mercredi 13 septembre 2006

Triste mais superbe Bois Maury !

Dulle Griet
(Tome 13 des Tours de Bois Maury)
Hermann
Glénat

Dans les Madeleines d’Hector (les dernières acquisitions du blogueur), une rubrique précédente, j’avais évoqué le grand talent d’ Hermann et mon désir de revenir plus longuement sur une série qu’il réalise en parallèle de Jérémiah depuis 1984 : Les Tours de Bois Maury.

A l’occasion de la parution ces jours du 13ème tome “Dulle Griet”, l’opportunité m’en est donc donnée d’autant plus qu’ un ouvrage cartonné de 32 pages sous une superbe couverture , offrant un explication de texte via une interview de l’auteur et une notice illustrée par album accompagne la bande dessinée.

Superbe chapitre que ce dernier tome de la série moyen-âgeuse d’Hermann qui a été réalisé d’après la toile éponyme (datée 1562) du maître flamand Bruegel l’ancien, bien que la logique de son fils Yves H laisse un peu perplexe.

...Dans les Flandres de l’époque, dans une Brugge imaginaire se trâment des évènements fantastiques liés au malin et ayant comme lien un femme dont la raison vacille, la Dulle Giret (ou Margot la folle).
Quel plaisir de retrouver le trait si personnel d’Hermann, et sa mise en couleur directe magnifique, cette fois dans des tons de gris. La couverture est encore superbe et le récit oppressant. Entre l‘inquisition chrétienne qui persécute les luthériens et le diable qui rôde, les paysages ont néanmoins la part belle, quelques vignettes offrant de beaux clins-d’oeil au peintre du XVIè siècle.

Yves H. s’imprégnant totalement de l’univers de l’époque en profite pour placer quelques personnages au profil romanesque, tel ce Toone, jeune rebelle empruntant à Till l’espiègle, qui revêt en toute fin les habits du diable. (normal pour un rebelle à l’église du pape !), ou bien maître Bruegel lui-même spectateur discret mais fasciné par l’enfer qui se déroule sous ses yeux.
Par contre , triste chevalier de Bois Maury qui s‘est mis dans de beaux draps afin de retrouver son pays et son château.... la pénible destinée de sa lignée ne lui est pas épargnée. Heureusement que la belle Tinne est là, prète à tout pour ce preux chevalier pourchassé par le diable...


...Après la série les Tours de Bois Maury, l’auteur avait fait périr son chevalier Aymar et nous avait entrainé dans un nouveau cycle où ont déjà été conté deux aventures de descendants de Bois Maury, l’une en 1281, l’autre en 1325. ("Assunta" et "Rodrigo"). Mais ces derniers épisodes nous avaient fait perdre un tant soit peu le “pied temporel”. Chaque tome narrant un nouveau lien de parenté, il n’était pas très aisé de s’y retrouver, bien que les deux derniers récits aient été tout à fait réussis au niveau scénaristique et graphique.)

“Dulle Griet”, qui se situe cette fois au XVIème siècle n’échappe qu’en partie à ce constat. Il renforce d’un côté l’idée selon laquelle il n’est plus de héros principal et que chaque histoire peut désormais se lire comme un véritable “one shot” (ce qui était déjà un peu le cas des tous premiers tomes des “Tours”), puisque le personnage intervient quand-même en cours de récit même si d’une façon presque anecdotique. (un bon second rôle).
Mais la toute fin retisse tout de même le lien en refaisant appel à la même quête du château que Bois Maury mène.
C’est en fait une fin dans la fin, et le début d’une autre histoire.

... Faire simple lorsque l’on peut faire compliquer semble être la recette des Hermann, père et fils, et c’est tant mieux !

ps de dernière minute : rendez-vous sur le site d'Hermann, un surprise de taille vous attend ! Comme quoi, la famille a de la suite dans les idées.

mardi 20 juin 2006

Quand la communication de proximité devient un art

Quand la communication devient un art, elle prend la forme d'un parcours mystérieux, initiatique, réservé aux heureux élus, aux curieux divers et aux amateurs d'écriture et donc de lecture...
et ceux ci se retrouvent :


Dans l’atmosphère intime
du parc et du Château de St Haon (le châtel, 42), où
de jour et de nuit, quatre-vingt seize lecteurs
se succéderont par séquence
de quinze minutes pour lire
en continu l’œuvre de :

VOLTAIRE « LES CONTES ET ROMANS »

L’œuvre sera lue pour elle-même
et pour le plaisir de ceux qui veulent
écouter encore le rire et la colère
du XVIIIème siècle…

Année 2008
du samedi 21 juin à 18heures
au dimanche 22 juin à 18heures
Saint Haon-le-Châtel
Le Château de St Haon

« Je suis las des montagnes qui dansent, des fleuves qui retournent à leur source et des morts qui ressuscitent...»

