samedi 30 décembre 2017

« Ninjak T4 : le siège de King's Castle » par Matt kindt, Diego Bernard, et al.

Dépêchons nous de conclure l'année 2017 avec des chroniques d'albums passionnants, qui le méritent.

Dans cet épisode un peu à part de Ninjak, notre héros est mis gravement en danger. La tension, plus que jamais, est à son comble, grâce à une ambiance davantage polar et Jason Bourne que Science-fiction.

Colin Young, riche héritier, espion et mercenaire, membre du groupe « Unity », habite le château familial imposant de King's castle. C'est là, qu'à l'instar d'un autre héros sombre vivant à Gotham, il se repose et stocke ses armes et ses véhicules entre deux missions. Or, celui-ci sort justement d'une aventure particulièrement exubérante (voir le Tome 3 « Opération au-delà »). Son identité, jusqu’à présent tenue secrète, est durement mise à l’épreuve aujourd’hui, alors que son sixième sens est mis en alerte in extremis, juste avant que l'entièreté du château ne soit réduit en ruines. Lui que l'on connait d'habitude chasseur efficace, furtif, doit à son tour assumer le rôle de la proie. Blessé, mais échappant de peu à cette destruction programmée, et ne trouvant de l’aide qu’auprès de sa collègue Limewire, pouvant lui offrir un peu de répit et de support matériel grâce à ses talents, il va tâcher de comprendre qui le connait assez bien pour pouvoir lui nuire autant.


Matt Kindt, scénariste doué de l'univers Valiant, mais aussi dessinateur à l'occasion, sur des sujets plus intimes, a choisi ici de mettre son héros d'habitude presque intouchable dans une position de fragilité intéressante. On a déjà pu lire ce genre de thème auprès d'autres personnages, et c'est un retournement assez classique dans le médium. Néanmoins, voir Colin Young en civil, dérouté, n'hésitant pas à se grimer grossièrement en homme chauve mure et ventru pour arriver à obtenir l'info qui lui manque vaut son pesant d'or. L'intrusion sans sa vie privée n'est pas l'un des éléments les moins intéressants de ce chapitre, et cet aspect est d'ailleurs développé dans des compléments traitant du passé de ses parents : deux espions en pleine guerre Froide. Ces "dossiers secrets" sont dessinés de belle manière par Khoi Pham (ep. 14-15) et Andres Guinaldo (ep. 16-17) et permettent de mieux comprendre le parcours du jeune homme.

Couverture de Jelena Kevic Djurdjevic


Je n'aurai de cesse de répéter ce qui est une évidence pour toutes celles et ceux qui ont fait l'effort d'ouvrir un album des éditions Bliss/Valiant : ces récits font partie de la crème des albums comics pour adulte de ces trois derniers années. L'univers très cohérent qu'à su développer cette maison d'édition étonne et rend presque ringards ceux, plus classiques, de ses deux autres plus gros concurrents : Marvel et DC.

Un excellent épisode, qui ravira même les moins habitués à l’éditeur, celui-ci pouvant se lire quasiment comme un récit indépendant et auto suffisant.

FG


« Ninjak T4 : le siège de King's Castle » par Matt Kindt, Diego Bernard, et al. (Novembre 2017)
Éditions Bliss comics (14,95 €) - ISBN : 978-2-37578-044-2

vendredi 29 décembre 2017

« Faith T3 : Superstar » par Jody Houser, Megan Hetrick et Joe Eisma

Encore une chronique un peu tardive, mais on fait ce qu'on peut en terme de retard de lectures comics, comme Faith d'ailleurs ;-)!

