dimanche 1 octobre 2017

« Opposées complémentaires », gagnant du prix Roger Gascon à Roanne


Vendredi 22 Septembre a eu lieu au cinema l'Espace Renoir de Roanne la treizième édition de la soirée de présentation des courts métrages de l'option audiovisuelle du lycée Jean Puy, année de terminale.
Huit films étaient en lice. La soirée a d'abord débuté avec la projection des traditionnels spots d'or (1), puis un film documentaire du lycée Jérémie Delarue, de Charlieu : « Mauve ». Un bon documentaire traitant du Genre, donnant la parole à trois générations, et enfin du film gagnant de l'année 2016 : « No Name » d'Iris Lataste. La seconde partie de soirée a présenté les films en compétition {Voir notre avis (2)}, le public présent devant voter pour celui de son choix.

Lundi 25 Septembre, les gagnants étaient désignés après dépouillement des votes, par les professeurs, dont la principale : madame Guillaume. Il s'agit de :
« Opposées complémentaires », réalisé par : Elyne Cottin, Laureline Guigue, et Gwénaëlle Garnier. 
Un film plébiscité par le public, mettant l'accent sur la vie et les sentiments de lycéens dans une ville moyenne aujourd'hui. 

L'occasion de parler cinéma et de choix de vie avec cette équipe de copines qui a choisi d'aborder avec talent un sujet de société contemporain pas anodin : un début de relation homosexuelle entre deux amies de lycée.

L'équipe avec la gérante de la boutique I-Code


Franck : Avant toute chose, félicitations pour ce prix ! Pouvez-vous vous présenter les unes et les autres :  Nom, prénom, âge, et situation d'études actuelles ? 

Elyne Cottin (Réalisatrice, et montage)  : 18 ans, en DUT techniques de Commercialisation à Roanne.
Guigue Laureline (Cadre et montage) : 18 ans. Étudiante en prépa ECE à Saint-Étienne.

Garnier Gwénaëlle (Son et montage) : 18 ans, Étudiante en MAN au Lycée hôtelier Paul Augier à Nice.

Lyse Perraud (une des deux principales actrices): Je viens d'avoir 18 ans et je viens de commencer une licence en sciences sociales à Lyon2

Comment est venue cette idée de scénario ? Qui l'a choisie ? 


La médiathèque de Roanne comme décor
Laureline : Elyne a eu l'idée du scénario et comme ce sujet me tenait à cœur je lui ai tout de suite demandé si je pouvais travailler avec elle.

Gwenaelle : Elyne a eu l'idée du scénario pendant les vacances et l'a présenté à la rentrée. N'ayant pas d'idée j'ai trouvé le sujet assez intéressant. De plus, la différence entre les deux filles correspondait bien au thème imposé pour notre film : "Contraire/Contraste".


Elyne : J'ai eu l'idée du scénario. Je l'avais en tête depuis un moment.
Le thème sur l'homosexualité me tenait à cœur. Connaissant plusieurs personnes homosexuelles et vu les discriminations qu'ils pouvaient subir, je voulais montrer que l'amour n'avait pas de sexe.



C'est un sujet à la fois polémique, mais un peu à la mode depuis une poignée d'années. Qu'est-ce qui a plus guidé votre choix ? 

Laureline : Ce que je souhaitais le plus au fond de moi c'était réaliser un film qui produise quelque chose sur le spectateur et qu'il soit par la suite d'avantage ouvert d'esprit.

Gwenaëlle : Je pense que ce qui a le plus guidé mon choix c'est que notre court métrage montre le rejet de l'homosexualité du côté familial. Certes les jeunes sont de plus en plus libérés sur ce sujet et s'assument pleinement auprès de la société mais ce qui peut être le plus difficile c'est de l'avouer à sa famille qui peut être très réticente. Or, le jugement d'une famille touche généralement plus que celui de la société.

Lyse : Elyne m'a parlé du sujet, m'a proposé de participer. J'ai dit oui directement parce que c'est un sujet qui me tient à coeur et parce que je me retrouvais plutôt bien dans la peau de Constance. J'ai aimé cette idée d'aborder un tel thème, parce qu'il était censé, vu les différences de mentalités qui peuvent encore exister dans la société actuelle.
...Ne faisant pas l'option CAV, je n'ai eu que très peu d'influence sur les prises de décisions. J'ai suivi les filles.

Avez-vous vu "La Vie d'Adèle" d'Abdellatif Kechiche ?  et qu'en avez-vous pensé ? 

Laureline : Oui j'ai vu « La Vie d'Adèle ». Il y a d'ailleurs des petits clins d'œil dans notre film. Celui-ci a la réputation d'être dur surtout au niveau des scènes de sexe et c'est le cas. Par ailleurs, le réalisateur réussit très bien à montrer l'évolution de la relation entre les deux jeunes filles et l'admiration qu'a Adèle pour Emma.

