dimanche 22 janvier 2012

Roanne et les comics (2)


Début Décembre 2011, le rayonnage comics (œuvres provenant ou ayant été créées aux USA) de la médiathèque de Roanne, s'est vu élargi aux autres comics de genre (Eisner, Gaiman, labels Panini, Dark horse,... inclassables...) dans les rayons jusqu'à présent consacrés uniquement aux Super Héros et aux fascicules reliés*.

Seuls subsistent dans les rayons "divers", parmi les albums franco-belges, les œuvres de romans graphiques trop marqués "récits personnels", tels : Craig Thompson...etc., considérés sans doute comme trop "européens" dans la forme.
Une façon de rassembler et de mettre enfin en valeur une culture et des récits souvent particuliers et de divers formats, réalisés par des auteurs moins connus du grand public.

Le rayon Manga adulte quant à lui se voit augmenté d'un rayonnage.

(*) Cet article fait suite à un première note importante sur le sujet, datée Juillet 2009

vendredi 20 janvier 2012

Comment j'ai donné ma moëlle osseuse

Une petite purge ?
Article paru à l'origine dans la revue la Muse #29 

...Tout commence généralement par un don de sang.
Les centres de l'Etablissement Fançais du Sang" sont aujourd'hui assez nombreux, et itinérants, pour que chacun en ai déjà au moins vu une fois à côté de chez lui, même en vacances. Des affiches vous interpellent, et on se dit : "pourquoi pas moi ?"

Donc, on donne, une fois, deux fois, et si cela ne nous fait pas tourner de l'oeil, on y retourne régulièrement. Cela ne prend qu'à peine une heure*.
Certains donnent depuis déjà très longtemps, d'autres n'ont jamais fait la démarche. Malheureusement, car les besoins sont énormes.

Et puis, parce que l'on a un jour peut-être perdu un proche d'une Leucémie, ou d'une autre maladie mortelle similaire, on s'inscrit sur le registre des donneurs de moëlle osseuse.

Kezaco la moëlle osseuse ?? Ce mot généralement fait peur... car on confond moëlle épinière, (responsable de la transmission des messages nerveux entre le cerveau et le reste du corps), et ce tissu situé au centre des os, responsable de la formation des cellules souches, qui produisent l’ensemble des cellules sanguines.
Or les malades, lorsqu'ils sont arrivés en phase de traitement chimiothérapique voient l'ensemble de leurs cellules (bonnes et mauvaises) détruites, et nécessitent ce que l'on appelle une greffe de moëlle osseuse, c'est à dire le remplacement de ces cellules "mère", capablent de les régénérer.

Le liquide précieux
Comment cela se passe t-il ?
Avant, on subissait systématiquement une petite intervention, qui consistait à prélever directement dans un os (du bas du dos) ces cellules souches. Une anesthésie générale était nécessaire. Aujourd'hui, les choses ont beaucoup évolué, et il suffit d'une prise de sang un peu particulière.
Une convocation vous parvient d'abord, afin d'établir un nouveau bilan sanguin complet, au centre le plus proche, afin de vérifier votre compatibilité avec le receveur potentiel (anonyme.) Cette compatibilité est de 1 pour un million (général) (ou 1 sur 4 pour sa propre famille)

Quelques semaines plus tard, vous êtes rappelé pour le début d'un protocole :
On vous redemande votre accord verbal, puis un premier RDV dans un centre de cancérologie deux semaines plus tard sera nécessaire pour établir un dernier bilan. Cette journée est entièrement prise en charge.

Durant les quatre jours qui précèdent le don, une infirmière vous injecte chez vous matin et soir, sous cutané, des granocytes, produit qui va faciliter la production de cellules souches, et leur sortie dans le sang. Traitement indolore la plupart du temps.
Enfin, le cinquième jour, vous vous rendez dans l'Etablissement du sang qui vous a convoqué, et votre don va durer... quatre heures !

Rien de bien compliqué : on vous pique un bras pour récupérer votre sang d'un côté, celui-ci est passé dans une machine qui va séparer les cellules souches du reste des ses composants, via une centrifugeuse; et de l'autre côté, on vous réinjecte votre sang "purgé".

