lundi 21 janvier 2019

Red neck T2 et God Country : deux comics alternatifs de qualité



On retourne chez la famille de vampires Bowman, qui après le bazar provoqué en ville, s’est vraiment mise au vert au milieu des bois, en attendant que ça passe. Cependant, un des nouveaux « arrivants » peu enclin aux règles du vampirisme, risque bien de leur apporter un tas d’autres problèmes. Heureusement que la petite Perry possède quelques ressources cachées.

J’avoue être moi-même surpris de la qualité de cet « énième » (pourra t-on dire) série consacrée aux vampires. Le ton, rappelant par moment celui de « Walking Dead », possède cependant un univers assez personnel et original pour que l’on se laisse prendre au récit. L’ambiance est sombre, assez lourde, et pourtant non dénuée d’humour. Cette petite femme isolée à laquelle on accède par un tunnel et dans laquelle se jouent des conflits familiaux pourra faire penser quelque peu à l’excellent « Black Hammer » de Jeff Lemire, mais « Outkast », chez le même éditeur, possède aussi ce genre d’atmosphère tendue. 

Quelques révélations sont faites au passage sur le grand-père, et un évènement majeur va être déclenché dans ce tome.  
J’ai déjà dit le bien que je pensais du dessin de Lisandro Estherren, bien adapté à cette tension et au rythme soutenu du récit. Aussi, ne manquez pas cette série, une des meilleurs actuellement du catalogue Delcourt comics Contrebande !




« God Country » 




Une famille perdue au milieu du désert texan : les Quinlan, va faire l’expérience d’une tempête pas comme les autres. Un soir, il y a quelques années, le grand-père, atteint de la maladie d'Alzheimer, prend une tornade sur la tête alors qu’il dort. Tandis que son fils et sa petite fille le cherchent parmi les décombres, celui-ci intervient, armé d’une épée géante, afin de les sauver d’une créature maléfique apparue là.

Il semblerait que cette tornade ait apporté autre chose que la destruction. Mais comme de bien entendu : « tout pouvoir…»



Si ce pitch vous fait penser au magnifique Thor, dieu d’Asgard, c’est un peu normal. Se voir attribuer une arme géante et magique, liée au tonnerre, cela ne date pas d’hier, et on pourra trouver ce scénario un peu « simple » au premier abord. Mais à bien y regarder de plus près, cette histoire de souffrance - car le grand-père souffre et ne vit plus ans la réalité avec ses enfants, leur menant d’ailleurs la vie dure - va servir de déclencheur à une réflexion sur le sens de la vie, l’espoir aussi, mais surtout l’aspect légitime et normal du laisser-aller de la mort dans le cycle naturel.

Donny Cates se sert d’un « emballage » quelque peu super-héroique, durant un temps seulement, pour nous conter une histoire simple, et triste : celle des transmissions de générations.
« God Country » séduit avant toute chose par son dessin. Je n’avais pas encore eu bien l’occasion de découvrir le travail de Geoff Shaw, jeune dessinateur ayant oeuvré, parmi d’autres, sur des séries Marvel, telles « Infinity Wars ». Là, associé aux superbes couleurs de Jason Wordie, il nous offre un déluge de superbes planches. Suivant évidemment le scénario de Donny Cates, il rend avec beaucoup de justesse les passages « humains » traitant des relations entre grand-père, fils et petite fille et ceux plus fictionnels et fantastiques nécessitant des explosions d’énergie et de couleurs.  En cela, Geoff Shaw se révèle un artiste au pouvoir « alternatif » fort, et on devine qu’on tient là quelqu’un que l’on reverra dans de projets similaires, à savoir, hors grandes licences. Le comics venant d’ailleurs déjà des éditions Images.
De superbes couvertures de l’artiste et de Gerardo Zaffino, entre autres, sont jointes en fin de volume.




Vous l’avez compris, « God Country » est un livre pas tout à fait comme les autres, mais il possède ce petit quelque chose, au delà de son superbe graphisme, qui vous fera le considérer comme une oeuvre de référence, à laquelle on aime se reporter. 

FG

« Redneck T2 », par Denny Cates et Lisandro Estherren
Éditions Delcourt (15,95 €) - ISBN : 978-2-4130-0722-7

« God Country » par Donny Cates et Geoff ShawÉditions Urban comics (17,50 €) - ISBN : 9791026814450

samedi 12 janvier 2019

Le Phantom du Renoir expose à la Tour...


Edgart, alias Jean-Yves Gardette, expose l'intégralité de son œuvre peinte à partir d'aujourd'hui à l'espace de la tour, Mably (42). L'occasion de découvrir ou se repencher sur l'univers surréaliste et cinématographique d'un artiste bourré de talent.


Les Roannais passionnés de cinéma et fréquentant l'Espace Renoir connaissent bien Jean-Yves, ancien opérateur, jusqu’à l’année dernière, dans cette incontournable structure d'Art et essais locale. Si ce n'est pas la première fois que sa passion, avec le rock, la bande dessinée et le cinéma, s'exprime en public, (entre autre à Mably, voir le compte rendu de sa précédente exposition collective en 2009 au même endroit…), cet événement résonne de façon un peu particulière aujourd'hui. Jean-Yves a en effet été victime l'année dernière d'un accident, lui laissant malheureusement quelques séquelles, l'empêchant entre autre de peindre. Ce sont donc des œuvres exécutées avant cet incident qui nous sont présentées.




L'hommage aux films noirs américains, ou français d'ailleurs, constitue la base de l'oeuvre de l'artiste. Un goût immodéré pour les années trente, quarante, cinquante, met en scène les personnages cultes de thrillers ou de films d'horreur. Les fantômes de Humphrey Bogart, Lauren Bacall, James Cagney, Peter Lorre ou Lon Chaney, pour n'en citer que quelques uns, posent à l'intérieur de toiles aux tons de gris ou en quadrichromie.


Au delà de l'hommage, Edgart place de nombreux objets ou personnages secondaires dans ses décors, tels des cyclistes, anciens automobilistes, Louis de Funès, Yoda ou un X-Wing Starfighter. Autant de clins d'oeil décalés, parfois dans le ton, parfois dans le temps, apportant une ambiance surréaliste à la Dali. Mais certains plus petits formats ont été pensé comme des séries plus sobres, portraits respectueux de femmes fatales, souvent, mais aussi de grands hommes, auteurs, réalisateurs ou auteurs-compositeurs.
















Edgart surprend enfin par la précision quasi chirurgicale qu'il apporte à sa peinture, utilisant un pinceau très fin, on imagine, et sans doute une lunette spécifique. Le vernis brillant utilisé révèle et enferme en même temps la matière, mais ne saurait retenir l'émotion évoquée par ces figures passées du septième art...

Venez à l'espace de la tour. L'oeuvre est belle, pointilleuse, et originale, car chargée d'étrangeté.

Franck Guigue

(Toutes photos : FG, en remerciant l'artiste pour sa bienveillance)




Exposition Jean-Yves Gardette : Espace de la tour, Mably (42), du 12 au 27 janvier 2019
Tous les jours :14h - 18 h
04 77 44 80 97 (service culturel)



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