mardi 29 décembre 2015

Le cinéma français d'auteur se porte bien, merci..

 A l'heure où un certain blockbuster produit par une très grosse boite américaine d'entertainment défrise à grand renfort de marketing outrancier les classements d'entrées au cinéma, des salles arts et essais continuent à diffuser tranquillement mais sûrement des œuvres intéressantes.
Les cow boys de Thomas Bidegain et La vie très privée de monsieur Sim de Michel Leclerc en sont deux parfaits exemples.
Le premier aborde d'une manière sinueuse, comme le serpent que François Damien piste dès la première demi heure du film, le sujet de l' endoctrinement culturel et religieux.
Il prend le noyau familial comme point de départ, pour mieux le faire éclater. La vie s'arrête au moment où l'un des membres (la fille, Kelly) vient à manquer.
Le père, puis le fils, avec deux méthodes différentes, vont découvrir les arcanes de cette nouvelle guerre qui se joue, loin des champs de batailles traditionnels. Une guerre dont les fantassins se terrent dans des caves d'immeubles ou dans les villages reculés du Pakistan.
Et si les allers retours en pays étrangers ne permettront pas vraiment de retrouver la fille disparue, on a le sentiment que ce brassage de cultures est dorénavant incontournable pour comprendre le monde complexe dans lequel nous vivons désormais.

Le rapprochement à la fois poétique et très dramatique de la jeune pakistanaise interprétée par Ellora Torchia et du frère de la "disparue" : Finnegan Oldfield, fait à cet égard office de symbole fort sur la nécessité de connaissance des autres aujourd'hui.
Nos cow boys Français (des amateurs de country dans l'Ain), symbole d'un certain conservatisme, feraient d'ailleurs bien d'apprendre autre chose que de simples pas de danse en groupe (pour ne pas dire troupeau), s'ils ne veulent pas être complètement rattrapés par la dure réalité d'un monde en mouvement.  C'est un peu le message coup de poing de ce film vérité, témoignage de vingt ans de vie avec Al qaïda.


La vie très privée de monsieur Sim, quant a lui nous fait croire au départ à un film de facture chiche assez classique, où l'on suivrait la vie peu ragoûtante d'un quinqua en pleine dépression, récemment divorcé. Jean pierre Bacri, interprète principal, nous fait à la fois peine et sourire, car il garde encore un peu de philosophie dans les premières minutes du film.
Mais si d'autres personnages, d'abord insignifiants (Valeria Golino, Vimala Pons :  Poppy, Mathieu Almaric : Samuel,  et Felix Moatin, Vincent Lacoste, ......), vont prendre au fur et à mesure une importance scénaristique insoupçonnée, et porter le film vers un intérêt universel, c'est sans doute grâce à la qualité d'écriture de Jonathan Coe, dont ce long métrage adapte le roman éponyme.  

Se servant d'un parallèle de course ratée autour du monde en bateau (l'épisode tragi-comique du navigateur anglais amateur Donald Crowhurst en 1969), le scénariste nous entraine avec son antihéros dans un dédale, aussi bien géographique que mental où le fantastique n'est jamais bien loin*. Le rôle des rond points et du GPS étant à ce propos de premier ordre comique et symbolique. 
(*) Les passages dans la neige, ou sur l'île par exemple.

...On ne saurait dévoiler la fin de cette histoire, inattendue, mais on se permettra juste de préciser que toute errance est utile à un moment de la vie, afin de pouvoir (peut-être) retrouver son chemin... et l'âge n'y peut rien.

> Deux films aux forts messages d'espoir, et d'amour.

samedi 12 décembre 2015

La fille du patron : un film rock ?