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore Faith 
Herbert, alias Summer Smith, la super héroïne la plus cool des comics modernes, un petit tour vers la chronique du tome 2 s'impose, afin de ressentir un peu l'ambiance des épisodes précédents.
Faith nous revient dans un récit intitulé « DarkStar »,
parti dans les numéros 5 et 6 de ce recueil. Elle tente d'aider la maman de Zoé Hines, une jeune fille de onze ans, starlette des écrans qui a en fait été possédée par une entité malsaine, aspirant l'énergie des humains. Cette entité a échappé au projet Rising Spirit qui avait pensé pouvoir la contenir. 
Meghan Hetrick dessine les chapitres principaux, à l'encrage agréable très appuyé sur les contours, (cf ci-dessus), tandis que Pere Perez dessine un des épisodes de complément lié aux élections américaines : « Faith en politique », scénarisé par Louise Simonson. Très engagé, et mettant en scène Hillary Clinton, ce récit de 10 pages où celle qui aurait pu devenir présidente des Etats unis est comparée à une héroïne, le pouvoir de voler en moins, se conclue par une incitation au vote.
« Pas de repos », plus court de 4 pages, dessiné par Colleen Doran et scénarisé par Rafer Roberts, rappelle combien l'héroïne est humaine et se démarque dans le ton, au long de ses aventures très modernes, de ses confrères ou consoeurs super héroïques. Aider son prochain est une action simple marquant souvent ses sorties. 


Dans les chapitres huit et neuf, dessinés par Joe Eisma, (ci à droite), il est question de psychologie et d'introversion, puisque Faith doit affronter ses propres démons, se matérialisant dans sa vie intime sous la forme de ses parents morts revenants. Les insertions de rêves, dessinés quant à eux, comme habituellement, par Marguerite Sauvage, incluent aussi d'autres apparitions morbides, comme sa copine des Renégats : Charlene. Mais ces "visions" bien qu'importantes ("Il vaut mieux être hanté par quelque chose qu'oublier" nous indique Jody Houser par le biais de son héroïne), sont elles vraiment réelles ?

Un bon tome, qui rappelle combien la série propose une lecture moderne de notre société urbaine tout en s'adressant, et c'est assez rare pour être signalé, grâce à un ton léger et plutôt bienveillant, à un public très large et familial. Offrez Faith !



« Faith T3 : Superstar » par Jody Houser, Megan Hetrick et Joe Eisma (Novembre 2017)
Editions Bliss comics (14,95 €) - SBN : 978-2-37578-030-5

« Bloodshot USA » par Jeff Lemire, Doug Braithwaite et Renato Guedes

Abordé rapidement sur BDzoom lors de l'interview de Doug Braithwaite, revenons un peu plus en détail sur ce tome passionnant de la série « Bloodshot Reborn », paru en Septembre 2017.

Ce sixième tome se déroulant en milieu urbain clôt le premier cycle de « Bloodshot » écrit par Jeff Lemire.Le projet Rising Spirit à lâché le virus de Nanites sur la population d'une grande ville et l'escouade des Bloodshot, échappée de l'île où ils ont du subir les assauts de « Deathmate » (voir précédent épisode), va avoir fort à faire pour tenter de réduire le désastre. Pour les aider : « Limewire », « Ninjak » et un atout inattendu : Kaith.

Si l'on a l'impression de lire « Punisher  en se délectant des aventures des « Bloodshot » et surtout celle-ci, particulièrement apocalyptique, c'est un peu normal. Il faut dire que Ray Garisson, le héros bodybuildé, à la peau blanche et au tee shirt trés stylisé, possède bien des atouts de Marine sur entraîné. Cependant, là où Frank Castle a perdu sa famille et ne fait pas dans la dentelle, Bloodshot (premier du nom), poursuit un trajet un peu inverse, car il n'a de cesse, depuis sa reprise par Jeff Lemire au scénario, de se refaire une identité plus humaine, et de refonder une famille. (1)


