mercredi 26 octobre 2005

From Hell

From HellAlan Moore, Eddie Campbell
Delcourt

La traduction de ce chef-d'oeuvre GB/US du roman graphique était attendu, et c'est finalement Delcourt qui s'y est collé, une fois de plus, avec brio !
Fort d'une présentation comic-book et épais comme un annuaire, cet ouvrage est un régal pour les yeux et l'esprit.
Les yeux car il n'y avait que le dessin noir et blanc brouillon d'
Eddie Campbell pour redonner vie à ce Londres sombre et austère du XIX siècle, et l'esprit car il ne peut en être autrement avec un scénario d'Alan Moore. Vous allez être happé par le brio et la dureté du récit et réviser en même temps vos connaissances sur l'ésotérisme, la Franc-maçonnerie, l'architecture londonienne et l'histoire du boucher de Whitechapel.
De plus, une vingtaine de pages en fin de volume sont consacrées à un grand nombre de notices explicatives mettant en lumière certaines zones d'ombre laissées par les séquences dessinées.
...Chef-d'oeuvre de recherche historique et bibliographique servie par une traduction tout à fait remarquable, ce roman graphique fort vous fascinera ! (du latin fascinum: le fait d'éprouver à la fois l'attirance et la peur).

Originellement publié dans la revue Onabok.

L'Ombre du sillure et The Atomics


L’Ombre du sillure
Reed Man

(Organic Comix)

Reed Man, activiste bien connu dans le milieu du comicdom français et responsable de quelques fameux titres dont Reptile, chroniqué dans un précédent numéro a galéré avec cette histoire. Commencée dans Fantask (grand retour en kiosque) sur 5 n°s, avant que le titre ne cesse, faute de succès, il a continué ensuite dans Special Zembla (n° 165 à 168) avant de finir sa course dans cette auto- édition plutôt réussie. Et cela est assez rare dans le domaine du comic hexagonal pour être remarqué.

L'Ombre du sillure est son premier grand récit (92 pages) et une histoire de science-fiction dans la grande tradition Marvel façon les Inhumains. Reed Man n'est bien sûr pas Kirby mais il a su au fil des années développer son propre style, et force est de constater quà l'image de Jean-Yves Mitton, dont il reprend le personnage central du Gondolier noir, celui-ci fait un bon élève.
Noir et blanc d'assez bonne facture et intrigue tenant la route, on pourra juste reprocher à l'auteur son accumulation de détails graphiques nuisant un peu à la lisibilité de l'ensemble.
L'histoire raconte comment Gilles et Caroline Moreau, deux jeunes français se retrouvent impliqués dans une affaire techno-ecologique mettant en scène le Sillure, entité démoniaque et le Gondolier noir, figure mythique rappelant beaucoup le Surfer d'argent que Gilles a réparé et ressuscité en quelque sorte.
Se servant de bases scénaristiques existantes, (avec intervention de personnages déja connus tels que Photonik, hommage à un autre auteur français: Ciro Tota, (ou le groupe Hexagon), Reed Man réussit néanmoins, ou grâce à cela, à faire évoluer son histoire, qui nous tient en haleine jusqu'à la fin, digne d'une des plus grande scène de règlement de compte de l'univers comic.
Cela donne aussi l'occasion à l'auteur de créer une nouvelle équipe: la Fantask force, dont on entendra peut-être à nouveau parler... c'est à espérer en tous cas !


The Atomics Mike & Laura Allred
Organic Comix 2002.
2 épisodes dispos

Reed man n'est pas seulement auteur, mais aussi et surtout éditeur, comme à l'occasion de cette traduction bienvenue de Joël Caron de la série indépendante The Atomics dessinée et scénarisée par Le couple Allred, aussi créateurs du personnage de Madman. (*)
Les Atomics sont une bande de jeunes paumés qui malheureusement n'ont pas la chance en se faisant contaminer par des produits (radioactifs ?). Ils découvrent qu'ils peuvent néanmoins gérer leurs malformations et leurs différences pour en tirer des supers-pouvoirs. (…)

Ce remix "punk" moderne de la célèbre série que vous connaissez sans aucun doute a le mérite, 1) : de donner à découvrir un univers original et cohérent dont le second degré n'est pas un des moindres atout, et 2) : de nous proposer un dessin clair excellent dans la lignée des plus grands, dont certains aspects peuvent aussi rappeler quelques indépendants, comme Charles Burns, pour n'en citer qu'un.

A suivre donc, mais en VO, puisque Organic, faute de budget n'a pas continué l'aventure.

> A noter que l'on peut retrouver Mike Allred en kiosque avec la série X-statics dans la revue Xtreme X-men., et que le n° 2 d'Atomics a eu 2 couvertures, dont une hommage par... Kirby !


(*) Michael Dalton Allred a commencé sa carrière comme reporter télé en Europe et a publié sa première bd "Dead air" en 1989. Il crée Madman en 1992 et c'est en 1998 qu'il se lance dans la série The Atomics.

Plus d‘info sur : http://www.aaapop.com/gallery

Et une superbe interview sur Comics2films


Chroniques parues originellement dans Onabok #7

mardi 25 octobre 2005

The Boondocks, et La tragédie américaine.