Un stade : un barbecue, une équipe locale de rugby, et les femmes, les enfants, qui passent un bon moment. C’est ainsi, sur une musique très populaire, dans le sens musical du terme français (façon musette), que le premier film d’Olivier Loustau débute.
Les dernières scènes (tournées au stade Malleval).
©Laureline Guigue










Vital
, (joué par le réalisateur), entraineur de l’équipe de rugby locale « Tricot », marié et papa d’une fille d’une dizaine d’années (Fanny, jouée par la roannaise Témoé Nouzille) travaille avec ses potes dans une boite de tricotage roannaise dirigée par Baretti (Patrick descamps.)
Dés les premières scènes, Alix, jeune femme assez frêle, qui s’avère être la fille du patron, (Christa Theret), est présentée par l’équipe dirigeante aux ouvriers. Elle est là pour mener une étude ergonomique, et va choisir deux cobayes; dont Vital. C’est le début d’une relation, malheureusement vouée à être dramatique entre eux deux, car cette étude arrive à un tournant de la vie de Vital…

La solidarité comme liant
Le rugby, la moto, les potes, les femmes, la solidarité, le combat social d’ouvriers dans une entreprise en difficulté… sont des éléments simples mais forts qui participent au côté presque docu-fiction de ce premier film.
La liberté...en moto bien sûr.
Un métier chez Bel Maille
©france3-regions.francetvinfo.fr

Un témoignage de métiers quasi disparus
Pour toutes celles et ceux qui ont vécu la travail en bonneterie, et donc beaucoup de roannais, car leur bassin économique des années 50-90 était en grande partie axé sur le tricotage, le fait de voir tourner ces grosses machines,... la peur qu’elles peuvent inspirer lorsque les aiguilles tricotent à toute vitesse.. la relation assez singulière entre chef d’équipe, chef d’atelier, patron… (l’intouchable), les autres postes de l’atelier…amènera évidemment beaucoup d’émotions.

Une poésie palpable, et un hommage à une ville
Mais cela est sans compter sur les scènes simples, de relation sociale, tournées au sein de la ville et dans ses environs directs; qui provoquent un effet sur tout ceux qui ont connu une ville au charme bucolique certain (on est très proche des collines de la côte roannaise) mais dont les entreprises embauchant des milliers de personnes ont finalement toutes fermées. 

Cette ville est filmée entre un mélange de zones un peu vagues, façon road movie : la Villette, quartier de l’ex rotonde de la Sncf, où l’entreprise locale Bel Maille, utilisée pour les besoins du film est située, et d’autres plans plus poétiques :
Certains bords de Loire, très peu fréquentés par les roannais, mais dont une grande partie  marquée par un passé industriel au XIXe siècle a été remis en valeur,
Des boulevards plus récents, utilisés chaque jour, ici passés en moto par notre fine équipe, à la sortie d’une troisième mi-temps bien arrosée.
L’école d’un quartier ouvrier… filmée au moins à deux reprises.. comme pour insister sur l’importance de la relation parents-enfants, et l’éducation qui peut ouvrir des perspectives.. 
Tout cela donne un aspect très Ken Loach à ce premier film. Et on ne s’en plaindra pas.

Lorsque la réalité dépasse la fiction :
©france3-regions.francetvinfo.fr
http://tinyurl.com/oycu5tw

Olivier Loustau, dont la propre mère est originaire de Roanne, a, comme il dit, « été dirigé par des faisceaux convergeant vers Roanne », puisque sa coproductrice aux côté de Julie Gayet, a aussi de la famille ici,
filme la plupart de ses scènes avec le soin du détail « social ». Comme lorsqu’il choisit cette maison au portail en bois bien abîmé, au milieu d’un quartier ouvrier pas si moche que ça, pour bien situer sa propre condition sociale, en plein marasme…
Ou lorsque, assis tous deux sur les marches de l’arrière des tribunes du stade Malleval, Alix et lui dévoilent sous eux un escalier en béton hyper dégradé, tel qu’on en verrait presque jamais dans n’importe quel film à moyen budget aujourd’hui.

La musique, pour appuyer le lien social
Filmer la réalité, oui, mais pas sans poésie, et sans support : c’est le rôle de la musique qui est, sinon omniprésente, en tous cas diffusée avec goût et précision, et dans une ambiance presque intemporelle, quoi qu’un peu axée année 80. 
A part le côté tzigane au départ, composé par Fixi (accordéon), on reconnait les Selecters, avec le tube ska « Too much pressure », bien dans l’esprit, lors de la troisième mi-temps.

