dimanche 26 novembre 2006

Haunted Candy Shop, l'album


Pray for a light to come in" (autoproduction)
25 /11/06. Production Benoit Bel & Maxime Vavasseur.

L’apparence a d’abord été soignée. Un superbe dessin orne une pochette en carton ouvrante. La sobriété du reste de la maquette est à l’opposé de la richesse des compositions offertes.
“En la nieve” en ouverture installe une ambiance pop légèrement cold, bien maitrisée, qui plonge l’auditeur dans un univers agréable.
La retenue qui se dégage de ce morceau est au diapason du reste de l‘album. Même dans les morceaux les plus électriques, Max et ses accolytes ne quittent pas le chemin qu’ils se sont traçés. Un chemin certe parsemé de feuilles mortes, d’arbres biscornus, de collines embrumées, de lune blafarde surplombant des canyons, ou d’ anges gardiens; mais un chemin où le groupe est roi.

Lorsque dans “Circles” Max chante “I pray for a light to come in”, on est bien dans ce ressenti de désir de lumière, dans un univers où le noir cherche à s’immiscer. Un titre, “Darkness” lui est d’ailleurs consacré.
A contrario, et pour revenir aux références , il y a du Pulp dans un morceau comme “Angels all around”. On y voit aussi des images de Wenders, lorsque Damiel vient visiter les hommes. Angels all around, avec ses “They are here” sussurés donnant le frisson, est un grand morceau.

“We were kings” est aussi très beau. Sur le thème du souvenir familial, Max aurait pu chuter... paraître ridicule.. faire penser à Jim Morisson dans the End. Ce n’est pas le cas. Cette ballade mélancolique où le duo piano/guitare résonne de thèmes à la Calexico pour le début évolue ensuite vers cette ambiance à la Pink Floyd, que la guitare solo parfois retrouve. Le retour au thème initial la remet néanmoins sur ses pieds et c’est très bien comme ça.
“Moontalker” est l’exemple type, sur un mid-tempo en accoustique, de la chanson au texte accrocheur. Max sait écrire; cela fait la différence.

Sur “Spell of misty hills”, un hommage sonore aux collines de la côte roannaise, la toute première partie est raffinée et habitée. L’envolée de la deuxième partie lui confère une texture pop rock plus classique mais qui ne dévie du sujet, bien traité.
“Eyes of the silence” fera penser le temps de l’intro à la guitare accoustique au “Martha my dear” de l’album blanc, mais revient bien vite, grâce à sa mélodie propre et au chant grave et velouté de Max à des ambiances beaucoup plus modernes.
D’ailleurs c’est ce qui ressort de l’ensemble de l’album. Haunted Candy Shop puise fortement son inspiration dans des thèmes exclusivement pop des ces vingt dernières années, leur insufflant au passage une originalité propre à l’univers géographique et onirique très riche de Max. Univers que l’on décrypte au fur et à mesure des superbes chansons de ce premier album. (cf Moontalker, Misty hills, Canyons, Licorne, Désert, Mermaid, Angels, Darkness...).
Le disque, très bien produit, ne permet jamais aux guitares parfois un peu marquées styliquement de s’ingérer au dessus de cet univers.

Un album exigeant et habité donc, (hanté), à forte dimension internationale.

La page web de HCS pour écouter des extraits (maquette).

Une boutique hantée au charme fou ! (Haunted Candy Shop + Godot : 25/11/06)

Il y a environ quatre ans, un jeune homme du nom de Max Vavasseur arpentait les rues de Roanne, parfois guitare à la main, afin de faire connaître à qui voulait bien les entendre les chansons intimistes qu’il avait composées. Influençé par des artistes anglo-saxons comme Bonnie Prince Billy, Joseph Arthur et toute une partie de la scène folk-pop progressive d’alors, Max ne comptait pas les kilomètres afin d’ouvrir quelques bonnes portes. Un séjour à Paris et quelques rencontres et concerts plus tard, le tout avec un projet de disque sous le bras, le revoilà, accompagné par son groupe Haunted Candy Shop.
Les roannais les moins assidus d’entre vous se souviendront néanmoins sûrement de la première partie (inachevée, orage oblige) du concert d’ Axel Bauer que le groupe poposa sur la grande scène de la place de l’hotel de ville de Roanne le 21 Juin 2006.