Gwenaelle : Non

Elyne : Oui j'ai vu le film,. Il m'a énormément touché tant au niveau du scénario que de la construction des images. Comme l'a dit Laureline, notre court métrage possède quelques détails sur ce film.


Question plus pour Elyne et Lise qui ont joué dans le film les deux rôle principaux : comment avez vous abordé vos rôles respectifs ? Les scènes "rapprochées" ont-elles été dures à tourner pour vous ?

Elyne :  Je n'étais pas très à l'aise devant la caméra, c'était la première fois. Mais au fur et à mesure j'ai réussi à l'oublier.
Pour les scènes rapprochées, c'était gênant devant la caméra. Mais Lyse est ma meilleure amie en dehors. Donc j'étais beaucoup moins gênée que si je devais le faire avec une autre personne.

Lyse : Comme Elyne l'a dit, le fait d’être meilleures amies a facilité les choses. J'étais pas vraiment mal à l'aise avec elle, c'était plutôt le regard de la caméra qui me rendait soucieuse. Mon rôle c'est quand même d'une certaine manière : moi, alors l'aborder n'était pas si difficile.


Je souhaitais revenir sur ce qu'a écrit Gwenaelle avant de poser d'autres questions plus techniques : "Certes les jeunes sont de plus en plus libérés sur ce sujet"...
Pensez-vous qu'il s'agit d'avantage d'une question de génération, que d'éducation ?  Et : comment vos propres parents ont-ils réagi à votre scénario ?

Laureline : Je pense que c'est un peu des deux, mais je dirais plus : "éducation".



Elyne : Je dirais les deux. Les nouvelles générations sont quand même beaucoup plus ouvertes que les précédentes. Mais c'est aussi une question d'éducation. Ma mère a bien réagi. Elle a trouvé que c'était une bonne idée. Mon père était un peu plus réticent mais plus sur le fait que c'est moi qui est actrice et que ça lui faisait "bizarre"...

Gwenaelle : Ça dépend quelle génération. Les seniors ont énormément de mal j'ai l'impression,  mais l'éducation joue beaucoup aussi. Il y a des jeunes de notre âge qui sont très fermés à ce sujet car leur éducation ne leur a pas ouvert l'esprit.
En étant franche, ils n'en avaient rien à faire. D'ailleurs ils me demandent souvent : "T'as rencontré un copain à Nice? Ou une copine d'ailleurs?"

Lyse : Je pense que l'homosexualité n'est pas vraiment une question de génération mais plutôt d'éducation, dans le sens où si on avait éduqué les anciennes génération de manière plus ouverte d'esprit, ou tout simplement de manière à ne pas voir LA différence en matière d'orientation sexuelle, la question de d'homosexualité, de bisexualité... ne se poserait pas, ou beaucoup moins.

Mes parents étaient surpris ... étonnés. Ce ne sont pas les bons mots mais je ne trouve pas. Ce n'était pas de la réticence, mais de l'étonnement peut être plus. En voyant le résultat final, ils m'ont dit que j'avais 'osé'.

La musique n'est pas un des points les plus décisifs/importants de votre film par rapport aux autres films projetés samedi soir. Comment avez-vous géré cet aspect-là ?

Elyne : Et bien bonne question. On s'est concentré vraiment sur le contenu du film, les émotions.
J'avoue qu'on a aussi eu un petit problème de timing. Du coup, les musiques ne sont pas très recherchées. Sauf celle du film « La vie d'Adèle » qu'on a mis à la fin.

Qu'est-ce qui a dicté vos choix de décors ? 

Elyne : C'est l'univers des deux filles qui nous a dicté les choix de décors.
Constance est droite, studieuse... donc la médiathèque et les livres bien rangés lui correspondaient bien. Alors que Charlie est quelqu'un de désordonné et instable et sans "règles". Donc le squat avec les affaires qui ne sont pas rangées lui correspondait plus qu'une chambre bien rangée par exemple, où l'on ne fume pas à l'intérieur.

Petit mise en abime sur la vie culturelle locale.
Le casting a t-il été compliqué ?
Et comment avez-vous géré le son et la lumière sur les lieux de tournage ? 

Laureline : Pour le casting on a demandé à nos entourages et on a vite trouvé les personnes. On a pas eu trop de mal, mis à part trouver quelqu'un qui veuille jouer le père de Constance : rôle un peu plus complexe (3)

Pour ma part j'ai dû gérer la lumière. On a, la plupart du temps, utilisé un éclairage 3 points. Dans la salle de bain, la teinte rouge est un choix. On voulait faire une ambiance un peu plus spéciale et que la scène marque le spectateur. De plus, le rouge représente l'amour.

Qu'est-ce que cette expérience vous a apporté ? 
Cela vous a t-il donné envie ?  Et avez-vous d'autres idées ou projets liés au cinéma ?


Photo de tournage
Laureline : Ce tournage m'a beaucoup apporté. C'est un peu un "rêve" qui se réalise. Étant passionnée de cinéma, pouvoir réaliser et tourner son propre court-métrage est juste top. On a dû s'organiser pour contacter le directeur de la médiathèque de Roanne et la responsable du magasin de vêtements I-Code. Le tournage ne s'est pas toujours déroulé comme on le souhaitait. On a dû persévérer et travailler en groupe pour réussir.

Ce tournage m'a aussi ouvert les yeux. J'ai réalisé que je ne souhaitais pas en faire directement mon métier mais plutôt garder le cinéma comme passion, de peur d'être "dégoûtée" . Car un tournage, c'est beaucoup de problèmes !
Pas d'autres projets pour l'instant (j'attends qu'Elyne me recontacte.) Non je rigole ! ...J'aimerais beaucoup avoir une nouvelle expérience comme celle-ci.

Gwenaelle : J'ai beaucoup apprécié cette expérience mais pour l'instant, je n'ai pas d'autres projets, mis à part regarder le plus de films possible.

Lyse : J'ai appris à oser un peu plus, appris a être filmé dans des situations inhabituelles.
Ça m'a donné envie de recommencer à faire du théâtre. Je n'ai pas de projet actuellement, mais j'adorerais.

Elyne : Cette expérience m'a apporté beaucoup au niveau cinéma audio-visuel : la technique, le tournage. J'étais plongée dans mon rôle. Et le tournage a renforcé ma passion pour le cinéma.
J'ai un projet de prévu où je compte d'ailleurs collaborer avec Laureline!!

Elyne en pleine relecture du script, sur le tournage

Pour finir : Quels sont vos cinq films préférés ? 

Vos réalisateurs(trices) préféré(e)s ?

Laureline : 5 films préférés ?? C'est duuuur. Je n'ai pas vraiment de films préférés mais si je devais un citer un ce serait : « Laurence Anyways ». Et du coup, le réalisateur : Xavier Dolan.


Gwenaelle : Je serais incapable de choisir mes films préférés mais il y en a certains que je ne me lasse pas de revoir comme : « Les enfants du Marais », « The Grand Budapest hotel », « Beignets de Tomates vertes », « Titanic » (côté fille amoureuse de DiCaprio qui ressort, désolée) et tous les films avec Louis de Funès. Ah : et tous les Disney !
Et pour les réalisateurs, je n'ai pas de préférence mais si je devais choisir ça serait : Martin Scorsese et Jean Pierre Jeunet.


Lyse : « Rêve d'or », « De Rouille et d'os », « Compte tes blessures », « Divines », « 120 battements par minutes », « La vie d'Adèle », « I centi passi ».


Elyne : « Je vais bien ne t'en fais pas », « Inception », « La vie d'Adèle », « Le loup de Wall Street »,  « Juste la fin du monde ».
Ce sont les films qui m'ont le plus marqué. Difficile de choisir ! (Amoureuse de DiCaprio aussi....)

Difficile de répondre pour les réalisateurs. Je n'en ai pas de préférés.

Merci sinon pour cette petite interview.

Merci à toutes pour vos réponses.  Et encore bravo pour votre réussite sur ce premier court.  


FG.


(1) Les spots d'or sont des court-métrages et spots radio/affiches publicitaires réalisés par les étudiants de Tec de Co de l'IUT de Roanne.


(2) Anastasia, Dream On, Lumière, Majordome, Opposées complémentaires, Ombres denses, Poème et allumettes, Sombre lueurs.

Les réalisations cette année étaient d'assez bonne qualité, avec une diversité plaisante et des clins d'oeil cinématographiques biens sentis, voire trop présents pour certains (Ombres denses enfilant une série de plusieurs secondes avec des extraits de classiques et jouant un peu trop sur l'esthétique). Celui-ci a ceci dit aussi proposé un très beau moment en extérieur, dans la montagne lors d'une scène "dansée" quasiment BergmanienneOn aura remarqué une présence discrète de l'humour :(Anastasia : assez osé sur le synopsis, Opposées complémentaires, Poème et allumettes), de l'horreur (Dream On), un témoignage amoureux sincère (Lumière), même si un souci de son n'a pas permis d'apprécier ce court à sa juste valeur. Les ambiances  fantastiques étaient aussi présentes avec : « Dream on », « Sombre lueurs »,  « Majordome ». Dommage que ce dernier n'ait pas su utiliser correctement son décor très particulier d'hôtel moyen-âgeux de Saint-Haon le Châtel, et que le scénario ait été un peu trop bâclé, ne permettant pas une complète compréhension du récit et de sa chute. La meilleure photo pouvant revenir à Poème et allumettes, lors d'une scène de clopage sur un banc à l'extérieur d'une maison de campagne, de toute beauté. La musique a aussi été utilisée différemment par les réalisateurs, et on a apprécié particulièrement celle, omniprésente, très rock et country, diffusée via une platine vinyle, dans Dream on. Du bon travail, quoi qu'il en soit, pour des premiers travaux.

(3) Ndlr : du coup, je m'y suis collé, avec plus ou moins de bonheur;-))


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