Un ou deux autres titres rock moins connus  parsèment le film, et la bande est sinon composée par Fixi Bossard, qui interprète avec son acolyte Winston Mc Annuf le superbe « Garden of love », bande générique de fin, dont les paroles sont éloquentes :

« Here we are on the same boat » …   Here we are on bending knees
, Giving praises to the Almighty  
Yes we will no wear no frown

Because we’re working for a crown
,
Yes we’re living in charity
  Helping those who are in need

No we just can take no bribe
  Because the truth we can’t denie,


You’re welcome, you’re welcome
  In my garden, my garden of love »

Si ce film révèle certainement un réalisateur du réel, qu’il faudra suivre,  il nous permet aussi de remarquer à nouveau le talent d’acteur d’Olivier Loustau, que l’on avait surtout repéré dans les films d’Abdellatif Kechiche.
Une belle surprise.



Winston McAnuff & Fixi - Garden Of Love [Clip... par WinstonMcanuff

lundi 30 novembre 2015

BDart à Rive de Gier 2015 : un festival chaleureux.

Dix-Septième édition pour le festival de Rive de Gier, qui était parti au départ, comme tout nouveau festival, avec un aspect plus chiche et surtout basé plutôt humoristique..  Celui-ci a su néanmoins évoluer de belle manière, puisque l’on comptait ce week-end une cinquantaine d’auteurs.
Et du beau monde, dont pas mal d’italiens, appréciés pour leurs dessins classiques généralement de qualité ;-)

Si l’ambiance d’un tel festival est plutôt agréable, on a été quelques uns dans le public (venu nombreux sur les deux jours) à ressentir une gène, vis à vis du manque d’espace. Et donc de la chaleur. (d'où celle du titre ;-))
Je ne sais si cela se verra sur les quelques photos reproduites ici, mais il était parfois difficile de circuler entre les files d’attente pour les dédicaces.

Waiting for a friend...
Certes, à ce propos, le métier d’auteur de bande dessinée, on le sait, n’est pas franchement une sinécure, ...mais lorsque l’on se trouve, comme la plupart, casé derrière un métrage de tables, aux côté d’autre auteurs, et ceci répété sur toute la surface d’une salle pas assez grande, cela à tendance parfois à ressembler presque un peu trop à une stabule. Mais c’est, je crois, la réalité de beaucoup de « festivals » Bd ou romans, ailleurs, aussi, je préfère le termes de « Rencontres autour de la bande dessinée », qui est plus juste je pense, vis à vis de ce que l’on vit effectivement entre lecteurs et auteurs :  des moments privilégiés d’échanges, ...Mais pas vraiment une "fête".

La première pièce "d'expo/resto", donnant, plus loin, à la salle principale.
La librairie Forum était installée sur la scène, tout au fond.


J'ai pour ma part échangé avec Jacques Terpant, dont le Capitaine perdu vient de paraître chez Glénat, après une aventure entamée chez Delcourt en 2008 avec les adaptations de romans de Jean Raspail : les Sept cavaliers et Le Royaume de Borée.
L’occasion de parler, entre autre, et de manière fort sympathique : du métier d’auteur, des Amériques françaises, et des rencontres Yves Chaland se déroulant à Nerac chaque année. Chaland mis à l'honneur, et c'est très bien,  depuis quelques années à Rive de Gier, avec le prix portant son nom, remis à un jeune auteur. (http://bdart.assoc.pagespro-orange.fr/prixfreddylombard/#xl_xr_page_en2015)

J’ai, en ce qui me concerne, fait dédicacer mon exemplaire de "l’Imagier ", beau livre d’illustrations paru quelques jours plus tôt, financé sur le site Sandawe, et limité à 1000 exemplaires. A l'intérieur, 110 pages agencées en chapitres préfacés : "Le dessin alimentaire"(10 p.), Histoire et histoires (32 p.) Les portraits (20 p.), Filles de papier (22 p.), et Paysages (22p.),
où l’on retrouve un camaïeux de belles aquarelles, en majorité, de l’auteur.
L'occasion pour les amateurs du dessin de Jacques Terpant de feuilleter avec plaisir et en complément de ces albums, quelques belles images couleur ou noir et blanc, dans un élégant recueil au dos toilé noir, à la superbe couverture cartonnée et à la maquette soignée.


