mercredi 10 juin 2020

Chongrui Nie : au loin une montagne

Neuf mois. Il m'aura fallu neuf mois pour enfin lire et rendre compte du superbe album Au loin une montagne de Chongrui Nie, paru chez Steinkis en 2019 et acheté à l'auteur et sa femme en septembre de la même année au festival d'Ambierle où ils étaient invités.
Mais qu'est-ce qu'un an, comparé aux cinquante années qu'il aura fallu à l'artiste pour retranscrire sereinement et pleinement les souvenirs de sa vie professionnelle et personnelle, liés tous deux par ces monts du Guancen, dans la province du Shanxi où, à l'âge de 23 ans, après avoir perdu son père, il part avec d'autres ouvriers pour participer à la construction d'usines d'armements. Là, dans cette région reculée où il découvre des beautés naturelles et historiques, temples, forêt, faune, art de vivre... la révolution culturelle imposée par Mao Tse Toung s'invite et vient gâcher le tableau. Se liant d'amitié avec un jeune chinois : Zhang Juquan, il aura l'occasion de le revoir quelques années plus tard, et de revenir encore, tandis qu'enfin il trouvera, dans la deuxième partie de sa carrière, à partir de 37 ans, un équilibre réel entre sa passion du dessin et ses autres métiers.

© Toutes reproductions : Chongui Nie et Steinkis




Se servant de son art, fait ici d'un trait sec mais sûr, aux nombreux entrelacs de hachures, il va décrire ces nombreux rebondissements, qui, immanquablement le ramèneront aux monts Guancen, jusqu'à une ultime visite en 2016, pour la réalisation de ce roman graphique. Entre temps, l'erosion et  l'homme ont fait leur oeuvre, effaçant ou modifiant beaucoup de traces du riche passé poétique qu'il avait connu cinquante années plus tôt.
Heureusement, photo et croquis d'époque subsistent, pour reconstruire cette histoire. L'histoire d'une montagne, qui, bien que loin dans le temps et dans l'espace, porte encore l'écho de jours heureux...

L'art de rendre visible ce qui n'est plus...

Chongrui Nie a beaucoup publié en Chine chez divers éditeurs, dont le plus grand, que ce soit des bandes  dessinées ("Lianhuanhua"), des illustrations de romans, des livres jeunesse ou couvertures de magazine. C'est cependant en 2010 que, s'associant à Patrick Marty, ils réalisent tous deux la série de bande dessinée le Juge Bao, (éditions Fei) qui verront six tomes jusqu'en 2014 et lui assureront une reconnaissance méritée en France.
Ce livre, un projet qui lui tenait, on s'en doute, à coeur, présente l'oeuvre aboutie d'un artiste de très grand talent, dont le propos humaniste, servi par un dessin rigoureux et documenté, mais aussi rempli de chaleur, ne peut laisser insensible. Un chef d'œuvre, si ce mot a encore un sens, que la maquette cartonnée soignée au format à l'italienne met particulièrement en valeur.

FG


Le cahier graphique final


lundi 1 juin 2020

Gun Fury (Bataille sans merci)

Gun Fury (Bataille sans merci) de Raoul Walsh, (diffusé ce soir), est sorti aux USA en 1953. Le premier album de Jerry Spring de Jijé, a paru en 1956. Deux univers que je n'avais pas encore comparé, mais qui me sautent aux yeux ce soir.

Un bon western, avec un Rock Hudson qui a certainement du influencer mister Gillain pour son héros BD, tant la ressemblance est frappante, physique et attitudes. Alors certes, le film est sorti en France sur les écrans en 58 seulement, mais Jigé est...Belge et..n'est-il pas allé aux USA en 1947 ? On peut imaginer qu'il ait pu garder une passion suffisante pour le western qui lui ait permis de voir le film avec des cinéphiles...à moins qu'il ait affiné la ressemblance après coup...à vérifier sur les albums
😉
 

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