Yann Madé est un quinqua qui s’assume ("enfin" dira t-on), mais n’est-ce
pas la difficulté de tous les mecs arrivés à la cinquantaine ?
Avec
ce Microsillons, qui raconte finalement sa vie, il nous embarque dans le
sillon des ses relations avec la musique, l’art, les femmes, la danse,
au long des années 70 à 2020, en suivant les sorties
discographiques de ces années ; d’abord influencé par les « Alphas » du
lycée, puis par ses copines, et enfin par ses découvertes « fortuites ».
Là où l’on aurait pu attendre une redite d’un Petit livre rock d’Hervé Bourhis, ou d'un Locke Groove (JC Menu), on est surpris de découvrir l’univers graphique assez personnel (surtout vers la fin, avec ses aplats de gris très "contemporain" (lol), d’un auteur pourtant connu du milieu depuis 2013 et Encore raté, aux éditions VolcanAmadeus, la structure qu’il a lui-même monté pour ses animations socio culturelles. Yann a aussi tâté du fanzine avec Kérosène, le zarmagazine, et cela se ressent dans sa manière de jouer du noir et du blanc et de l’autobio un peu autoparodique, mais pas que. Car Yann Madé est capable d’une analyse assez pertinente et émouvante sur sa difficile relation avec la gente féminine, qui, d’après lui, « lui est restée dedans » si l’on souhaite, comme il le fait tout au long de son parcours, paraphraser un groupe qu’il a bien sûr écouté et qui est même représenté dés les premières pages. (Téléphone « Fait divers », 1979).
Car c’est finalement la plus grande surprise de cet album : l'analyse bienvenue d’une auto critique du « genre alpha blanc quinqua moyen », un peu macho sur les bords, et qui reproduit, malgré lui, des réflexes acquis au fil des années.. jusqu’au jour où, devenu papa d’une fille (et de deux garçons), le déclic se fait quelque peu… C’est l’occasion aussi de revisiter une cinquantaine d’années en musique, mais sous l’angle très personnel d’une discographie pas forcément « idéale » (bah !), mais sincère, très variable, et élargie à un peu tous les genres, représentant finalement la vraie richesse d’un auteur qui a su s’interroger, grâce à un questionnement très humain, sur sa place au sein d’un monde fait de beaucoup d’injustices et de clichés. On sera certainement davantage touché par cette franchise et par cette faculté si l’on a l’âge approximatif de l’auteur, mais quoi qu’il en soit, il faut lire ce bouquin graphique. En effet, si sa narration est un peu casse gueule parfois, parce que jonglant avec quelques répétitions, tout en structurant son propos dés le départ, elle se rattrape et finit par retrouver son équilibre, qui commence et se termine justement sur la thématique de la danse, que Yann a fini par découvrir et adorer. Microsillons aurait très bien pu s’appeler Micro Dancing, tant on ressent le besoin de, nous aussi, faire quelques pas de côté avec cet auteur touchant.
Original, graphiquement très sympathique, et bien foutu.
FG
Microsillons, de Yann Madé
Éditions Jarjille (17 €) - ISBN : 978-2-918658-88-7
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire