jeudi 29 septembre 2011

Jeronimus, les couleurs du mal

On avait déjà beaucoup aimé ici le dyptique "Abdallahi" de Dabitch et Pendanx, chroniqué en son temps sur le blog ami "IDDBD".

Jeronimus, publié entre 2008 et 2010 chez Futuropolis (trois tomes), et découvert, une fois n'est pas coutume dans le fonds de la médiathèque de Roanne (42), m'a tout d'abord attiré par sa (ses) superbes couverture, et l'explosion graphique de son contenu.
Pendanx peint ses cases, et fait de ses bande dessinées de vrais toiles.

Ce tryptique conte l'histoire historique véridique du Batavia et de Jeronimus Cornelisz (Leeuwarden 1598 - 2 octobre 1629), négociant pour le compte de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC) qui en juin 1629 fut l'instigateur d'une des mutineries les plus sanglantes de l'histoire, (120 assassinats, femmes et enfants), après son naufrage dans les Houtman Abrolhos, archipel corallien au large de l'Australie.
On ne sut jamais exactement ce qui déclencha ce comportement quasi inhumain, même si le premier tome livre quelques indice très intéressants, dont la mort prématuré de son tout jeune bébé, mais aussi peut être à sa fréquentation de l'école hollandaise de peinture de l'époque, dont un des plus grands maîtres fut condamné à l'hérésie...

Cela dit, au delà de la simple beauté formelle graphique (difficile à soutenir cependant sur certains passages), on notera la très grande qualité scénaristique et synopsitique de l'histoire, qui étonne par sa cruauté et sa rudesse.

Une superbe mini série. Un grand album. Des grands auteurs. Et une sacrée histoire (vraie), qui fait froid dans le dos.

A voir : des planches originales de Pendanx à la galerie Maghen

A lire :
- une belle note sur l'intéressant blog Osajohnson.wordpress.com
- et une interview des auteurs à propos de cette série sur Bdgest

dimanche 11 septembre 2011

Meteor Slim, ou le noir au service du bleu

Le rêve de Meteor Slim
Frantz Duchazeau
Sarbacane 2008 (édition limitée)

Frantz Duchazeau est né en 1971 et fat partie pour moi du gotha des dessinateurs. Son style charbonneux, qu'il soit magnifié par le noir et blanc ou mis en couleur, provoque immanquablement l'émotion.
Épaulé au scénario par Gwenn de Bonneval (ici directeur de collection), ou Fabien Velhmann, il a signé quelques uns des plus originaux albums des années 2000.
En tant qu'auteur solo, il s'est aussi lancé depuis 2008 dans une description mélancolique mais très juste de la condition de ces traîne savates musicaux du début des années 30 aux années 40 aux USA.

Le rêve de Méteor Slim raconte la vie pas si imaginaire que ça d'un p'tit gars black parti de sa ferme du sud (Memphis ?) où il laisse femme et enfant pour tenter une vie de bluesman sur la route. Il croise Robert Johnson, qu'il accompagnera sur un enregistrement, Johnny Shines, Big Bill Bronzy, et bien d'autres légendes du blues rural de l'époque, allant de galères en galères, mais réussissant (quand même) à graver un disque, avant de refonder néanmoins une famille, mais la fin ne sera pas si rose...

Destin tragique partagé par pas mal de noirs et de pauvres gens de cette époque, et magnifiquement mis en image par Duchazeau, comme l'avait déjà fait avant lui un autre (grand) amateur de musiques traditionnelles américaines : Robert Crumb. (cf. entre autre les rééditions de chez Cornelius, dont "Mister Nostalgia" et sa belle description de la vie de Charley patton*.)

En 2009, "les jumeaux de Conoco station" (Sarbacane) décrit le même genre de galère mais sous l'angle d'un autre style proche du blues : la country. Autre réussite.

Puis en 2011, "Lomax" peaufine le tout en retraçant les pérégrinations de John et Alan Lomax, père et fils, chargés par la librairie du congrès américain de récolter grâce à leur camionette équipée, des enregistrements de musique folk rurale. (les fameux "Field recordings" collectés dans 33 états). De 1933 à 1935, ce sont des centaines de voix (et de guitares) qui furent ainsi enregistrées, pour la postérité, et grâce auxquels on peut encore aujourd'hui écouter ces chanteurs disparus.