The BoondocksTome 1 Parceque je suis sûr que tu ne lis pas le journal...
Aaron McGruder
Dargaud (2002.-2.004)

Cette nouvelle série américaine, publiée par Dargaud en grand format a été une excellente découverte. Il fut un temps où l'on aurait pu trouver celle-ci aux éditions USA ou chez Delcourt mais c'est un trés gros éditeur classique qui s'y colle, et ne me demandez pas pourquoi, Après tout, Garfield est bien chez le même, la seule différence résidant dans le modernisme de celle qui nous intéresse, Boondocks traite du milieu noir d'une façon tout à fait intéressante.
Huey et Riley Freeman (tout un symbole) sont 2 petits blacks des quartiers chauds de Chicago qui se retrouvent à aménèger avec leur grand-père dans un lotissement de la banlieue tranquille (et blanche) de Woodcrest.
Aaron Mc Gruder défini d'abord ses personnages: Huey, petit gauchiste à la coupe afro surdimensionnée, totalement conditionné par le mouvement black panther; son petit frère, façon nouvelle génération "gangsta rap" voyant l'agression de partout, et leur grand-père, traditionnaliste du sud, pour l'intégration et le respect.
Sur le thème de l'adaptation sociologique on avait rarement vu aussi bien.
A ces trois s'ajoutent peit à petit une quirielle de seconds rôles tous plus croustillants les uns que les autres qui nous permettent de voir l'Amérique d'aujourd'hui d'un oeil réaliste et moderne, avec énormément d'humour. (Les dialogues annotés en bas de pages pour encore mieux comprende sont truculents !)
En bref: Le meilleur comic strip traduit depuis... Psycho Park ?

Une autre traduction américaine bienvenue :

La Tragédie américaine,
de
Kim Deitch (Denoël Graphique)

Un petit album ovni d' un des auteurs underground américain les moins révélé au grand public. L'histoire d' un réalisateur de cartoons qui se fait déposséder par sa propre créature.
Bouquin à la très belle présentation, cartonné rélié cousu avec hollograme sur la couverture.
Peut-être un peu compliqué et chaotique au niveau de la mise en page néanmoins.

Chronique parue dans Onabok #7 à l'origine.

Hulk wolverine

Hulk/Wolverine
Sam Kieth
Marvel France (collec 100% Marvel)

Paru d'Avril à Juilllet 2002 aux USA et traduit ce mois de Mars en France, cette confrontation entre deux super personnages de l'univers Marvel tient promesses de couverture.
Non seulement le dessin de Sam Kieth (connu pour sa collaboration début des années 80 avec Neil Gaiman sur Sandman) est merveilleux, s'apparentant plus à la cullture d'autres maîtres tels Sienkiewicz, Hampton etc, mais le scénario est béton, laissant peu de place aux habituelles scènes d'action vues et revues auxquelles on aurait pu s'attendre.
Il est vrai que Marvel nous a habitué depuis quelque temps à de vraies histoires, mais l'aventure cette petite fille fantôme demandant l'aide de Wolverine afin de retrouver la paix de son âme laisse tout chose. Le mélange de dessins enfantins traduisant la naïveté de l'enfant dans ses moments d'égarements, et de peintures sombres décrivant les aspects les plus dramatiques de l'histoire nous entraîne dans un tourbillon de sentiments, ...jusqu'à la chute.
Le tout est cependant baigné d'humour puisque Wolverine doit faire avec l'oncle de la fillette, qui n'est autre que Banner lui-même, autrement dit le gros costaud vert, qui est loin de tout comprendre.
Un chef d'oeuvre assurément!

ps : Sam Kieth en signe un autre avec Ashley Wood ce mois ci: Popbot (chez Carrabas).

lundi 24 octobre 2005

Suite bleue, La guerre d'Alan (Tomes 1 & 2)

Suite bleue
Louis Joos Frédéric Debomy

Le 9eme Monde (Sept. 2001)

Louis Joos est un fan de Jazz, celui des années bop, le Free aussi. Il a publié sa première BD chez Futuropolis en 1982. Et c'est d'ailleurs cet éditeur qui lui a permis le plus de s'exprimer avec ce médium.
Depuis 1987, on avait surtout vu les noirs et blancs au pinceaux de Louis Joos dans des livres d'illustrations. C'est donc un retour sympathique que lui offre le 9eme monde avec cet album à nouveau consacré à sa passion, cependant on émettra quelques réserves.
Le dessin n'a pas vraiment changé, il est toujours aussi agréable et sa publication en cases plutôt importantes le fait bien ressortir...par contre, là ou un "Saxo cool" (1984) nous proposait une unique histoire de 44 pages vraiment ancrée dans le milieu musical, façon polar, "Suite bleue" se compose de 4 historiettes (32 p.) portées par la réflexion d'un auteur quelque peu nostalgique.
....Il faut s'accrocher pour suivre le cheminement mental de Frédéric Debomy; de plus, l'abus du système de voix off détruit la narration propre au médium BD. Le jazz était-il utile comme support de ces réflexions philosophiques ?, c'est toute la question.
Le 9eme Monde* offrant un petit tryptique couleur aux acheteurs de l'album, c'est néanmoins une bonne occasion de découvrir son style "projeté" au pinceau.

(*) Autres titres chez 9eme monde :

Philippe Squarzoni
, dont on a adoré le "Guarduno, en temps de paix" aux Requins Marteaux, qui traitait avec virtuosité (comme un certain Scott Mc Cloud sur un autre sujet) de la libéralisation, nous pond un second ouvrage débridé qui ne passera pas inaperçu. Ca s'appelle : Arthur Cravan, authentique neveu d'Oscar Wilde, poète boxeur, licencié es lettres. (Couv couleur, 32 p. n & b, format 12X16 cm, broché, 4 euros).
Le 9eme monde qui annonce la sortie d'autres gâteries, comme: Angora, de la jeune Aurélia Aurité, découverte chez Fluide Glacial, mais dont le style tout en grâce et légèreté semble déjà nous charmer. Enfin, Blue Train de Christian Cailleaux est un ouvrage sur John Coltrane (décidément, beaucoup de choses sur le jazz ces derniers temps).(40 p. n& b, broché, S euros), et des portfolios comme s'il en pleuvait...
contact : Le 9eme monde: 4, rue Frédéric Sauton - 75005 Paris.

La Guerre d'Alan tome 1 et 2
l'Association (2000 et 2002)

Emmanuel Guibert a rencontré Igram Alan Cope il y a quelques années. C' était un vétéran américain de la seconde guerre mondiale qui a participé à la libération de notre pays. (Tardivement , en Fevrier 1945, mais quand même). Cet homme de 69 ans décédé aujourd'hui s'est lié d'amitié avec le dessinateur qui a recueilli ses souvenirs sur bande. Et voila l'adaptation BD de son récit.