Dans ce capharnaüm, provoqué par l'invasion des Nanites, sous forme de virus, il pourrait être tentant de ne voir qu'un récit d'action et de bataille héroïque. Pourtant, l'univers Valiant fait preuve de bien plus d'intelligence qu'il ne pourrait paraître à des lecteurs peu avertis, et le scénariste, de nombreuses fois primé pour son travail, délivre une subtilité dans ses histoires de science-fiction, ainsi qu'un ton unique, forçant le respect. L'humanité qui se dégage de cette conclusion, que l'on a ressenti tout du long du cycle, comme une évolution progressive, trouve son apogée ici, bien que les scènes d'action soient aussi magistralement réalisées. L'épisode bonus « Bloodshot Reborn Zero », dessiné par Renato Guedes, offre les dernières clefs d'une fin apaisée. Le dessin de Doug Braithwaite sur les quatre épisodes principaux est magnifique et participe, à part égale, à faire de cette série un très grand comics pour adultes, indispensable à tout amateur.

FG

(1) A noter que la première série de  « Bloodshot », initialement publiée par Panini Comics en 2013 -2014, et jusqu'à présent uniquement disponible sous forme numérique auprès de Bliss Comics, va bénéficier en 2018 d'une intégrale sous forme d'album.


« Bloodshot USA » par Jeff Lemire, Doug Braithwaite et Renato Guedes (Sept 2017)
« É
ditions Bliss comics (16,95 €) - ISBN : 978-2-37578-022-0


jeudi 21 décembre 2017

Il est plus que temps de vous emparer d'« Anita Bomba : le journal d’une emmerdeuse intégrale T1 », par Eric Gratien et Cromwell

On est fin 2017 et je n’ai toujours pas dit tout le bien que je pensais de la superbe réédition en intégrale d’« Anita Bomba » de Cromwell, publiée cette année par les éditions Akileos. Il se trouve que le premier tirage n’a pas suffit à contenter tous les lecteurs et qu’un deuxième a été lancé il y a quelques semaines. Justement pour vous, lecteurs en retard.

De quoi s’agit-il ?  et bien tout simplement d’une des BD les plus déglinguées que les années quatre-vingt-dix ont pu porter. (Quatre tomes entre 1994 et 1997 et un cinquième en 2006.)

Si vous avez un jour découvert le travail de Cromwell, vous savez de quoi ce gars est capable en terme de dessin (« Le Dernier des Mohicans », Soleil 2010, par exemple). Il a ceci-dit aussi créé avec ses potes Ralf et Riff Reb’s la série punk « Le Bal de la sueur » dans les années quatre-vingt. Un ovni qui était aussi fou que l’autre BD légendaire « La véritable histoire de Ashe Barret », de Vincent Hardy (1986), par exemple, ou des trucs du genre « Peter Pank » (Alphamax, 1985). Vous suivez ?
Un  ton, une gouaille, à la fois typiquement française, et des influences de comics anglais imbibées de Rock’nroll dans le délire, qui rendaient ces albums complètement uniques. (Bon, ok, Alphamax est espagnol, faite pas iech !) On retrouve complètement ça aujourd'hui avec Anita.



Anita est une aventurière moderne et donc indépendante, traversant ce genre d’univers post apocalyptique quelque peu Steam punk, ou le glauque de ruelles urbaines crasseuses côtoie les jungles infestées de drôles de monstres ou d’ermites, où les savants fous fabriquent des robots chiens espions, où l’on peut partir à la quête d’un trésor… et tout cela raconté via le journal d’Anita, qui si elle sait écrire, ne gagnera ceci-dit pas le prix Nobel de littérature. La longiligne (vraie) rousse est ceci dit très mignonne et peut attirer les convoitises de mâles envieux, qu’elle ne manquera pas de remettre à leur place à coup de latte là où il faut. Mais cela n’empêche pas, croyez-le ou non, la poésie dans ces albums, oh non. C’est sans doute le trait du scénariste Eric Gratien.



Les trois premiers albums restés indisponibles depuis la fin des années quatre-vingt-dix sont donc à nouveau édités dans une superbe édition cartonnée, avec bonus par Akiléos depuis Avril 2017, et cela alors que les deux auteurs ont relancé en 2014 la série « Anita Bomba », par le truchement des mêmes éditions Akiléos, dans un format comics souple limité. (3 numéros « Le nouveau journal d'Anita Bomba » à ce jour.)

Le nouveau journal dAnita Bomba

La suite de la réédition des deux autres albums devrait paraître au cours de l’année 2018, avec un nouveau volume « inédit » évidemment, pour faire bonne mesure au niveau poids ;-)

Foncez, c’est du tout bon, et surtout bien plus original que la plupart des albums BD traditionnels que l’on peut trouver dans les rayons surchargés de nos librairies traditionnelles.
FG


« Anita Bomba : le journal d’une emmerdeuse intégrale T1 » par Eric Gratien et Cromwell

Éditions Akiléos (20 €) - ISBN 978-2-355-74294-1

lundi 18 décembre 2017

« The Archies One Shot All New Double Sized Issue » par Alex Segura et Joe Eisma


Depuis 2015, la célèbre série de comics « The Archies », créée fin 1941 dans la revue Peps par la société du même nom (Archie comic publications, 1939) a été relancée au numéro 1, sous l'intitulé général "the New Riverdale" afin de s'adapter à une nouvelle génération de lecteurs.

On connaît presque tous, sans s'en rendre compte, le phénomène « Archies », tant il a marqué la culture populaire, via les bandes dessinées du même nom ou ses versions TV et cinéma. Archie Andrews est un jeune  lycéen que l'on va suivre dans ses relations amoureuses, partagées entre Valérie Smith, Veronica Lodge et Bethy Cooper. Avec son autre meilleur ami Jughead Jones, il va fonder le groupe Pop les Archies. On retrouve un peu de l'ambiance du meilleur de cette version pop des Archies dans les aventures plus modernes de l'autre série d'animation fun et adolescente : « Scoobidou » (1969), si l'on veut émettre un parallèle.

La série s'adresse avant tout à un lectorat adolescent, et aujourd'hui, assez dans l'esprit de ce que l'on a pu voir dans la série « Twilight » (2008-2012) au cinéma. C'est ainsi que la série parallèle, encore plus mature « Riverdale » a été créée pour la TV. Elle a été lancée sur Netflix pour l'Europe le 27 janvier, et dans le même temps, des comics ont été publiés. (1) 


Ce qui nous intéresse sur cette chronique, c'est un One Shot racontant la création du fameux groupe des Archies. L'intérêt de ce fascicule est au moins triple, puisqu'il propose trois couvertures différentes, par David Mack, Audrey Mok et Jaime Hernandez. En fan de Jaime, c'est ce qui m'a fait acheter le numéro, en plus de son aspect et de son intérêt pop rock.
L'histoire est assez simple, et raconte la difficulté d'Archie, auteur compositeur guitariste à organiser et monter un groupe pop.  Malgré son talent, il va devoir lutter contre certains de ses démons intérieurs (l'ego ou l'autoritarisme créatif, entre autre), pour pouvoir maintenir l'équilibre nécessaire à toute formation Rock. Pour celles et ceux qui ont vu et apprécié le film « The Commitments », (Alan Parker 1991), on retrouve les questionnements et ambiances propres à cette thématique.

Le dessin de Joe Eisma, moderne et adapté à ce genre de récit pour adolescents se laisse lire, sans apporter vraiment d'émotions esthétiques particulières. Nous sommes dans du comics grand public, réalisé à la chaine (c'est l'impression), et destiné à remplir un numéro supplémentaire lié à la licence. Ces remarques négatives passées, on se laisse distraire et happer par la joyeuse bande des Archies, et l'émotion est même un brin au rendez vous. Le but, même pas caché, étant bien sur, grâce aux publicités judicieusement placées en fin de chapitre, de nous rediriger vers la série TV et les comics dérivés « Riverdale ».

Info : Il semblerait que Glénat Comics soit en piste pour réaliser des traductions françaises en 2018 (dixit PlanèteBD).


FG


(1) http://biiinge.konbini.com/series/riverdale-visite-comics/

Voir Le site du lancement de la nouvelle série comics The Archies



« The Archies One Shot All New Double Sized Issue » par Alex Segura, Matthew Rosenberg et Joe Eisma.
Archie Comics, Juillet 2017

dimanche 17 décembre 2017

Conclusion pour « Shadows on the Grave » de Richard Corben


« Shadows on the Grave » T 6, 7, 8 par Richard Corden et divers (Dark Horse Comics)

Le mois de Septembre dernier a eu lieu la conclusion de la série « Shadows on the Grave », magnifiquement imaginée par Richard Corben et « colorisée » (en gris) par sa femme Beth Corben Reed, dans un renouveau vintage bien senti. On a déjà eu l’occasion de parler ici (numéros 1 et 2) ou là (tome 5) de ces comics noir et blanc divisés en deux parties : trois historiettes indépendantes dans la grande tradition Warren, et un récit au long cours en fin de fascicule :
«
Denaeus », se déroulant dans l’antiquité.




Le
numéro 6 propose :
En ouverture, (une sorte de préface contée), dans un superbe noir et blanc, le terrible « Lionel Wayne Jameson ».

Chapitre 1 : «
The Grifter », écrit par Mike Shields.
Histoire de Cole Jamison, commercial en panne (comme souvent) dans la campagne, qui tire à pied jusqu’à un petit village.Là, il est reçu comme un Dieu, à qui l'on propose tout ce qu’il veut. Les villageois le prennent apparemment pour quelqu’un d’autre. Mais.. quel prix sera à paye sen échange de ces « cadeaux » ?
«
Trapped  » nous conte la chasse dans les montagnes enneigées de Simon Orn, trappeur sans pitié.Lorsqu’il abat une créature étrange mi loup mi ours, protégée par la police montée, il ne se doute pas de la suite des évènements… « Birthday », un peu plus «  déjà vu » (merci Berni Wrightson et Stephen King ?) nous conte les souvenirs hantés de John Barston. Se confiant à son psy, il raconte sa rencontre, dans un cimetière, avec une femme déterrée, qui veut lui souhaiter son anniversaire en l’attirant à elle. Qui est cette femme,  pourquoi le hante t’elle ? et est-ce seulement un rêve ?
« Denaeus », chapitre 6 nous présente la suite tragique du roi Akrokos, qui a récemment vu sa famille massacrée et servie au repas du soir. Sa fin sera aussi particulièrement macabre.. Denaeus et Lustra, son nouvel amour, vont peut-être pouvoir commencer à savourer leur nouvelle vie.
C’est la « Hungry House » qui fait le quatrième de couverture, comme d’habitude présenté par Mag the Hag

Denaeus


Numéro 7 : ouverture avec « The Prisoner », mettant en scène le vieux Wilfried et sa soeur esclave Pearl.
1er chapitre :
« Legacy of Hate » : raconte la fin de vie du vieux grippe-sous Joshua Bullard. Celui-ci reçoit sèchement ses deux neveux à son chevet, leurs annonçant qu’ils n’obtiendront rien de son héritage. Il sont pourtant loin d’être fortunés. Après sa mort, lorsque sa maison prend feu, il n’est plus question d’héritage. Mais Stan Haywood, le majordome de Bullard, vient rendre visite aux neveux pour leur proposer de récupérer la fortune du vieux, en fait cachée dans une crypte sous le manoir, avant sa mort, aux côté de sa momie. Est-ce un plan sans danger ?