Si l'opération est un peu longue, (couché, éveillé, sans bouger durant quatre heures, ça tétanise un peu les jambes), l'ambiance est bonne et la télé s'avère un allié de poids.

Après ça, et si votre corps a suffisamment produit de cellules souches, c'est fini pour vous. Sinon, il faudra revenir le lendemain en produire un peu plus.
Grâce à vous, un malade en sursis aura 60% de chance de s'en sortir...

En conclusion : Un acte de solidarité, gratuit, relativement simple, qui rappelle ce que le terme "Engagement" veut vraiment dire.
...Dans une société consumériste à outrance qui a tendance à ne retenir que le mot "Droits" plutôt que "Devoirs", et où l'homme ne sait plus qui il est et à quoi il sert, le don de moëlle osseuse est un bon moyen de se le rapeller.

Pour en savoir plus sur ce don, le site de l'EFS : http://www.dondemoelleosseuse.fr/

L'Atelier Mastodonte dans l'enfer des dédicaces



Cette semaine en kiosque, dans la revue Spirou n° 3850, un spécial Angoulème, avec, tenez-vous bien : 24 pages de l'atelier Mastodonte. La moitié du journal est donc contaminée.

Rappelons que cet atelier est la nouvelle idée de Lews Trondheim depuis quelques semaines déjà au sein du journal : créer des strips avec divers dessinateurs (d'après ses scénarios la plupart du temps). Dessinateurs habituels : Pedrosa, Bianco, Tebo.

Cette fois-ci, sous couvert du festival (et sans doute pour boucler une pagination qui doit voir la parution d'un album...), méga participation avec la présence de Stan et Vince, Plessix, Alfred, Delaf, Bouzad, Nob, Mathieu Sapin, Bastine Vivès, Nerwan, Feroumont...
Bouzard se fait remarquer, pas en douceur...

Le résultat est très réussi, avec un fil conducteur sur le chasseur de dédicace ou le collectionneur de planches*, et l'obligation faite aux auteurs Dupuis de faire leur promo affublés d'un masque de leur propres personnages.

Beaucoup de clins d'œil, de prête-noms, que les habitués du festival, les amateurs ou les auteurs de BD savoureront encore plus.
C'est hilarant !!

*Dans le contexte de la polémique sur les dédicaces (cf Zoo mag de ce mois-ci.)

Le supplément réservé aux abonnés : 14 pages sur le rituel.
Tout ce que les auteurs pensent tout haut...



jeudi 19 janvier 2012

Out of the blue : un Hopper plutôt sad


.. mais au nez toujours creux !

En 1980, il ne reste plus grand chose d'Elvis, qui est mort trois ans plus tôt dans les conditions que l'on sait. Et pourtant, Cebe*, la petite garçonne de quinze ans se le passe en boucle sur son petit lecteur mobile. . Il faut dire qu'elle s'embête ferme la pauvre pré ado, depuis que son père routier l'a planté suite à un grave accident au volant de son truck, écopant de cinq ans de prison ferme (le véhicule heurté était un bus scolaire.)
Blessée et seule avec sa mère déboussolée, Cebe traine son désespoir dans les rues de la petite ville du Texas où elle habite.

L'école ? Rien a faire. Par contre la carcasse du camion de papa l'attire, tout comme la vie antisociale qu'il a jusqu'alors menée. Punk quoi ! Et comme elle répète si bien :
" Disco sucks!, punk is the best".
Mais qu'en connait-elle, à part ce qu'elle en à entendu a la radio, et ce qu'elle vit finalement en direct : un truc glauque façon cauchemar éveillé ?

Puis son père sort enfin (super Denis Hopper), prêt a refaire sa vie.
Trop content de se retrouver tous les 2, on dirait presque deux amants, prêts à faire les quatre cent coups. Mais que peut on espérer trouver dans l'Hôtel des cœurs Brisés ?...