Prévu en trois tomes: Service et Préparation militaire aux Etats Unis, Débarquement, et Enfance (à paraître), La Guerre d'Alan nous plonge dans les méandres de l'histoire moderne telle qu'ont nous l'a peu racontée.
Si vous avez effectué votre service militaire, vous retrouverez avec étonnement pas mal de détails et d'anecdotes dans le premier tome. Le deuxième nous plonge dans l'avancée en terre étrangère et c'est un petit plaisir à savourer, puisque l'essentiel des grosses batailles est déjà passé et le ton est donc plutôt léger, surtout que mister Cope n'était pas du style rentre dedans, mais plutôt du genre tranquille.
Pour le plus dur, la série TV "Band of brothers" a offert un assez bon aperçu du message que Monsieur Cope a voulu nous faire passer : La guerre d'Alan, c'était la dernière guerre mondiale, et on a envie à la sortie de sa lecture de se replonger dans l'histoire pour se souvenir de tout ces soldats morts pour une cause . .. juste.

Chroniques publiées originellement dans Onabok #6

Welcome to the death club, Freeze punks...

Welcome to the death club
Winshlus
6 pied sous terre (Janv 2002)

Freeze, punks, a tribute to myself
Nikola Witko
Les requins marteaux (3eme trim 2001)

Deux oeuvres noires, de deux futurs (voire déjà) classiques de la nouvelle génération de la bande dessinée française. Pourquoi les chroniquer ensemble ? parce que malgré tout, il y a comme un air de famille chez ces deux là. Ne sont- ils pas issus du même underground "Jadien" ?
Concernant Winshlus, Welcome to the death club regroupe des histoires parues entre 1998 et 2001 dans les revues Jade et Sierra Nueva. Son style graphique en noir et blanc et gris utilisant la technique de lavis sur encre de chine se met au service quasi exclusif d'histoires sur la mort. A toutes les sauces c'est la dérision de notre faible condition humaine qui est exploitée. C'est un pur régal de parcourir ces histoires muettes pleines de cynisme mais si réalistes pour certaines. La mort se joue des pauvres humains triviaux que nous sommes, juste bons à finir éclatés dans un micro-onde ou pulvérisés dans un accident de manège. Jamais BD n'aura aussi bien méritée son nom.

. . .Witko lui, avec son "Tremblez Punks ", un hommage à moi-même"
nous propose une compilation de r é c i t s précedemment publiés dans la revue Jade en majorité.
Son style ne jouant que sur le noir et blanc (et publié sur papier glacé) est très proche cependant d'un Blanquet par certains endroits. Cependant, il s'en détache à l'aide de récits où l'on sent l'énorme influence des polars façon pulps magazines des années 50 ou des récits SF bon marché de la même époque. Série B, série Z, rien n'est trop underground et délirant pour Witko qui nous assaisonne tout ça avec tout l'humour et le cynisme qu'il faut.
...Et en plus, c'est beau !

Chroniques parues dans Onabok #7 à l'origine.

dimanche 23 octobre 2005

Le Juif de New York, Un monde de différence, Terrain vague

Le juif de New-York Ben Katchor
Amok - 2007

Cette traduction est la première de l' 0euvre originale de Ben Katchor, juif américain vivant à New York, réputé pour ses comic strips hebdomadaires "Julius Kniple real estate photographer et "The Cardboard valise". Le Juif de New-York a été publié dans "The forward" et date de 1999. Cet ouvrage fait partie de ceux qui portent le médium Bande dessinée très haut, vers des registres littéraires insoupçonnés.
Pour tous ceux qui goûtent déjà régulièrement aux Graphic novels, il reste comme l'une des plus étranges et intéressante expérience de lecture.

Comment aborder et parler d'un livre tel que ce pavé de 97 pages, cartonné, relié cousu au format 24x24 cm sans avoir tout de suite en mémoire un autre ovni: le From Helld'Alan Moore? Là aussi, le noir et blanc est d'usage, (sur un papier jauni), et là aussi, le dessin et les vignettes ont de quoi faire fuir l'amateur non éclairé. Là s'arrête la comparaison. Il est clair que ce juif-là, aussi exorbitant et intéressant soit-il, s'adresse à un public averti et soucieux de culture.

Mais quel lecteur des éditions Amok ne l'est pas ??
. . . Tout commence à New-York en Août 1830, où divers portraits de personnages de la communauté juive sont dressés rapidement et en parallèle, se faisant écho. Deux directeurs du New World Theater préparent leur répertoire de la saison à venir, (dont la pièce "le juif de NewYork"), Nathan Kisho, un homme à "forte odeur d'urine et de sang animal" débarque du vapeur The Albany pour s'installer dans un hôtel proche, enfin, un autre homme, vêtu d'une combinaison de caoutchouc étanche se promène le long des berges de la north river, lisant à haute voix un vieux pamphlet concernant les 10 tribus d'Israël, identifiées historiquement comme étant des aborigènes de l'hémisphère ouest de l'Amérique. (...)
Et voilà qu'une histoire abracadabrante se met en place, avançant inexorablement, parsemée de mille détails historiques et culturels, que l'auteur a la gentillesse de nous expliquer en annexe à l'aide d' un glossaire et de citations.
... Fort de ces indications, et en vous certifiant que l'histoire de ce juif de New-York vaut largement le détour, vous passerez sans aucun doute sur les premières réticences liées au dessin et à la (fausse) longueur de l'ouvrage (dû à sa pertinence) pour vous rendre compte de l'intérêt tout particulier de ce roman graphique pas comme les autres.

Amok aura permis au public français de découvrir Ben Katchor et ce n'est pas le moindre de ses faits d'armes... mais pour cela, nous leur en sommes reconnaissants.