On utilise le texte des éditions de poche
« Folio classique »
N° 2347 et 2358



L’association « Demain dès l’aube »
vous invite à participer à cet événement
en proposant vos disponibilités de lecture, jours et horaires
et le faisant savoir à :

Jean MATHIEU
Rue Chateaumorand
42 370 SAINT-HAON-le-CHÂTEL

04 77 64 21 90
06 31 11 30 94
http://jm-genealogie.neuf.fr/

voir la note précédente.

mercredi 24 mai 2006

I am the Punisher !... (and I don't know what to do with myself)

(re-post du 24/05/06)

Il y a des matins où l'on se dit que le réveil arrive au bon moment. Juste lorsque la situation devient embarassante au possible.

...Avant hier j'ai rêvé que j'étais un tueur.
Je suis armé d'un fusil automatique, et je suis posté au pied d'une tour d'un quelconque environnement urbain moderne. Je viens d'abattre au moins une personne, non déterminée, et je commence à organiser ma fuite.

Mais je n'ai pas de sac, pas de voiture... De plus, l'environnement se transforme soudain en camping légèrement boisé, mais par des pins clairsemés.
J'essaie de cacher bêtement mon fusil automatique le long de ma jambe droite, et accélère mon pas.

L'éteau se resserre. Je m'arrête un moment. Des complices me rejoignent...

Il semble que l'on ai une camionnette à disposition garée là, tout près.. Il suffit de se débarrasser des pièces à conviction... de l'arme... mais comment ? On trépigne... on se change devant des gens qui circulent...

Et la police qui commence à patrouiller là bas... on entend les sirènes.

Ces gens nous regardent... c'est sûr, quelqu'un va nous dénoncer...
Il faut jeter cette arme encombrante... et ce van, où va t'il nous emmener ??

C'est inextricable... J'ai peur.
Je me réveille.



Ah oui, au fait j'y repense : La veille au soir je prenais feu à cause des radiations, sous les traits du Punisher, dessiné par corben, dans un décor post-apocalyptique, après avoir buté tous les salauds du monde.
C'est tout ? ... bein oui.

Que faut-il en conclure ?

Je ne suis pas un vrai tueur.

samedi 4 mars 2006

Isaac le pirate ou le sexe enfin désinhibé.

(copyright : Blain/Dargaud)

A propos du tome 5 : Jacques paru chez Dargaud en Juin 2005.
C'est une série que l'on a vu arriver tranquillement en 2001 dans les bacs des librairies. Ecrite et dessinée par un artiste qui avait déjà impressionné avec des titres comme “Le réducteur de vitesse“ ou les deux tomes de “Hiram Lowatt et Placido“ : la Révolte d'Hop frog et Les Ogres“.
Et puis cette histoire de pirates et de peintre rondement menée a commencé à se mettre en place, au fil des tomes, se complexifiant au fur et à mesure, s'étoffant de nouveaux personnages, d'intrigues, de décors somptueux (ah le Paris du XVIIIe).
Ce qui me fait écrire aujourd'hui, et qui a entre autre retenu mon attention dans ce tome particulièrement réussi à de nombreux points de vue, c'est cette propension qu'à Christophe Blain à offrir, comme certains de ses collègues dessinateurs contemporains (Sfar par exemple dans Pascin, Les olives noires, ou même le Grand vampire,...), des scénarios aux images érotiques complètement décomplexées.

Dans “Jacques“, donc, on se surprend, en tant qu'homme* à apprécier et à trouver presque normal ces scènes d'amour où les corps s'enlacent et s'embrassent goulûment , se caressent (en feignant de dormir parfois ) dans un érotisme torride, où il n'est pas rare de montrer diverses pratiques sexuelles comme le cunnilingus ou des pipes, ou quelques positions choisies dans les endroits les plus divers.
Qu'est-ce que cela veut dire ? que la “nouvelle“ bande dessinée française est décomplexée ?, que l'érotisme maintenant “classique“ des années Charlie, ou reconnu comme tel dans le milieu BD est dépassé et donne lieu aujourd'hui à une autre interprétation ? que enfin, ce qu'on a appellé “la nouvelle vague BD“ (couverture de Télérama n° 2736 de Juin 2002) n'a plus rien à prouver en terme de sérieux et qu'elle peut, maintenant que ses auteurs font les unes de magazines bien pensant (Télérama ou la Vie catholique par exemple) passer à autre chose, de plus sincère et personnel, à savoir : mettre en image les vrais fantasmes de l'homme moyen ? (**)
Isaac le peintre, ou Jacques, son ami pirate au long nez s'en donnent à coeur joie, et ne refoulent en tous les cas pas leurs désirs sexuels... et c'est tant mieux, mais encore si peu courant dans la BD moderne.

Que nos nouveaux héros de bande dessinée vivent et vivent bien, comme dans la vraie vie, c'est tout ce que l'on leur souhaite, ... et pour notre plus grand plaisir !