« Digger » : Jed Aukman est un cousin éloigné du docteur Hardel Benrk. celui-ci, peu éduqué, est embauché comme fossoyeur au cimetière. Son acariâtre cousin lui a demandé de substituer le cercueil neuf d’un récent décédé, avec un plus ancien, afin d’en retirer un peu d’argent.
A la nuit, intrigué par l’attitude du pauvre fossoyeur, il le suit vers sa cabane, où celui-ci tient un dialogue étonnant avec une femme. De qui ce gueux peut il être l’amant ?  Il semblerait que ce soit de sa propre ex femme, morte empoisonnée par ses soins.  Impossible !? Et pourtant…
« Roadside Horror Museum » nous emmène sur le bord d’une route isolée, ou le couple formé par Carl et Doreen, prise en stop, s’aventure pour un détour d’arrangement. Le musée des horreurs qui s’offrent à eux dans une vieille bicoque les intrigue suffisamment pour y faire une halte. Dans le jardin de cet endroit tenu par une vieille femme étrangement accoutrée, de drôle de sculptures végétales, avec des formes vivantes enchevêtrées. Du beau travail en papier maché se dit Carl, qui ne souhaite pas s’attarder. Un peu plus tard, forcé par Doreen et revenant sur les lieux pour en avoir le coeur net, Carl va comprendre, à ses dépends, que les femmes aiment les jardins… à la folie.
Denaeus « Crushed » nous emmène dans les monts déserts où une troupe du prince Moronicles (fils du roi assassiné) pourchasse nos héros, mais leur habilité au tir et à l’embuscade va leur permettre d’en réchapper. Par contre, la vielle sorcière aveugle Grimera ne souhaite laisser aucune chance aux protagonistes, et scelle leur sort en poignardant Daneus, puis en déclenchant un éboulis général.

Quatrième de couverture :
Mag the hag : « The Switch »

Numéro 8 : ouverture avec « The Maze »

Chapitre 1 : « Antique Shop »
« Shifty » Boldner n’a plus rien à vendre dans sa boutique et se dit qu’il pourrait se renflouer en dérobant une pièce de collection dans les antiques de son voisin master Scoque. Mais celui-ci le voit venir de loin et le revoirt sans ménagement. le soir, après son départ Boldner force l’entrée et s’empare d’un étrange bébé caché au fond d’une jarre. Mais que voulait-il en faire ? Laissant pour mort l’ancien antiquaire, il s’enfuit avec son butin, à jamais.
« The Dare » Bixby et son copain Will s’amusent comme les deux enfants qu’ils sont dans le vieux cimetière proche déjà abandonné où ils ont réussi à s’introduire. Ils sont attirés par un mausolée à mauvaise réputation, à la grille à peine fermée. Mix tance Will d’y pénétrer, s’il ne veut pas passer pour un « couille-molle ». Celui-ci rentre.. et Bix referme la porte. Pourtant il ne pourra plus l’a rouvrir. il s’enfuit donc, allant tenter de cherche rd l’aide. Lorsqu’il revient avec le méchant gardien du cimetière.. plus de Will. On ne le reverra plus. Des années plus tard, Bix, devenu vieux, revient une dernière fois , s’efforçant à refaire le chemin jusqu’au mausolée. Bonne idée ?
Triste et tragique cette histoire d’enfant, une des meilleurs de la série.

« A Hill of Husbands »
Mureena Gasque est une jeune veuve qui a déjà enterré trois mardi fortunés. Elle visite sa mère dans le mausolée familial oui repose aussi Wilson Gasque. Puis elle va rendre visite au sommet de la colline à feu ses trois maris. Ceux-ci, certainement très frustrés de n’avoir pas pu profiter comme ils le souhaitaient de la belle Mureena, sortent de leur tombe et la pourchassé,a vide de son corps. Mureena va t’elle s’en sortir ? et comment ?  Heureusement qu’elle a gardé son sifflet.
Une très bon récit.