Un monde de différence Howard Cruze
Vertige Graphic (2eme trim 2001)

Que dire devant un tel bouquin sinon que c'est un chef-d'oeuvre assurément.
Ce roman graphique de 209 pages nous offre un condensé de la culture des Etats-Unis du sud des années 60. L'auteur, activiste dans le milieu gay bédéphile depuis 1971, s'est penché sur ce projet de longue haleine en 1989. Toland Polk, son héros, immergé dans un sud ségrégationniste découvre à la fois la résistance aux diverses formes d'oppression de l'époque et son homosexualité, tout en tombant amoureux d'une copine activiste et chanteuse folk. Le tout baigné dans l'ambiance surchauffée des clubs gays, des manifestations pour l'émancipation des minorités, de la musique jazz.
... Le dessin gras et d' Howard Cruze tendrait à rappeler celui d'un Crumb au meilleur de sa forme, si ce n'était une mise en page beaucoup plus complexe et un scénario irréprochable dans son réalisme.
Projet de plus de 4 ans, Un Monde de différence ("Stuck Rubber baby") a nécessité une souscription importante afin d'être publié.
Une BD sur un sujet aussi chaud n'étant pas franchement porteuse commercialement. C'est finalement la maison de Superman (DC comics) qui l'à permis en 1995.
Merci à eux, et à Vertige Graphic pour leur superbe traduction.

Emergency relief
Alternative comics

Alors qu'un éditeur français a publié en Juin une bande dessinée consacrée aux évènements du 11 septembre, il m'a semblé utile de rappeler l'existence de cette compilation US réalisée au profit de la Croix rouge américaine. Paru tout de suite après le drame, ce bouquin de 190 pages broché, n/b, avec biographies propose les histoires vécues de . ..artistes indépendants pour la plupart. C'est un bon moyen de connaître la scène US actuelle, en plus de l'Expo 2001 dont nous avions déjà parlé dans Onabok.



Incertain silence
François Ayroles

l'Association (Août 2001)

Incertain silence est une pièce de théâtre, ou alors un vieux film avec Buster Keaton (son héros lui ressemble). C'est une suite de tableaux impressionnistes (ou on le croirait) en noir et blanc, en clair obscur, et au pinceau.
Incertain silence, c'est Joe, portraitiste itinérant en roulotte qui a le malheur d'être trop silencieux, trop discret pour ne pas subir le sort.... Et pourtant dans cette ambiance Boston début XXeme siècle, il y a déjà suffisamment d'ambiance et de vie pour réveiller les sens de cet héros fantomatique. L'Art appelle le gain, le gain les brigands, les brigands l'aventure et puis l'amour ...
Et puis. ..un ange passe., c'est Incertain silence. Et pour tous ceux
qui découvrent le talent de François Ayroles, c'est un choc esthétique.

Terrain vague Kaz
Cornelius (Août 2001)

Paru originellement chez Fantagraphics (USA) en 1998 sous le titre "Underworld", Terrain vague présente une suite de sketches (strips) de 1 planche chacun sur le thème du glauque/gore urbain. Pas de héros ou d'anti-héros ici, mais une galerie de personnages tous plus acides et laids les uns que les autres. Dessin humoristique stylé underground, style narratif incisif (Terrain vague a reçu le prix Alph' Art des meilleurs dialogues cette année) . . . Kaz est punk et rigolo.
On aime à Onabok ! ...pas vous ?
Pouet-pouet, t'es mort!

(Chroniques parues originellement dans Onabok #6)

Les lectures et clins d'oeil d'Hector


En vrac :
Faute de temps, (interview oblige) voilà tout de même quelques bonnes choses qui me sont passées dans les mains et devant les yeux ces derniers temps:

Tout d'abord la biographie d'Hergé par Benoît Peeters : Hergé, fils de Tintin, (Flammarion).
Superbe ouvrage très documenté grâce entre autres à la correspondance considérable de sa première épouse, où chaque amateur continuera à apprendre de ce grand monsieur, quelque peu vilipendé par snobisme, mais dont les raisons du succès et de la légère baisse de popularité il y a quelques années sont expliqués en détails.
Où l'on apprend par exemple que dés 1949 Hergé souhaitait arrêter la bande dessinée, et qu'il aura fallu beaucoup de persévérance, de courage et d'autres facteurs pour que l'aventure sur la lune soit menée à son terme. Une bibliographie très complète en fin de volume.

Autres livres intéressants : L'Histoire du comic book (Iere partie 1938-1950) par Jean-Paul Jennequin. (Vertige graphic)
Superbe ouvrage d'un érudit passionné qui comble un manque évident dans le domaine. On y reviendra.

Psycho Park, par Frank Cho
Où comment passer de super soirées à rigoler tout seul dans son lit, (ou ailleurs). Ces trois volumes de strips modernes traduits par Vent D'Ouest (format à l'italienne) sont
une réussite totale, tant au niveau du dessin, fluide, et beau, (Frank Cho dessine de superbes femmes), que des sketches, à mourir de rire. A suivre...

L'autre livre à ne pas manquer, c'est aussi "The Warren companion : the definitive compendium to the great comics of Warren publishing"
(Two morrows publishing.)

Si vous êtes un fan de Vampirella, Creepy, Eerie, Bernie Wrightson, Corben, ou tout simplement de loups garous, vous devez connaître les éditions d'histoires d'horreur Warren, créés dans les années 60 aux USA. Et alors vous n'avez qu'une solution: acheter ce gros bouquin formidable qui reprend le numéro spécial de Comic Book Artist paru en 1999, en y rajoutant d'autres interviews, articles et une liste exhaustive de toutes les publications de l'éditeur.
ps : Il existe une édition limitée signée par Jim Warren avec un bonus de choix.

Plus d' info sur : http://www.twomorrows.com

Lectures parues dans Onabok #6 originellement.