L'édition collector :
Frantz Duchazeau aime le blues, cela va de soit, et il s'est superbement acquitté de son hommage avec une publication artistiquement très forte sur un genre à (re) découvrir encore et encore.
Cet album "Le rêve de Meteor Sim" a en effet vu le tirage d'une édition limitée à 1000 exemplaires numérotés contenant non seulement un ex libris signé par l'auteur, une affiche de concert de Meteor Slim "d'époque", mais, suprême bonus : un authentique 78 tours (enfin, un 25 cm imitant un veux 78 tours) reprenant les quatre chansons (soit disant) enregistrées par ce (faux) bluesman maudit :

A) Nice guy but goo whiskey/ Pussies fo'my friend
B) Devil's got my mind/I'm not a stange fruit,
le tout sur label Moon, dont la pochette au superbe label Supertone est collée sur le troisième de couverture du livre.

Pour le son, il s'agit en fait de Mr Mat, du groupe Moutain men, auquel Duchazeau s'est associé afin de donner encore plus de réalisme (de fumet) à cette réalisation.

Supertone !!

*Ps : On notera dans le même genre aussi, la parution annoncée pour bientôt d'une biographie dessinée de Robert Johnson par Mezzo, dont on a pu voir un extrait dans le dernier numéro de la revue Soul Bag. (couverture ci à côté).

La bio de John Lomax sur wikipedia

Une belle interview au sujet de ce dernier album sur Mondomix


Le site des éditions Sarbacane

Ouf, un moment que je souhaitais parler de celui-là, .. c'est fait !

dimanche 4 septembre 2011

Cowboys et envahisseurs : Favreau gagne son pari.

Cowboys et envahisseurs, au cinéma depuis déjà deux semaines laissait sceptique tout ceux qui avaient vu débouler la bande annonce cet été.
Amateurs de western ou de SF, on était prêts à tout, sauf à ce titre racoleur un peu nunuche, qui nous a tous fait marrer.

Du coup, à l'heure où la chose est enfin sur les écrans, et que le film est vu, pour la plupart en tous cas, force est de constater que le réalisteur d'Iron Man John favreau a réussi à faire du bon boulot, avec un matériau qui n'était pas spécialement facile.

On rappellera en effet que ce film est l'adaptation d'un comics paru en 2006 chez le petit éditeur Platinum (dans le giron de Marvel), et que son créateur : Scott Mitchell Rosenberg, n'est pas un des plus connus par ici. On aura l'occasion de lire ce bouquin dans toutes les boutiques de France puique Emmanuel Proust éditions s'est occupé de la traduction, parue ce mois d'Août.

L'équipe qui entoure le créateur : Fred Van Lente & Andrew Foley au scénario; Dennis Calero au dessin et couleurs; Luciano Lima à l'encrage, semble avoir un travail correct, mais à ce que j'ai pu feuilleter, le dessin reste pas terrible terrible, et la mise en page un peu enfantine.
On regrettera d'ailleurs au passage la couverture française reprenant l'affiche cinéma (plan média quand tu nous tiens !) , alors que l'US (ci à côté) était pas spécialement nulissime.

Bref, tout ça pour dire que le scénario élaboré pour cette adaptation cinéma tient bien la route, et que sans surenchère aucune, cet ovni (sans jeu de mot) nous permet de passer un très bon moment, mêlant ambiances western classique et SF de bon goût.
Alors oui, rien d'exceptionnel sous les tropiques en terme d'originalité (on a déjà vu pas mal de choses sur les enlèvements ET), ni sur l'aspect western, même si il y avait pas mal de temps que l'on n'avait vu des Apaches Chiricahuas dans un film, (surtout joués par des indiens parlant le dialecte, et pas trop idiots), mais c'est bien évidemment le mix des deux univers qui fait la différence, tout comme le casting, très réussi.

Daniel Craig est superbe, en face d'un Harrisson Ford, juste ambivalent ce qu'il faut : ni trop salaud, ni trop bon, et d'une Olivia Wilde magnifique, ainsi que d'une ribambelle de second rôles intéressants.