Ce 25 Novembre à la salle Pierre Hénon de Mably (42), une soirée exceptionnelle était organisée (*) à l’occasion de la sortie de leur premier album, “Praying for the light to come in”.

La salle configurée exceptionnellement en places assises avec un matériel d’éclairage et des techniciens doués offrit un écrin au groupe, ainsi qu’à l’autre auteur/compositeur interprète local qui assurait l’ouverture de la soirée : Godot (Jérôme Bodon. Un cd ep et un album sont disponibles).
Godot en solo, guitare douze cordes et harmonica à l’occasion pour seuls accompagnateurs, a offert au public un set intimiste plutôt réussi. Le jeu énergique et saccadé un peu systématique de Godot à la guitare mériterait d’être plus souvent posé; cependant quelques morceaux moins enflammés ont permis de se faire une bonne idée des grandes qualités d’interprète et d’auteur/composisteur de Jérôme.

Si son approche vocale habitée rappelle sans détour Jeff Buckley ou parfois Dominique A on sent cependant pointer une personnalité sur certains morceaux. Et ceux-là donnent des frissons. Ce n’est pas le moindre des atouts de Godot.


Quand Haunted Candy Shop fait son entrée sur scène, c’est dans l’obscurité, en vrais pros. Une ambiance étrange est installée... une mélodie Floydienne monte doucement mais sûrement. On s’attend à une cassure, à une fêlure, mais l’énergie arrive, le chant aussi, et là, on sait que ce concert ne sera pas anodin.
On connaissait déjà les qualités vocales et de composition de Max Vavasseur, on sait maintenant qu’il a su s’entourer de bons musiciens pour mettre “en images” son univers.
Que se soit sur des moments calmes ou d’autres plus électriques, à aucun moment la maîtrise n’est relachée. Les lumières particulièrement soignées mettent admirablement en valeur l’ensemble du set, composé de superbes chansons qui s’enchainent.
Mélodies acrocheuses, âme à fleur de peau, fluidité de la guitare solo, du piano, bonne présene de la basse, batterie bien en place... c’est un sans faute.
La voix de Max fait parfois penser à Morissey, parfois à Paddy McAloon de Prefab Sprout, ou bien Jez Williams du groupe Doves.
Autant de références vocales on ne peut plus élogieuses dans le domaine concerné.

Et l’album ?
C’est une réussite. (voir chronique dans une autre note)

* Concert organisé par Urban Prod. Cette association roannaise a entre autre produit un CD compilation de la scène rock roannaise en 2005. Elle remet le couvert vers le 15 Décembrre avec un deuxième volume. (http://www.urbanprod.org/urban_story.htm)

mercredi 13 septembre 2006

Triste mais superbe Bois Maury !

Dulle Griet
(Tome 13 des Tours de Bois Maury)
Hermann
Glénat

Dans les Madeleines d’Hector (les dernières acquisitions du blogueur), une rubrique précédente, j’avais évoqué le grand talent d’ Hermann et mon désir de revenir plus longuement sur une série qu’il réalise en parallèle de Jérémiah depuis 1984 : Les Tours de Bois Maury.

A l’occasion de la parution ces jours du 13ème tome “Dulle Griet”, l’opportunité m’en est donc donnée d’autant plus qu’ un ouvrage cartonné de 32 pages sous une superbe couverture , offrant un explication de texte via une interview de l’auteur et une notice illustrée par album accompagne la bande dessinée.

Superbe chapitre que ce dernier tome de la série moyen-âgeuse d’Hermann qui a été réalisé d’après la toile éponyme (datée 1562) du maître flamand Bruegel l’ancien, bien que la logique de son fils Yves H laisse un peu perplexe.

...Dans les Flandres de l’époque, dans une Brugge imaginaire se trâment des évènements fantastiques liés au malin et ayant comme lien un femme dont la raison vacille, la Dulle Giret (ou Margot la folle).
Quel plaisir de retrouver le trait si personnel d’Hermann, et sa mise en couleur directe magnifique, cette fois dans des tons de gris. La couverture est encore superbe et le récit oppressant. Entre l‘inquisition chrétienne qui persécute les luthériens et le diable qui rôde, les paysages ont néanmoins la part belle, quelques vignettes offrant de beaux clins-d’oeil au peintre du XVIè siècle.