Palooka ville, Vitesse moderne, Mish mash

Palooka ville
Seth

Seuil (nov 2002)

Seth est un auteur canadien déjà connu du public français grâce aux Humanoides associés qui ont publié en 1998 La vie est belle malgré tout, son premier recueil d'histoires traduites. Ces tranches de vie proviennent d'une série appelée Palooka ville où il se met en scène.
Si les épisodes précédents nous plongeaient dans un enquête passionnante sur les traces d'un vieux dessinateur de BD tout au long du récit, ce nouveau recueil compile quelques histoires antérieures néanmoins pleines de charme. Le conte d'amour "Dunes" en particulier nous révèle un Seth plein de tendresse qui donne envie de lire encore et encore d'autres histoire de cet indépendant au talent subtil.

Vitesse moderne
Blutch
Dupuis Aire libre (2003)

Dernier album en date de cette nouvelle star de la BD française actuelle, Vitesse moderne nous invite à un conte fantastique bourré de poésie, Partant sur la trame d'une jeune danseuse, Lola, qui se fait accoster par Renée, une autre jeune femme (très belle) lui proposant de servir de modèle à son livre, Blutch nous entraîne dans une spirale infernale ou se côtoient les fantômes de Mocky, Blier (pour le coté cauchemar de Buffet froid), et ...Forest , pour le délire en bande dessinée.
La maîtrise du trait, superbe, et du scénario, jamais lassant, permet à Blutch de faire ce qu'il veut de son lecteur et de l'entrainer dans les méandres de son imagination, très fertile.

La collection Aire libre convient parfaitement à Blutch, et la seule question est : comment faire aussi bien ou mieux après un tel chef-d'oeuvre?
L'édition originale comporte un cahier de croquis de 8 pages,

Mish Mash Blutch
Cornelius (Oct 2002)

Si Blutch est une star, il lui fallait un écrin, et voila une compilation de ses premiers récits publiés dans Fluide Glacial, Lapin ou A Suivre de 1992 à 2002. (Le dernier étant un hommage aux Tuniques Bleues paru dans Spirou). Où l'on retrouve le Blutch humoriste qui sévit chez Fluide glacial avec son personnage "Blotch", c'est à dire un autre scénariste, plus accès sur le récit court et la chute...libre !
Le dessin, noir et blanc sur papier vélin est toujours superbe, et l'humour est bon.
Alors ce Mish Mash est encore un indispensable de chez Cornélius!

Chroniques parues originellement dans Onabok #6S

Whiteout

Whiteout
Greg Rucka/Steve Lieber

Akileos (Février 2003)

Traduit par une toute nouvelle maison parisienne dont il faut saluer l'arrivée, Whiteout à été publié en deux volumes en 1998 et 1999 chez Oni Press aux USA. Cette bd de 126 pages est d'abord une réelle surprise lorsque l'on sait que ce label américain porté sur des oeuvres très indépendantes n'a bénéficié jusqu'à présent que de peu voire pas du tout de traductions par chez nous.
Greg Rucka est un auteur réputé de romans policiers, mais aussi de scénarios pour des maisons comme DC (Batman), Marvel (Elektra ultimate) ou Bantam, et ce polar se déroulant dans le pôle nord a gagné le Eisner Award en 1999 dans la catégorie des "limited series".
L'histoire est celle du marshall américain Carrie Stetko, petite brune nerveuse mutée sur la banquise suite à un meurtre qu'elle a commis sur un truand lors d'une précédente affaire. Là, au lieu de se reposer elle se retrouve confrontée à une affaire criminelle sanguinaire qui la dépasse un peu.

Ce qui fait l'intérêt de cette BD, c'est tout d'abord son scénario, mené tambour battant, plein de maîtrise et de suspense. Un vrai polar à l'américaine, façon cinéma indépendant, (comment ne pas penser à Fargo avec cette petite nénette perdue au milieu de cet univers hostile et masculin). Ensuite vient le dessin de Steve Lieber, un style là encore "indépendant", noir et blanc à base de trames dans un découpage nerveux où quelques trouvailles de plans rajoutent en plus à la séduction.
Ajoutez là-dessus une couverture signée Frank Miller, et quelques têtes de chapitres par d'autres dessinateurs remarquables, et vous obtenez...un one-shot remarquable à tous points de vue.

A voir : Le site de Greg Rucka

Chronique originellement publiée dans le fanzine Onabok.

samedi 22 octobre 2005

Ken le survivant , un article très complet.

Ci-dessous, première page d'un dossier d'Olivier Paire (Pétélus) consacré à la série Ken le survivant, farce japonaise française adaptée du manga et diffusée dans les années quatre vingt-dix au Club Dorothée.
Dossier de neuf pages très complet paru dans Onabok n°8 (Eté 2005)
(Numéro commandable sur le site : onabok.new.fr)



En exerge, la page Wikipédia dédiée à Ken (magnifique).
et le site Hokuto avec interview du doubleur principal Philippe Augouz.

Monsieur Mardi-Gras Descendres

Edition intégrale Tome 1
AUTEUR :
Eric Liberge
EDITEUR :
Pointe Noire - 2001

Victor Tourterelle, cartographe de son état n'aurait jamais du marcher sur la petite voiture laissée par son fils dans la salle de bain. Maintenant il est là, planté au milieu d'un désert blanc comme le sel, nu comme un squelette (au sens propre), éclairé seulement par une sorte de lune brillant au coeur d'une voute céleste noire. Et il fait le point: (...) "d'une certaine manière je suis toujours en vie. J'ai gardé mon corps, dumoins l'essentiel. Ma conscience est clair comme de l'eau de source et j'ai tous mes sens; mais si c'est pour passer l'éternité dans un endroit pareil, non, non, ce n'est pas possible il doit y avoir autre chose que ça !"
"Ca", c'est le pays des larmes, l'antichambre de la terre, et on l'a compris, Mardi Gras ne va pas se laisser faire. Alors que la plupart de ses congénères se saôulent au mercure et se régalent avec divers produits chimiques sensés leur remplir l'estomac, lui va rejoindre les frères de la corniche, dissidents contre l'ordre établit afin de trouver une solution à ce cauchemar.