Bref, vous l'avez compris, ce film vaut le coup d'oeil, et devrait pouvoir rester dans les annales de SF.
Quand au comics... c'est moins sûr.
Le site de Platinum Studios

Frances : étrange étrangère chez Cambourakis

Frances T2
Joanna Hellgren
Cambourakis, 2010

Les Editions Cambourakis ont été créées à Paris en 2006 par Frederic Cambourakis. Leur catalogue offre a la fois œuvres littéraires et Bandes dessinées.
Ce qui différencie cet éditeur très particulier dans l'univers BD francophone est l'ouverture vers des auteurs étrangers inconnus chez nous. Japon, Portugal, Espagne, Etats-unis ou Suède comme ici. Les œuvres sont de style indépendant, très personnelles, et plairont certainement aux amateurs de lettres étrangères.

...Deuxième tome donc pour cette très belle Bande dessinée littéraire et confirmation des émotions esthétiques et scénaristiques éprouvées lors de la lecture du premier épisode en 2009.
Frances, c'est le prénom d'une petite fille brune d'environ 8 ans, vivant au sein d'un appartement urbain à la charge de sa tante Ada, en compagnie de son grand père sénile et de sa grand mère. Ada, grande blonde maigre au chignon trop sérieux, qui se découvre une attirance pour les filles dans le premier tome, et s'autorise des sorties avec Louise, belle et fine garçonne intellectuelle assortie de deux lévriers blancs.
Quant à la maman de Frances, elle est partie il y a longtemps sans laisser d'adresse...

L'ambiance est sobre, voire âpre, typique de ces pays scandinaves tels qu'ont peut les voir dans les films de Bergman ou même Von Trier. Cela doit se passer aujourd'hui, mais on n'en a finalement que peu de confirmation.

Dans Frances, on suit aussi en parallèle et en flashback l'évolution d'Ester, une autre très jeune demoiselle brune, a qui l'on pourrait donner 14 ou 16 ans, pas bien plus. Un âge ou on lui laisse s'occuper des 4 plus jeunes enfants d'une famille bourgeoise rurale. Ester est mûre, et, un soir de fête au village, elle boit un peu trop en compagnie d'Auguste, le garçon avec lequel elle a dansé...
...Beaucoup de révélations dans ce deuxième tome, qui nous laisse cependant a nouveau dans un suspens déchirant.

Traitant de manière très cohérente et réaliste, mais aussi avec une sorte de plaisir à maintenir ses lecteurs dans une atmosphère mystérieuse (via le décalage temporel), Joanna Hellgren montre beaucoup de talent scénaristique. De surcroit, son dessin au fusain, tout au trait offre un rendu au classicisme subjuguant, évoquant parfois, sur de pleines pages annonçant les flashbacks, des illustrations anciennes.

Joanna Hellgren publie depuis 2008 en France seulement, et a été aperçue dans le Monde diplomatique en Bande dessinée de Mai 2010. On pourra l'associer au niveau style graphique et atmosphère à une autre jeune auteure féminine française dont on a déjà eu l'occasion de parler par ici, à savoir la stéphanoise Caroline Godot.

...Esthétisme, rigueur et poésie, la recette d'une œuvre forte.
- Fin au tome 3 ?...

Le site des éditions Cambourakis
, ainsi que leur :
Blog, d'où est tiré la photo de l'article des Inrockuptibles.

Le site de Joanna Hellgren

jeudi 1 septembre 2011

Eternel Saint-Haon-le-Châtel

L'histoire de Saint-Haon-le-Châtel en Bande dessinée , telle qu'elle avait été imaginée en 2006 par quelques amateurs (dont votre serviteur), s'apprête à paraître sous la forme d'un livre moyen format de 47 pages, dos carré collé, (et non relié comme initialement annoncé), N/b et cahier couleur de 16 pages rassemblant textes, bandes dessinées, dessins, photos, et ce à l'occasion du Salon du livre de St Vincent de Boisset les 24 et 25 Septembre.

Mise à jour de la note originale (datée 01 Octobre 2011) : Attention , pour des raisons indépendantes de ma volonté, un retard s'est accumulé sur la date de parution de l'ouvrage. Une soirée pour la remise aux souscripteurs devrait être organisée par les associations éditrices. Merci de prendre contact avec elles pour toute information complémentaire.
F Guigue, dir. de publication.
01/10/2011
Rappel : Ouvrage édité par les associations Bibliothèque communale et scolaire et Société Histoire et Patrimoine de Saint-Haon-le-Châtel.
Prix de vente public annoncé : 13 euros.

Contact : Société Histoire et Patrimoine de Saint-Haon-le-Châtel, Carré de Givres - 42370 Saint-Haon-le-Châtel. Tel bibliothèque : 04 77 64 24 88

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