elle, polémique sur les sites documentaires.

Ce qui par contre ne fait pas polémique et rend ce film particulièrement intéressant, (beaucoup d'adultes aux séances d'ailleurs, car la bande annonce est suffisamment évocatrice pour donner un bel aperçu de cet énième adaptation de la "légende") c'est la superbe reconstitution historique de l'angleterre du XIIeme siècle : paysans, travail , paysages, armements, batailles... Le réalisme du traitement nous donne à voir la guerre dans toute sa rudesse et sa violence. Qui voudrait être sur le champ de bataille à ce moment là ?
On est loin, très loin des coups de pieds (karaté) faciles et des déchaînement de balles à la mitrailleuse (sans recevoir en échange, et en détruisant à coup sûr) dont nous abreuvent moult films aujourd'hui qui jouent le jeu de l'apologie de la violence au lieu de la dénoncer.
Ici, les flèches pleuvent du ciel ou atteignent leurs cible en tir tendu, de façon dur, avec un bruit de heurt qui ne laisse pas indifférent. Les massues cognent, les corps sautent sous les coups... les râles se font entendre... Et chacun doit s'encourager pour aller en avant.
> Ci à droite : mieux vaut se garer lors d'une charge de cavalier !

Mais en dehors de cette représentation de la guerre, et des injustices aussi (le clergé en prend pour son grade, on est en effet à l'époque où celui-ci se détourne des valeurs humanistes de l'église chrétienne, pour s'enrichir sur le dos des petites gens), Robin des bois a pour atout de resituer l'histoire de Richard coeur de lion (Richard 1er d'angleterre) dans son contexte historique, même si on ne nous montre pas la troisième croisade dont il revient. "Kingdom of heaven" du même réalisateur s'en est par contre déjà chargé avec brio, en ce qui concerne la chute de Jérusalem (entre la deuxième et la troisième croisade), et on peut cependant si l'on reste pour le générique de fin apercevoir sous forme d'images redessinées quelques scène (coupées ?) des croisades. On les verra peut-être en bonus dans le DVD ?
> Ci à gauche : Richard coeur de lion

Et c'est là que le film de Ridley Scott assure sa mission : il ne nous montre rien d'autre que la dure vie des anglais à cette époque, paysans, orphelins et barons, face à un pouvoir à mille lieux de la réalité. Les représentations de décors et les détails sont aussi saisissants : Petites bourgades, encerclées de leur remparts, où subsistent ça et là des vestiges runiques, fermes fortifiées, palais royal, non loin de l'embouchure de la Tamise, coupé avec sa cour du reste du pays. Détail d'une côte de maille que l'on ne peut enlever soi-même; paille et animaux dans les logis...grenier à grains... on sentirait presque ces odeurs que l'on a oublié aujourd'hui, dans notre société si aseptisée. (sauf à la campagne ?)
Et le casting rend service à cet effort. Russell Crowe et Cate Blanchett : superbes, mais une palme particulière est décernée à Max Von Sydow, (Walter Loxley), vieux baron aveugle qui essaie d'assurer sa lignée en invitant un inconnu à remplacer son fils disparu. Magnifique !

Bref, lorsque les armées françaises et anglaise coalisées se rencontrent et s'affrontent, deux heures se sont écoulées pour nous spectateurs, et l'histoire banalisée de Robin du bois que l'on connaissait jusqu'à présent s'apprête juste à commencer. En effet
Jean sans terre (et sans coeur), qui a pris la place vacante de son frère Richard coeur de lion* se dédie de sa parole et renforce les injustices.
Comme le précise le dernier panneau du film : "Ainsi commence la légende".
On est donc ravi de ne pas avoir à subir à nouveau une histoire romancée mille fois racontée.


(*) Mort suite au mauvais traitement de ses blessures provoquées par un carreau d'arbalète dans le coup lors d'un dernier assaut au château de Châlus Chabrol, en Mars de l'année 1199.

Ps : Finalement, si l'on prend un film comme "V pour vendetta" (Alan Moore), rediffusé la semaine dernière sur France 4, ou un roman graphique comme "Berlin" (de Jason Lutès), dont le tome 2 a paru cette année, ce n'est qu'une nouvelle manière de raconter l'opposition politique nécessaire à toute dictature de façon à peine détournée.
...On en aurait donc autant besoin ?

Allez voir ce grand film de cinéma. Les bonnes raisons sont nombreuses.

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