Denaeus « Petrified !! » 
Dans ce chapitre final, on assiste à un dénouement à la fois tragique émouvant, dont le mot clé est « Pétrifié ». 
« Daneus » nous aura embarqué dans une histoire de sword and sorcecy de bon niveau, magnifiquement dessiné par un Corben en grande forme, tant au niveau scénario que dessin.
Quatrième : « The Final Plot » : Mag the Hag nous la joue « dernière histoire sans fin » pour cet ultime épisode conclusif. Bien fun.
Conclusion : Dans l’ensemble, et même si on peut préférer telle ou telle histoire, les historiettes macabres constituant « Shadows on the Grave »  ont permis de se régaler au long de plusieurs mois de tout ce qui fait le charme et la grandeur de ces ambiances Warren, d’un temps que l’on pensait révolu. (1)

Richard Corben a su nous surprendre avec cette série, et comme déjà écrit auparavant, le format en fascicule est parfaitement adapté au genre. Dark Horse annonce la publication d’un album cartonné pour le 17 janvier, reprenant l’intégralité des mini récits et de « Denaeus », sur 240 pages. On espère qu’en France, l'éditeur Delirium est déjà sur la piste pour publier cet album dores et déjà culte, ;-)


Franck GUIGUE

Warrant publishing
Toutes images : © Richard Corben/Dark Horse

(1) A noter que Richard Corben publie d’ailleurs en ce moment de nouveaux récits dans l’autre revue faisant référence ouvertement aux titres Warren, (Creepy, Eerie…), aux côtés de la Terrible Tomb of Terror de  John Bloque, à savoir : The Creeps, de Rich Sala. Le numéro 10 entre autre, proposait cet été le récit : « Fair Trade », une histoire de switch entre deux corps de femmes, qui rappelle beaucoup un de ces anciens récits des années 70.









Guy Morrison et Cid Murer : les deux trublions de l’art plastique en installation au Crozet

Village du Crozet (copyright Franck Guigue)

Monté au petit village de caractère du Crozet (42) ce samedi après-midi, ma famille et moi avions prévu de visiter toutes les échoppes de Noël, installées dans les emplacements originels de ce superbe village moyenâgeux.

Cid Murer, et Guy Morisson, son compagnon, tous deux plasticiens, (lui plutôt photographe et inventeur/constructeur), ont été invités cette année pour présenter leur nouvelle création, l'association de tourisme du Crozet souhaitant proposer un peu d’originalité à cette animation de fin d’année. Bien leur en a pris.

J'avais en effet peu eu l’occasion de voir les deux artistes depuis leur exposition à Mably à l’espace de la tour en 2007 (1) . Pourtant, chacune de leurs installations suscite l’intérêt, l’interrogation, et des échanges merveilleux.

Cette fois-ci, c’est par un passage protégé, entre les boutiques médiévales, que l’on doit s’engager 
pour arriver, au fond d’une petite cour intérieure, à la vieille tour où sont installés les artistes.
Cet espace, à la hauteur imposante, mais à la superficie réduite, impressionne en premier lieu.

Tout d’abord, face à nous : un grand drap blanc, décoré de broderies de couleur représentant des mains, comme une peinture rupestre néolithique. L’idée est sympathique. Cid Murer re décore les murs médiévaux pour nous transporter dans une ambiance plus ancienne encore. Impossible de ne pas voir dans ces mains tendues les unes vers les autres, les notions de liberté et de partage. Pour une période de Noêl, ceci est d’à propos.

Mur de photos de Guy Morisson

Devant ce fond, plusieurs tirages photos couleur, au format carré d’environ 30x 30 cm, réalisées par Guy Morisson. Ces clichés reprennent en fait la collection des « Cabanes », présentée dix ans auparavant à Mably, mais alors en noir et blanc, sur plus petit format, et en plus grand nombre. 

Ici, une vingtaine seulement de tirages a été effectuée, et la bonne idée de sa compagne artiste a été de lui demander de les colorier informatiquement. Cela donne un aspect psychédélique, fantastique, ou de science-fiction, qui n’apparaissait pas dans les tirages originaux. Les cabanes, petites structures improbables dans des décors tout aussi farfelus, ressortent davantage, même si certaines sont bien « cachées ». On est saisi par l’aspect décoratif et abstrait de cette présentation. Magnifique.

Les poules de Cid Murer
Dessous, à terre, des poules en plastique et tissu sont disposées les unes à côté des autres, comme dans une petite basse cour, des petits messages à leurs pattes. Il faudra encore discuter avec Cid pour révéler la ou les thématiques abordées par l’artiste, mais il y a déjà de l’art dans la création artisanale de ces petites bestioles.