(*comment réagissent les femmes lectrices ? n'hésitez pas mesdames à me le dire)

** Lorsque l'on met en exergue que la première chronique régulière de BD de Télérama ne date que du 15 Octobre 2003 , sous la plume de Cécile Maveyraud, rédactrice de précédents articles sur Sfar ou Blain justement, (à chaque fois à l'occasion bien sûr du festival d'Angoulème), cela montre quand même le retard que cette presse a pu prendre avec le média en tant que référence littéraire.

jeudi 19 janvier 2006

Le Blog d'hector 1er du nom, archive 1 : Le vampire de Brighton Pear

28 février 2016 : Haut et fort ayant décidé il y a peu de supprimer définitivement mes archives enregistrées sur leurs serveurs, (1er blog daté Décembre 2005 - Août 2006), je vais tâcher de reposter par ici ou là celles sur lesquelles je remettrai la main.
Nb : Elle seront datées antéchronologiquement (avec leur date de post originel, pour resituer dans le contexte.)

La première, originellement postée là :
http://leblogd-hector.hautetfort.com/archive/2006/01/19/le-vampire-de-brighton-pear.html

Le Vampire De Brighton Pear

Ep 4 titres : “Kissin' by a vampire, Vampiroscope, Bloody Marie, La complainte des déterreurs de cadavres (grave digger thème) label Cinelux; sans date.

Cette édition vinyle limitée à 100 copies se présente sous la forme d'une affiche 2 couleurs (noir et rouge) 60 x 40 cm pliée pour contenir le disque dans une pochette de sécurité transparente. L'affiche du film présente les acteurs, le compositeur interprète (LDO) et les maquettistes (les Matons). Une photo noir et blanche de qualité representant deux vampires modernes est jointe. (il est précisé à l'intérieur de la pochette “un jeu de 5 photos)
Le style musical est à l'avenant : superbe, renversant : un rock surf-gothique plein de reverbe avec une voix bêlante façon Dracula gigolo. Bruits de chaines, hululements et rythme lourd rajoutent à l'ambiance.
... C'est le collector par excellence.

... Trêve de suspense : ce disque “anonyme“ limité est l’œuvre d'un ami et activiste bien connu de la scène rock surf perpignanaise (ou sétoise) puisqu'il s'agit de l'unique disque à ma connaissance de Lord Diabolik, qui a mené les brèves carrières des non moins célèbres : “Hawaï Men“ et “Pickpockets“. Ce projet solo épaulé par le duo maquettiste les Matons est un petit plaisir déjanté qui est sorti à l'occasion de soirées live hommage telle la spéciale Ed Wood en 1997.

Le fanzine “Here“ (gloire à lui !) qui a collaborée avec Cinelux via sa structure associative lors de deux eps non moins glorieux * en a parlé dans son numéro 8/9 de Novembre 1997, ainsi que “Le Club des années soixante“ n°22.

Qu'est devenu Lord Diabolik depuis ?
L'enquête est ouverte !

*(“Drive me faster“ des Out Four (Cinelux 1995), et le split ep “Pickpockets contre Out Four“ (Cinehere01 1996) . Voir le site des Out Four pour la disco complète des Out Four, et un peu plus d'infos sur l'asso “Where The action is“

samedi 14 janvier 2006

“Eternal sunshine of the spotless mind“...


“Dans cette solitude paisible, séjour où la contemplation tourne constamment ses regards vers le ciel, lieux où régne un silence si profond, quels mouvements troublent la tranquilité de mon âme ?“ (...)

C'est ainsi que commence le long poème Eloisa to Abelard d'Alexander Pope, consacré à l'amour impossible d'Eloise et Abelard, amants maudits du 12ème siècle. Ce texte, publié en 1754, contient un passage d'où a été tiré le titre du film de Michel Gondry “Eternal sunshine of the spotless mind“.
Ce chef-d'oeuvre de réalisation , et histoire d'amour maudite s'il en est, doit citer cet emprunt dans les crédits de fin, car c'est là que j'ai vu pour la première fois le nom de cet auteur, et je n'ai eu de cesse depuis le visionnage du film à sa sortie à trouver trace d' Alexander Pope.
Il se trouve que j'ai eu rapidement de la chance...
Dans une édition intégrale des oeuvres de l'auteur, rééditée en 1763, en 7 volumes, et traduit de l'anglois, chez Arkstée et Merkus*, on peut lire cet Avis des éditeurs ainsi qu' une “préface de l'auteur“ trés intéressante, où Pope traite de la poésie et du travail de l'auteur en général. Enrichissant !

Quant à cette reproduction du texte original, elle a été trouvée sur le site : monadnock.net, qui n'est plus en activité aujourd'hui, mais qui propose encore des archives de poèmes et d'essais. Amusez-vous à retrouver le fameux passage...

“Eternal sunshine“ a été pour moi l'un des cinq meilleurs films de l'année 2004, et je ne cesse de penser au roman graphique de Craig Thompson “Blankets“, paru à peu près à la même époque, à propos de l'atmosphère du film et surtout cette scène pratiquement identhique où les deux amants se couchent sur la glace au milieu d'un lac gelé et regardent les étoiles.
...Même sensation d'amour fou, même maelström d'images symboliques.
Deux chef-d'oeuvres.

Copyright de l'image du haut : Casterman/Craig Thompson.
*Merci à la Médiathèque de Roanne pour la reproduction de l'original de Pope en français.

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