Les lecteurs d'Abus dangereux connaissaient déja Eric Leberge, responsable de quelques planches dans le magazine, mettant en scène des personnages de cette série, et certains ont pu le lire dans une autre BD "Le dernier Marduk" parue chez PMJ editions. Le premier volume de cette intégrale regroupant donc les tomes 1 et 2 (elle en comptera 4) de cette superbe série noir et blanc de qualité supérieure a pour avantage d'inclure 24 pages de croquis inédits en prime par rapport aux volumes simples. (mais dépéchez vous, elle n' est tirée qu'à seulement 3000 exemplaires). Imprimé de surcroit sur papier couché mat ivoire, on se dit qu'un auteur et un éditeur qui nous bichonnent à ce point ne méritent qu'une seule chose : que l'on s'intéresse à eux !!
..... Du grand art, et une série dores et déja culte . (le tome trois est disponible depuis Octobre).

(chronique originellement publiée dans Onabok)

Kady

AUTEUR : Kokor
EDITEUR : Vent d'Ouest - 2001

Kady est une trés belle jeune femme blonde qui s'est mise dans une situation dificile à bord de l'énorme supermarché flottant le Colorte Ropeland qui s'apprète à rentrer dans le port de Sisha, capitale de l'île Zemirah, pour une quinzaine commerciale.
Le terrible ambassadeur Kassos, maître du navire ne sera satisfait qu'une fois la jeune femme, au centre d'intérêts commerciaux importants, morte.
Recueuillie de justesse par Fidji et son ours polaire, Kady, dont on apprendra plus tard de quel mal elle souffre et quelle valeur elle a, va déclencher dans cette sorte de ville méditérraneènne futuriste une guerre de gangs incontrôlable.

Il n'est pas aisé de résumer cette histoire d'un auteur à l'imagination débordante.
Kady, paru en Février 2001 fait figure d'ovni dans la production actuelle tant par la qualité de son dessin noir et blanc (sur papier couché), sont format (grand, broché), que son sujet, aux relents d'aventure politico-économique satirique.

Si il s'agit de prime abord d'une comédie de science-fiction délirante, la trame est en fait tissée sur une sorte de polar urbain. Ce qui surprend aussi, c'est le lieu de l'action, une ville construite sur le pic rocheux d'une île, et la foule grouillante innondant l'histoire. Les personnages sont nombreux et ne se livrent qu'à demi, tandis que l'héroine (ils sont en fait quatre) subit plus ou moins les évènements jusqu'à la presque fin du réçit.
L'auteur plus connu sous le nom d'Alain Koch a déja publié des bandes dessinées, mais chez des éditeurs indépendants tels Rackam, Stakano ou Zenda, ce qui explique peut être sa faible notoriété.
Parions cependant qu'avec un album de cette qualité se déroulant sur 118 pages il ne passera pas innaperçu au prochain festival d'Angoulême.

(chronique publiée originellement dans Onabok)

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USER
AUTEURS : Grayson / Bolton / Phillips
EDITEUR :
Vertigo, 3 vol. 2001

Meg est une adolescente plutôt mignonne, américaine moyenne vivant chez ses parents qui aurait tout pout être heureuse si un père alcoolique, une soeur paumée et une mère quittant le domicile ne la laissaient pas seule face à un cauchemar.
Une fuite en avant via internet et un jeu de rôle chevaleresque, sous la nouvelle identité masculine du paladin Guilliame de la coeur vont lui fournir les clefs de sa libération.
Annoncé dans un précédent n° d'Onabok, cette série avait surtout attiré mon attention à cause de la présence de John Bolton au dessin. Il est en fait "simplement" responsable des parties jouées (révées) du jeu de rôle (en couleur) de l'histoire, Sean Phillips, tout aussi talentueux dans des grisés s'occupant lui de la réalité, hors internet.
Ce qui me fait revenir sur cette série, c'est l'excellence du sujet et du scénario, écrits par Devin Grayson, que je ne connaissais pas, et qui force le respect. Inspiré semble t'il d'une expérience réelle de jeu de rôle sur internet, ce chef-d'oeuvre moderne mélant science-fiction et héroic-fantasy dans une atmosphère mélo-dramatique saura plaire à un large public, adolescent passionné de jeux vidéos ou pas, et trouvera j'espère une traduction par chez nous.


(chronique originellement publiée dans Onabok)

Allez jeter un oeil chez John Bolton !

La Ligue des Gentlemen extraordinaires



T1 et T2 2001
AUTEURS :
Alan Moore / Kevin O'Neill
EDITEUR :
Editions USA (gd format cartonné)

Début du 20e siècle.Douvres. Miss Murray est mandatée par Mr Bond, lui-même mandaté par la couronne d'angleterre pour aller rejoindre le capitaine Nemo à bord du Nautilus. Ces deux derniers ont pour mission de récupérer 3 autres personnes : Mr Quatermain, Docteur Jeckyll et Mister Hide, puis un 4eme : l'Homme invisible. Drôle d'équipe qui une fois rassemblée formera la Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Leur ultme mission, une fois toutes leurs différences mises de coté : récupérer la Cavorite, objet au mains des triades chinoises permettant de défier l'apesanteur, et menace pour le royaume.
On l'aura compris, Alan Moore dans sa série des Best America's Comics s'en est donné à coeur joie en revisitant avec brio les classiques de la littérature d'aventure du siècle dernier. On s'amuse en découvrant page après pages les nombreux clins-d'oeil; Jules Vernes n'étant pas le moins "cité". Cette "Ligue..." impressionne ensuite par sa prouesse. Prouesse de volte-face puisque l'on trouve là une transposition trés inattendue de l'univers des super-héros "classiques" (abordé dans d'autres volumes publiés par Semic), dans une époque il est vai peu abordée par les américains et à l'aide un beau dessin couleur, mi-classique, mi- moderne se prétant à merveille au propos.
Après l'adaptation de Jack L'éventreur chez Delcourt (from Hell), le scénariste, semble t'il inspiré par le début du sièce précédant récidive avec une comédie fantastique mélant tambour battant scènes tour à tour époustouflantes, sanguinaires ou dérisoires sur des dialogues caucasses valant à eux seuls le détour.
.....Vraiment The Best America's Comic !!
(Chronique publiée originellement dans Onabok)