Yves H. s’imprégnant totalement de l’univers de l’époque en profite pour placer quelques personnages au profil romanesque, tel ce Toone, jeune rebelle empruntant à Till l’espiègle, qui revêt en toute fin les habits du diable. (normal pour un rebelle à l’église du pape !), ou bien maître Bruegel lui-même spectateur discret mais fasciné par l’enfer qui se déroule sous ses yeux.
Par contre , triste chevalier de Bois Maury qui s‘est mis dans de beaux draps afin de retrouver son pays et son château.... la pénible destinée de sa lignée ne lui est pas épargnée. Heureusement que la belle Tinne est là, prète à tout pour ce preux chevalier pourchassé par le diable...


...Après la série les Tours de Bois Maury, l’auteur avait fait périr son chevalier Aymar et nous avait entrainé dans un nouveau cycle où ont déjà été conté deux aventures de descendants de Bois Maury, l’une en 1281, l’autre en 1325. ("Assunta" et "Rodrigo"). Mais ces derniers épisodes nous avaient fait perdre un tant soit peu le “pied temporel”. Chaque tome narrant un nouveau lien de parenté, il n’était pas très aisé de s’y retrouver, bien que les deux derniers récits aient été tout à fait réussis au niveau scénaristique et graphique.)

“Dulle Griet”, qui se situe cette fois au XVIème siècle n’échappe qu’en partie à ce constat. Il renforce d’un côté l’idée selon laquelle il n’est plus de héros principal et que chaque histoire peut désormais se lire comme un véritable “one shot” (ce qui était déjà un peu le cas des tous premiers tomes des “Tours”), puisque le personnage intervient quand-même en cours de récit même si d’une façon presque anecdotique. (un bon second rôle).
Mais la toute fin retisse tout de même le lien en refaisant appel à la même quête du château que Bois Maury mène.
C’est en fait une fin dans la fin, et le début d’une autre histoire.

... Faire simple lorsque l’on peut faire compliquer semble être la recette des Hermann, père et fils, et c’est tant mieux !

ps de dernière minute : rendez-vous sur le site d'Hermann, un surprise de taille vous attend ! Comme quoi, la famille a de la suite dans les idées.

mardi 20 juin 2006

Quand la communication de proximité devient un art

Quand la communication devient un art, elle prend la forme d'un parcours mystérieux, initiatique, réservé aux heureux élus, aux curieux divers et aux amateurs d'écriture et donc de lecture...
et ceux ci se retrouvent :


Dans l’atmosphère intime
du parc et du Château de St Haon (le châtel, 42), où
de jour et de nuit, quatre-vingt seize lecteurs
se succéderont par séquence
de quinze minutes pour lire
en continu l’œuvre de :

VOLTAIRE « LES CONTES ET ROMANS »

L’œuvre sera lue pour elle-même
et pour le plaisir de ceux qui veulent
écouter encore le rire et la colère
du XVIIIème siècle…

Année 2008
du samedi 21 juin à 18heures
au dimanche 22 juin à 18heures
Saint Haon-le-Châtel
Le Château de St Haon

« Je suis las des montagnes qui dansent, des fleuves qui retournent à leur source et des morts qui ressuscitent...»

On utilise le texte des éditions de poche
« Folio classique »
N° 2347 et 2358



L’association « Demain dès l’aube »
vous invite à participer à cet événement
en proposant vos disponibilités de lecture, jours et horaires
et le faisant savoir à :

Jean MATHIEU
Rue Chateaumorand
42 370 SAINT-HAON-le-CHÂTEL

04 77 64 21 90
06 31 11 30 94
http://jm-genealogie.neuf.fr/

voir la note précédente.

mercredi 24 mai 2006

I am the Punisher !... (and I don't know what to do with myself)

(re-post du 24/05/06)

Il y a des matins où l'on se dit que le réveil arrive au bon moment. Juste lorsque la situation devient embarassante au possible.

...Avant hier j'ai rêvé que j'étais un tueur.
Je suis armé d'un fusil automatique, et je suis posté au pied d'une tour d'un quelconque environnement urbain moderne. Je viens d'abattre au moins une personne, non déterminée, et je commence à organiser ma fuite.