Denis Hopper, le réalisateur, prouve une fois de plus (après "Easy rider", 1969, et "The last movie" 1971) qu'il sait filmer les situations désespérées et les laissés pour compte. Et qu'il est toujours autant dans las bons plans musicaux.
Dans cet hommage à la fin des 70's, et donc des années 60 aussi, on croise aussi bien le fantôme d'Elvis que le son mélancolique de Neil Young, alors en pleine gloire, ("Hey hey my mind, out of the blue"), et le rock déchainé, cru et approximatif des jeunes punks de la jeune scène canadienne émergente d'alors. Superbe shot de concert des punks de Vancouver  : The Pointed Sticks** où Cebe prend les baguettes, (littéralement) de son destin.

Dans ce marasme où l'espoir est vain et le ciel bleu rarement visible, on ne sait jusqu'où le drame peut aller.
Denis Hopper se donne alors le mauvais rôle, celui d'un père perdu, "Out of the blue" !
...Dur, mais juste, et hyper réaliste.

(*) Petit clin d'œil pour une ado appelée Cindy, mais qui pratique la CB avec son père.
(**) Source : http://blastitude.com/19/FILMS.htm


Nb : le film a été diffusé le18 Novembre 2011 sur Arte. Revoir la vidéo.

Lire : la critique sur DVDclassik 

A lire/voir : En Mai 2010 le film avait été projeté à la cinémathèque de Paris. Télérama propose divers lien sur son site.


Les Pointed sticks interprétant "Out of luck" dans le film :

mercredi 18 janvier 2012

La colline aux coquelicots : une vague de bonheur

En 2006, l'une des premières chroniques de ce blog rendait hommage au travail de Goro Miyazaki, avec son premier long métrage "Les contes de Terremer"...

La colline aux coquelicots est un deuxième film remarquable.
Car il ne s'agit pas d'un énième anime sur un sujet unique, même si l'on connait la capacité des réalisateurs japonais à truffer leurs œuvres de références culturelles (européennes souvent), ...mais plutôt d'un hommage à diverses passions, dont celle de l'adolescence.

Sur le scénario de son père, moins enfantin que sur ses dernières propres références, Goro Miyazaki délivre une belle réflexion sur le souvenir, dont la période des études, (et donc le début de l'émancipation culturelle et intellectuelle), et celle de la guerre, la trame mélodramatique faisant référence à l'engagement nippon durant la deuxième guerre mondiale.
Une plongée dans l'univers de la marine très documenté.
Jusqu'aux bruitage du vent dans les carènes...

Tout cela ne serait rien sans la complexe histoire d'amour entre deux étudiants, et la plongée dans l'univers éducatif/culturel japonais. Rarement, voire jamais, l'aspect social du milieu des années soixante n'avait été traité ainsi dans un film d'animation. On a même droit à la visite de l'inspecteur de circonscription pour maintenir le foyer d'étudiants en place, alors qu'il est menacé de destruction.
Un sentiment de vécu de la part de papa Miyazaki ?, ..et l'occasion d'une bonne bande son sixties, (le film se détoule en 1964), mixe de chants patriotiques poétiques (dont le dernier, émouvant, en hommage au tsunami qui a ravage les cotes japonaise en 2011, durant la réalisation du film*) et certains autres plus surf, typiques de l'époque.

Bref, un film exigeant, poétique, rigoureux, où l'adolescence et l'enfance sont traités de manière originale et sans mièvrerie.
Une façon de parler des nombreuses expériences de solidarités vécues après les tragédies de la seconde guerre**, mais aussi une fois n'est pas coutume, de Paris et de sa vie culturelle, via le Quartier latin.

(*) BO de Satoshi Takebe. A voir sur : http://www.allobo.com/bo-la-colline-aux-coquelicots-6255.html

(**) L’origine du bleuet comme fleur de mémoire (des soldats et victimes tués) trouve (aussi) son origine directement dans la guerre de 1914-1918. En effet avec le coquelicot, ces deux fleurs persistaient à pousser dans la terre ravagée des tranchées de la Grande Guerre. Pour les poilus, ces fleurs étaient le seul témoignage de la vie qui continue au milieu des bombardements et des gaz de combat et elles étaient la seule note de couleur dans la boue uniforme des tranchées.
(from : http://www.hazebrouck-hoflandt-nature.com/HoflandtNature/coquelicot.htm)

Voir le site officiel du film (en japonais !)

mercredi 4 janvier 2012

Billy James, Stevenson, Hugo Pratt et les Humanos

Pour faire suite à la note "Ticonderoga, Robert Louis Stevenson et Hugo Pratt" (1caseenmoins), et pour illustrer notre discussion du Forum de Raymond sur le thème de la poésie dans la bande dessinée, voilà la reproduction du texte poétique de "Billy James" (Humanoides associés, 1980, Hugo Pratt), ainsi que deux ou trois illustrations photographiées d'après ces pages "spéciales".