Hicksville

HICKSVILLE
AUTEUR : Dylan Horrocks
EDITEUR :
L'Association 2001

Dylan Horrocks est néo-zélandais et c'est sa première bande publiée en France (sous forme de livre en tous cas).
Ce pavé de 242 pages (wouff !) force l'admiration, mais rassurez-vous, vous pourrez le lire en plusieurs fois, l'éditeur ayant eu la bonne idée de fournir le marque-page.
.....Léonard Batts, jeune journaliste et critique canadien pour le Comics World Magazine, auteur reconnu pour sa biographie de Jack Kirby, se rend à Hicksville, petit village néo-zélandais afin d'interviewer Dick Burger, enfant du pays expatrié aux USA et devenu entre temps le magna du monde des comics. Arrivé sur place, dans un village cotier isolé du reste du monde et peuplé de fans de comics, il ne comprend pas pourquoi il déclenche la haine à la simple évocation du nom de Dick Burger ou de Captain Tomorrow, le nom de la série culte que ce dernier a popularisé.
"Hicksville" est un roman graphique dans la plus pure tradition avec un aspect biographique marqué car raconté sous la forme d'un journal, lui-même entrecoupé d'autres journaux.
Ceux-ci insérés dans le roman sous forme de chapitres sont en fait des comics dessinés dans le style propre à chacun de leurs différents auteurs, ce qui nous donne plusieurs niveaux de lecture : planche de BD sur fond blanc lorsque l'on est dans l'univers des autres, fond noir pour le réel vécu par Léonard. Ce qui trouble au début devient rapidement comme un jeu de piste que l'on savoure avec délectation ensuite. Le dessin noir et blanc quant à lui, d'un style semi-réaliste est plutôt fluide et agréable.
.....En plus d'une histoire particulièrement belle et originale portée par le suspense, l'intérêt de ce roman graphique réside dans ses nombreuses références (histoire de la BD, géographie ...) méthodiquement regroupées dans un glossaire final de 5 pages.
.....Hicksville, ou comment méler l'utile au trés agréable.
(chronique publiée originellement dans Onabok #4, Dec 2001)

Le chemin de St Jean et Monographie


AUTEUR : Baudoin
EDITEUR : L'Association (Le chemin de St Jean) 1ère ed. (dos vert) et Mosquito (Monographie)

Le Chemin de St Jean est la dernière parution de "l'ami" Baudoin, (avec "Taches de Jazz" *) dont nous avons le plaisir à nouveau de gouter le style poétique si particulier. Cette bande dessinée publiée au format "Futuro" 30/40 (à peu près) nous rappelle des souvenirs (Baudoin avait en effet été un des pilier des éditions Futuropolis dans les années 80)... C'est un projet à long terme qui raconte le chemin que l'auteur empruntait dans son enfance aux environs de Nice, et il est prévu que d'autres tomes voient le jour. Une oeuvre graphique avant tout, mise superbement en valeur par le format.

La "Monographie" quant à elle nous dévoile toutes les facettes et l'histoire de Baudoin, sous forme d'ue interview fleuve. Une bibliographie conclue l'ouvrage. Notons que l'édition originale limitée à 400 ex. comporte une sérigraphie signée par l'auteur.

* Autres signatures, celle accompagnant la sérigraphie livrée avec l'édition du chemin de St Jean lorsque vous l'achetez à la Comète de Carthage (voir publicité), et celle accompagnant la sérigraphie offerte avec "Taches de Jazz", publiée par Le 9eme Monde, compilation de récits sur le thème du jazz.

(Chronique publiée originellement dans Onabok)

Le Rock et moi

AUTEUR : Joe Sacco
EDITEUR : Rackam - 2eme trim. 2001
Joe Sacco a de l'humour; ça on le savait déja même si ses précédentes traductions "Gorazde" et "Soba" sur les conflits à Sarajevo traitaient plutôt de thèmes dramatiques. Ces quelques histoires et reproductions d'affiches réalisées pour des groupes, clubs ou magazines rock compilées dans cet ouvrage jouent néanmoins la carte du rire à fond. Joe Sacco se paye la tronche du rock business, des hard-rockeurs, des Stones (qu'il adore), et des vieux bluesmen (R L Burnside, T model Ford...qu'il aime aussi). Il faut lire ces récits trés drôles racontés à la première personne qui dénotent l'hypocrisie d'un milieu pourri par le fric.
Plus qu'une compilation, comme il le dit lui-même, c'est une vengeance qu'il opère là, pour tout l'argent qu'il a perdu avec certaines de ses commandes non honorées.
Déja un classique

(chronique Publiée originellement dans Onabok)

David Boring


AUTEUR : Daniel Clowes
EDITEUR :
Cornelius - Juillet 2002

Je suis un fan de Daniel Clowes. Entendez, j'achète tout ce qu'il fait. Evidemment, ça va être dur d'en dire du mal me direz vous. Et pourtant, c'est ce qui a failli arriver lorsqu'une dizaine des premières pages de la bande dessinée ont été prépubliées par Les Inrockuptibles ce début d'été. Une page par semaine, c'est peu, et cette introduction basée sur le sexe laissait peu présagé du reste.
Et pourtant... après lecture de ce nouveau pavé de 116 pages (un peu moins que les 142 de "Comme un gant de velour pris dans la fonte." (voir chronique dans Onabok #1), le doute s'efface immédiatement.
Ce livre est une merveille. Si son titre peu évocateur ne donnait aucun indice sur le sujet, ce dernier ne fait qu'affirmer l'énorme talent de conteur de son auteur. "David Boring", par son ton rappelle tout de suite "Comme un gant de velour.." même si un aspect un peu plus réaliste l'éloigne du cauchemar systématique de son prédécesseur. La recherche de la femme parfaite (surtout au niveau des formes anatomiques) entraine notre héros dans une histoire aux limites du fantastique, dans une ambiance trés polar chère à Daniel Clowes, sur fond de menace de troisième guerre mondiale. Le rêve, le passé et la difficulté de les séparer de la réalité sont les éléments récurrents de son oeuvre. On lit "David Boring" comme hypnotisé par la trame qui se déroule sous nos yeux, et subjugué par l'étonnante faculté de Clowes à raconter de telles histoires, si personnelles, si fortes, et finalement si...poétiques.