Le clou de l’installation est cependant à voir en levant la tête : accroché à une poutre nous surplombant émerge un grand cylindre plat, fait de bois et de métal, le tout terminé par une barre de rideau métallique descendant à portée de main. Le réflexe est donc de s’en emparer, afin de l’actionner.

Les artistes allument alors la lumière, et la magie opère : dans un bruit mécanique d’engrenages se met à tourner le cylindre, actionnant un mécanisme de jeu de silhouettes mouvantes. Un jeu d’ombres et de lumière virevoltant, génialement inventé et fabriqué. Guy Morrison a réussi, grâce à ses talents conjugués de montreur d’images* et de mécano à reconstituer en grand format, une sorte de
Magica Lanterna. L’effet de surprise est garanti, et l’animation interactive, très jouissive.

Dans la tour du Crozet avec Guy Morisson  et Cid Murer
La magica lanterna de Guy Morisson


Les tirages photos de Guy sont bien sûr commandables. Ils feront de beaux cadeaux à l’occasion des fêtes ou pas, et les poules de Cid seraient sûrement très heureuses de trouver des foyers d’accueil, au chaud. il suffira de demander.

On espère aussi que cette lanterne magique grand format, imposante et majestueuse, trouvera quant à elle un collectionneur averti, une association ou une structure publique pour l’accueillir, car le jeu… en vaut la chandelle.

Chapeau les artistes !



(1) Et pourtant, rappel des installations de Cid Murer (communiquées par l'artiste) :


Mars 2007 « Mister Smoketoomuch » : installation 

Sept 2007  : « Pueri Arte Derelicta » en collaboration avec Gilberte Genestine et Jenny Justin : Installation

« Du pain sur la planche ! ou les Prêt(s) à porter à la ville comme aux champs pour rituel ordinaire et extraordinaire »  Installation

« La question du drapeau agitation libre - patience et dispersion » : Installation

Nov 2007 : « 365 un quart » : Installation Mably
« A vous de jouer ! » : installation Mably

Avril 2008 « Camping à la Musithèque » : installation dans vitrine (Riorges)

15 Juin 2008 « La déclaration des droits de l’homme et du citoyen » : installation 

Avril- Nov 2008 « Les insolites en visite » : installation (Prieuré de Souvigny)

Avril 2009 : « Mariane jeunes citoyens : réalisation pour cérémonie républicaine » (Roanne)

« Réflexions croisées pour géométrie variable » : installation coréalisée avec Guy Morisson (Mably)

Nov 2009 « Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme » installation (Roanne)

Juillet 2011 (Installation ci-dessus revisitée pour juillet)

Sept 2010 « Marelle : règle du jeu » : installation co réalisée avec Guy Morisson

Dec 2010 : « Mémoire génétique » : installation



Guy Morisson (depuis 2007) :

2007 « Different Colors Made of You » (Fredonne moi, Espace de la tour, Mably)

« Scrib Art Therapy » (idem)

« Anonymasique(s) » Réflexions parallèles, Mably

2008 « Anonymasque(s) (installation II) Lyon Septembre de la photographie

2009 « Réflexions croisées pour géométrie variable » : installation coréalisée avec Cid Murer (Mably)

Janvier -février 2010 : « Grenze(n) : 101 Ansichten/Frontière(s) » : 101 vues  avec installation à la médiathèque de Roanne 


Sept 2010 « Marelle : règle du jeu » : installation co réalisée avec Cid Murer 


(*) N’oublions pas que Guy a été projectionniste durant de nombreuses années au cinéma d’art et d’essai l’Espace Renoir à Roanne.


Nb : L'exposition était visible ces deux derniers week-end au Crozet, soient les samedis et dimanche 9, 10, 16 et 17 décembre 2017.

© Toutes photos et vidéo, sauf où indiqué : Flora Guigue



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