Mais je n'ai pas de sac, pas de voiture... De plus, l'environnement se transforme soudain en camping légèrement boisé, mais par des pins clairsemés.
J'essaie de cacher bêtement mon fusil automatique le long de ma jambe droite, et accélère mon pas.

L'éteau se resserre. Je m'arrête un moment. Des complices me rejoignent...

Il semble que l'on ai une camionnette à disposition garée là, tout près.. Il suffit de se débarrasser des pièces à conviction... de l'arme... mais comment ? On trépigne... on se change devant des gens qui circulent...

Et la police qui commence à patrouiller là bas... on entend les sirènes.

Ces gens nous regardent... c'est sûr, quelqu'un va nous dénoncer...
Il faut jeter cette arme encombrante... et ce van, où va t'il nous emmener ??

C'est inextricable... J'ai peur.
Je me réveille.



Ah oui, au fait j'y repense : La veille au soir je prenais feu à cause des radiations, sous les traits du Punisher, dessiné par corben, dans un décor post-apocalyptique, après avoir buté tous les salauds du monde.
C'est tout ? ... bein oui.

Que faut-il en conclure ?

Je ne suis pas un vrai tueur.

samedi 4 mars 2006

Isaac le pirate ou le sexe enfin désinhibé.

(copyright : Blain/Dargaud)

A propos du tome 5 : Jacques paru chez Dargaud en Juin 2005.
C'est une série que l'on a vu arriver tranquillement en 2001 dans les bacs des librairies. Ecrite et dessinée par un artiste qui avait déjà impressionné avec des titres comme “Le réducteur de vitesse“ ou les deux tomes de “Hiram Lowatt et Placido“ : la Révolte d'Hop frog et Les Ogres“.
Et puis cette histoire de pirates et de peintre rondement menée a commencé à se mettre en place, au fil des tomes, se complexifiant au fur et à mesure, s'étoffant de nouveaux personnages, d'intrigues, de décors somptueux (ah le Paris du XVIIIe).
Ce qui me fait écrire aujourd'hui, et qui a entre autre retenu mon attention dans ce tome particulièrement réussi à de nombreux points de vue, c'est cette propension qu'à Christophe Blain à offrir, comme certains de ses collègues dessinateurs contemporains (Sfar par exemple dans Pascin, Les olives noires, ou même le Grand vampire,...), des scénarios aux images érotiques complètement décomplexées.

Dans “Jacques“, donc, on se surprend, en tant qu'homme* à apprécier et à trouver presque normal ces scènes d'amour où les corps s'enlacent et s'embrassent goulûment , se caressent (en feignant de dormir parfois ) dans un érotisme torride, où il n'est pas rare de montrer diverses pratiques sexuelles comme le cunnilingus ou des pipes, ou quelques positions choisies dans les endroits les plus divers.
Qu'est-ce que cela veut dire ? que la “nouvelle“ bande dessinée française est décomplexée ?, que l'érotisme maintenant “classique“ des années Charlie, ou reconnu comme tel dans le milieu BD est dépassé et donne lieu aujourd'hui à une autre interprétation ? que enfin, ce qu'on a appellé “la nouvelle vague BD“ (couverture de Télérama n° 2736 de Juin 2002) n'a plus rien à prouver en terme de sérieux et qu'elle peut, maintenant que ses auteurs font les unes de magazines bien pensant (Télérama ou la Vie catholique par exemple) passer à autre chose, de plus sincère et personnel, à savoir : mettre en image les vrais fantasmes de l'homme moyen ? (**)
Isaac le peintre, ou Jacques, son ami pirate au long nez s'en donnent à coeur joie, et ne refoulent en tous les cas pas leurs désirs sexuels... et c'est tant mieux, mais encore si peu courant dans la BD moderne.

Que nos nouveaux héros de bande dessinée vivent et vivent bien, comme dans la vraie vie, c'est tout ce que l'on leur souhaite, ... et pour notre plus grand plaisir !

(*comment réagissent les femmes lectrices ? n'hésitez pas mesdames à me le dire)

** Lorsque l'on met en exergue que la première chronique régulière de BD de Télérama ne date que du 15 Octobre 2003 , sous la plume de Cécile Maveyraud, rédactrice de précédents articles sur Sfar ou Blain justement, (à chaque fois à l'occasion bien sûr du festival d'Angoulème), cela montre quand même le retard que cette presse a pu prendre avec le média en tant que référence littéraire.

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