L'autre titre de Daniel Clowes traduit en français cet été chez Rackam est "Dan Pussey" et traite efficacement du milieu des comics US, sous une forme satirique jouissive mais non moins réuisite, il va sans dire !

(publié originellement sur le site Onabok)


Rêve de forêts en feux...


(re-post du 22/10/05)

Cette nuit, je ne sais pas si c'est le fait d'aller sur le blog bizarre de Léo (“Kronix“), mais voila à quoi j'ai rêvé :

Je suis avec mes deux filles de 5 et 7 ans dans un univers boisé et nous nous balladons. Cependant, l'aspect tranquille de cette image change brusquement en cauchemar, car mes filles, sur des ordres que je leur ai peut-être donnés, se mettent à incendier volontairement arbres, collines entières, chaumières paysannes environnantes...

Je croyais pourtant que nous devions juste mettre le feu à quelques arbres isolés afin de pouvoir acccéder à la propriété sur certaines parcelles occupées..(?...); Mais là, les scènes de mises à feu se multiplient, de plus en plus rapides.
Je suis dépassé par les évènemets qui m'apparaissent comme irréels et violents. Je choisi de courir avec elles en rentrant à la maison, un peu plus loin, à l'extérieur de la forêt.
Là, je tombe sur mes beaux-parents qui sont assis tranquillement dans mon canapé, et qui m'écoutent leur expliquer ce qui vient d'arriver.

Je me réveille.

vendredi 21 octobre 2005

Hey Mister. Dial M for Mister

AUTEUR : Peter Sickman Garner
EDITEUR :
Top Shelf, Mars - 2001

Le dernier "Hey Mister" de Peter Sickman que j'ai lu. Une bonne histoire sur le pouvoir de séduction, en deux actes où Mister se voit prendre en charge par une sorte de mécène féminin qui l'invite dans la jet set new-yorkaise. Il est donc séparé de ses deux acolytes habituels durant quasiment tout le récit.

La surprise de cet épisode c'est que l'on découvre avec lui son attachement à Aunt Mary, sa co-locataire, qui nous apparait plus humaine et féminine que jamais.
.....Un épisode charnière, sans aucun doute.

(chronique publiée originellement dans Onabok)

Rappel : une interview de Peter Sickman est disponible dans le n° 2 de la revue Onabok (voir le site)

Un quartier pas si lointain


Quartier Lointain t.l
Jirô Taniguchi
Casterman, Sept 2002

Que dire de plus d'un album qui a obtenu l'Alph'art du meilleur scénario et le prix Canal BD lors du dernier festival d'Angoulème ? Venant d'un mangaka comme Taniguchi , dont on avait déjà apprécié le superbe travail avec: "L'homme qui marche", fable muette, écologique et philosophique, cela n'étonne pas.
Avec ce "
quartier lointain", qui fait référence au quartier d'enfance de l'auteur, on s'immisce dans les souvenirs d'un homme marqué par la disparition de son père, à l'âge de 14 ans. Mais Quartier lointain est avant tout une autobiographie subtilement déguisée en conte fantastique, puisque l'auteur se donne les traits d'Hiroshi Nakahara, un cadre de 48 ans qui est projeté malgré lui dans son enfance, et obligé d'en (re) vivre les bons et les moins bons moments.
Revivre l'enfance avec sa conscience et son expérience d'adulte, n'est pas sans atouts, mais impose d'affronter les évènements à venir déjà vécus, comme la disparition imminente du père ou la mort de la mère.

Que faire lorsque l'on a le don de voir le futur ?.. vivre le présent sans se poser de questions, ou tenter de changer l'avenir?
Un premier tome qui atteint l'excellence à tous les niveaux, et dont on attend la suite (prévue pour ce mois de mai) avec une impatience non feinte.

Chronique originellement publiée dans Onabok n°6 (2002)

jeudi 8 septembre 2005

Mc Cay

Mc Cay
Thierry Smolderen/ Jean Philippe Bramanti

3 tomes, (Delcourt 2003)

Windsor Mc Cay (1867-1934 ) est connu par tous les (vrais) amateurs de bande dessinée comme étant le créateur américain ayant fait rentrer le médium dans le vingtième siècle. Précurseur du ballon (son Little Nemo est l'une des première bande à l'utiliser), il a surtout développé des récits fantasmagoriques de premier ordre structurés sur des mises en pages nouvelles et tout à fait révolutionnaires.

Quoi de plus normal donc, que
Thierry Smolderen, grand spécialiste et scénariste de talent en ait donc fait le héros d'une bande dessinée.
Profondément documenté en fin de chaque tome, cette sorte de récit initiatique du jeune auteur est construit sous la forme d'un polar fantastique, lui conférant une atmosphère et une ambiance toutes particulières , permettant de mêler biographie et aventure avec brio.


De son côté,
Jean-Philippe Bramanti, jeune auteur n'ayant pas encore été vraiment reconnu dans l'hexagone réussi le pari de transfigurer le scénario de Smolderen à l'aide d'un dessin magnifique peu usité dans la bande dessinée moderne et pouvant parfois rappeler celui d'un Alex Varenne. La présentation de cette bande dessinée, sous un grand format avec dos toilé lie de vin fini de conférer à cette série le statut de "culte" qu'elle (ne) laissait présager.

nb : cette note est une réédition d'un article originellement publié dans la revue Onabok #6 en Juin 2003.


En savoir plus sur Little nemo et Winsor Mc Cay

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