dimanche 25 mai 2025

Aubry le troubadour, de Lucien Chrétien, dans Cadet revue





Les méandres de la chine offrent bien des surprises à l'amateur de bande dessinée, d'illustrations et plus généralement de vieilles revues. L'occasion de l'acquisition d'un lot de 12 Cadet revue datées 1938-1939 m'a permis de me délecter des superbes dessins d'Alain de Saint-Ogan rédacteur en chef et principal illustrateur de cette revue n'ayant duré que 6 années, de 1933 à 1939.  On se reportera utilement à l'article relatif au don d'originaux qu'Emmanuel Guibert, illustrateur reconnu, a  fait au musée de la bande dessinée d'Angoulême, pour en savoir un peu plus sur l'homme, et son travail.

https://www.citebd.org/neuvieme-art/saint-ogan-dans-le-fonds-guibert-langlois

Ce qui amène le post d'aujourd'hui est une série inachevée d'un auteur passé aux oublietttes, dont le nom : Lucien Chrétien, ne dit plus grand chose à personne, à part celles et ceux s'intéressant à l'acoustique et l'électronique, puisque lui ou un homonyme (1900-1962) on rédigé des manuels bien connus.  

L'illustrateur et auteur qui nous intéresse, à lui proposé, dans les numéros 157 à 160 (les derniers) de la revue précitée, un début d'histoire moyen-âgeuse illustrée assez intéressante, nommée Aubry le troubadour. Contant les mésaventures d'Aubry, seigneur de Signac. 
Une série de cases illustrées avec texte en dessous, étrangement  proposée en lecture "colonne" (erreur vite rattrapée dès le troisième chapitre), et rappelant pour le reste d'autres récits du même type, dont la plus connue venant en tête étant bien sûr Prince Valiant d'Harold Foster, dont la traduction avait débutée deux ans plus tôt dans la revue Hop-là en France. On pourra aussi se rappeler Thierry le Chevalier (le chevalier sans nom) de Jean-Michel Charlier et Carlos Laffond, série publiée de 1957 à 1960 dans la revue Spirou. On y trouvait là aussi un troubadour parmi nos héros, et on pourrait se demander si...(1)

Quatre chapitres, dont on ne connaîtra pas la fin, à moins qu'un amateur puisse abonder en ce sens, afin de préciser l'identité de ce monsieur Chrétien, et savoir le destin de cette histoire. 

FG

(1) Lire au sujet de cette série un peu plus "moderne" l'article Bzdzoom :
https://www.bdzoom.com/105429/actualites/thierry-le-chevalier-clap-de-fin/

 

 Cliquer sur l'image ci-dessous pour lire les quatre chapitres de Aubry le troubadour.

 



dimanche 4 mai 2025

Krimi d'Alex inker : un diamant noir dégénéré ?

Un diamant noir de bibliophilie exaltant l'œuvre phare du réalisateur Fritz Lang dans l'Allemagne des années trente.

Berlin, 1930. Fritz lang, réalisateur populaire d’obédience juive, ayant déjà connu le succès avec son Metropolis, les Nibelungen et les premiers épisodes du Docteur Mabuse, patine un peu avec son dernier film La femme sur la lune. La rencontre inattendue et forcée avec l’inspecteur de police Lohmann, connaisseur de son œuvre, va sceller un pacte étrange entre les deux hommes. Ce dernier lui propose en effet de le suivre sur les enquêtes qu’il mène, mettant en scène les crimes affreux d’un psychopathe, mutilant ses victimes - des femmes - avec des ciseaux. Celui que l’on va surnommer le Vampire de Düsseldorf, et qui sera interpellé plus tard, sous l’identité de Peter Kürten, va donner l’inspiration à Lang pour un nouveau film : M le maudit. C’est Peter Lorre, acteur de théâtre, qui interprétera le criminel, tueur de petites filles. Mais en cette fin des années 30, une ombre moins évidente plane et s’installe à Berlin, avec la montée du nazisme...




Les lecteurs suivant le carrière de Alex W. Inker savent depuis quelques temps déjà à quoi s'attendre en ouvrant l'un de ses ouvrages. Le dessinateur a été primé de nombreuses fois depuis ses débuts chez Sarbacane en 2015, et l’on a déjà pu particulièrement apprécier son trait puissant et rehaussé d'une couleur dans Servir le peuple ou Un travail comme un autre. Ce "Crime", édité dans un format luxueux, le place néanmoins désormais au niveau des plus grands dessinateurs. Lavis de gris, encrage souples, lumières particulièrement bien étudiées, passages en ombres chinoises (pour évoquer les crimes), mise en page changeante et libre - rendant un bel hommage aux cadres cinématographiques - dialogues et typo à l'avenant, le tout sur un papier de 170 grammes mat particulièrement délicat au toucher, dos toilé, empreinte marquage à chaud...rien n'a été laissé au hasard. Le scénario, quant à lui, magnifiquement adapté du récit de Thibault Vermot, nous plonge avec angoisse mais délectation dans l'Allemagne de la Veimar, au sein de laquelle, dans l'ombre, sévit le crime et où couve la montée du national socialisme, sensé amener de la pureté. Si Fritz Lang est au cœur du récit, d'abord protagoniste important, maître de ses lieux : les studios, il passe assez rapidement à acteur manipulé par l'inspecteur de police, puis laisse petit à petit la place à la dictature se mettant en place. Le noir que l'on croyait réservé aux criminels, issus de la rue, va dès lors diffuser via les décrets, et le chemin de fer. L'avant dernière scène finale, montrant le sort d'un des acteurs principaux, ayant changé de statut, résonne particulièrement fort. Rien ne nous est épargné dans ce roman graphique, où sexe, folies et meurtres sont perpétrés sous nos yeux, ébahis cela dit par une telle beauté crépusculaire. La fin d'une époque, muette en partie, et le début d'une autre, vociférante. Si l'art peut-être jugé "dégénéré", il a ses diamants. En voilà un.


FG

Krimi par Thibault Vermot et Alex W.Inker
Éditions Sarbacane (35€) - ISBN : 9791040802471


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