Rappel : Billy James, en plus des récits : "L'attaque du fort", Légendes indiennes et Billy James",  comprend 16 pages d'introduction mêlant textes (une "Préface" de 2 pages de Jean-Pierre Dionnet et Philippe Manoeuvre, et "Des pères pèlerins à l'indépendance" (3 pages par Hugo Pratt, traduction Michaël Gluck) et des aquarelles : (deux double pages "Mohicans of Stockebridge1759", plus 20 autres pleines pages, dont 11 légendées, et 14 rehaussées en haut à gauche de ces paragraphes en proses faisant un tout.


Poème (auteur et titre inconnus)

Abenaki wabunaki Passamaquoddy
Penobscot Norridgewock Arosaguntacook
Pequat et Pequot
Malecite et Kennebuc
Narragansett et Kennebec
Terre du matin Des eaux houleuses
L'eau stagnante au milieu des rapides
Bifurque entre les pierres blanches 
Où les multiples rochers
Les Destructeurs nom interdit
Poissons dans le courant

Loup chat noir ours serpent
Castor de Saint Francis
Rat musqué et caribou
Porc-épic et rouge-gorge
Algonquin terre du milieu
Algonquin brodeurs


Cerfs et crevettes
Résines maritimes et baleines
Anse de de sable clair
Houle de l'Atlantique
Voiles blanches de Verrazzano
Fleur de Lis de Champlain
Evangiles de jésuites
Bibles de pères pélerins
Psaumes et neige Dindon et maïs
Fête de grace arquebusiers et flèches Noirs
Hennins Boucles d'argent
Sorcières de Salem et Quackers
Nouvelle Amsterdam puis New York
Indiens sur le sentier du soleil couchant
Fifres et tambour
Adolescents sonnant
Battant le rappel pour mourir

On peut mourir en portant sur le dos
La couleur que l'on veut
Courir d'un côté de l'autre
Les plus nombreux meurent en rouge
Ou en bleu
On meurt aussi en vert chasseur du roi
En vert garni de rouge
Rangers de la reine
En blanc français La Fayette
En cuir et bleu de prusse
Avec 7000 Hanovriers
Ou bien avec Rubans blancs et pompons jaunes
Fusilers de Hesse
Mourir mourir
Crack crack ! Bang bang !

Boston Lexington Oriskany
Crown Point Saratoga
Bennington Chadds Ford Germantown
Unadilla
Dans les champs de blé et de pavot
Dans la neige  avec les aiguilles de pin
La couleur de la mort
On la pense noire
Généraux va-nu-pieds
Il n'y a plus de talc pour les perruques
Mais on se sert des scalps blonds
Des flles de Geran flats
Pour les faire

Elles coûtent 200 sterlings
Ou 400 dollars d'argent d'autre part
Les animaux à fourrure
Se multiplient
Durant les années de guerre
Les chasseurs Gagnent plus en chassant colons et enfants
L'intérieur du scalp est peint
Cercle noir pour la nuit
Cercle rouge pour le jour
Une hachette en son milieu l'arme employée
Autrement
Ombre de pistolet de fusil de couteau
Guerre et mort
Des conservateurs et des rebelles
On meurt en rouge en bleu
Mais aussi en habit d'harlequin
Tous pestent contre tous
Vont et viennent
Et la forêt est pleine de héros.
-----

 A voir absolument : les Archives de Pratt
et son blog archives de Pratt (pour voir plein plein de belles choses !)


Mes autres chroniques cinéma

Mes autres chroniques cinéma
encore plus de choix...