...Je n’avais pas mon exemplaire du « Dernier des Sagamores » (Photonik, ed Black & white) de Ciro Tota sur moi, et donc, j’ai raté l’occasion d’une discussion avec ce grand monsieur du comics français… tant pis. Une prochaine fois sûrement.

Robert quand à lui, en amateur de western, a été rencontrer Antonio Sarchione,  pour une dédicace sur l’exemplaire des Sept pistoleros, paru chez Delcourt, dans la collection Conquistadore.

Puis, en souvenir des superbes story boards réalisés dans la revue du même nom par Lacaf, il a demandé une dédicace dans son dernier album : Courbet, chez Glénat, dans la collection « Les grands peintres ».

Antonio Sarchione ©Rob















Lacaf ©Rob














Avant de partir, toujours un peu frustré de ne pouvoir rester plus longtemps et découvrir d’autres auteurs, (mais les dédicaces, ça se mérite !), on a flashé tous les deux sur les dessins aquarelles des albums de Tarek et Vincent Pompetti : La Guerre des  Gaules  (2012-2013, Tartamudo), et surtout, le superbe « Les anciens astronautes », écrit par Vincent Pompetti, et paru chez le même éditeur plus récemment.
Un auteur à suivre…assurément.
https://dragonastronauts.wordpress.com/


Vincent Pompetti


A côté de la salle de spectacle se déroulait une brocante musicale, où l'on pouvait dénicher de nombreux instruments et accessoires de musique, tout comme une profusion de disques vinyles et CD. Malheureusement, le public semblait être moins nombreux que les exposants eux-mêmes, dont les étals de vinyles s'allongeaient sut plusieurs dizaine de mètres. Des affaires à réaliser sûrement, mais quelques drouilles, en 45 tours notamment, côtoyaient quelques autres vinyles un peu plus rutilants et n'auraient même pas du, à mon avis, être présentées.  Acheter un 45 t qui ne peut pas être écouté plus de trois secondes sans sauter ou faire un bruit horrible n'est pas digne d'un vendeur de vinyle. (Et encore plus lorsque la pochette n'est pas en meilleur état.)
Ce n'est pas le cas, fort heureusement de notre copain Claude, de Culture à tous prix, dont les disques sont en parfait état et à des prix défiant toute concurrence.
Vous pouvez le retrouver chez lui, ou sur un salon, et sur sa page Facebook. (tel : 0610663922 et 0973643254)


Toutes photos sauf où indiqué : ©Hectorvadair/F. Guigue

samedi 7 novembre 2015

Des balles pas perdues pour tout le monde : Matz adapte Walter Hill

Balles perdues
Matz/
Jef, d'après Walter Hill
Rue de Sèvres
Janvier 2015

« Walter Hill pour la première fois en BD » indique le sticker fièrement collé sur la couverture, magnifique.
Celle-ci dévoile un gangster typique années trente avec sa sulfateuse à la main, au milieu d’une rue de ce qui pourrait être Los angles, le tout nimbé d’une couleur jaunâtre inspirant le mystère et le souffre.

Arizona 1932, Roy Nash, jeune et beau gangster vient régler ses comptes à un patron de bar perdu dans le désert. Il ne lui laisse aucune chance... Mais d’où vient-il et pourquoi en est-il arrivé là ?
Quelque jour plus tôt on apprend qu’il a bénéficié du soutien efficace de la mafia pour quitter la prison (sa fausse mort ayant été orchestrée), où il croupissait depuis cinq ans dans l’Illinois et alors qu’il avait pris perpète. L’idée est d’aider à régler une affaire qui a coûté pas mal de fric mais surtout sa réputation à Al, le boss de la « famille », et la mort d’un petit gars à eux qu’on a retrouvé une balle dans la tête.
Roy, qui change d’identité et va se faire dorénavant appeler Parker a pour mission de retrouver les trois gars qui ont fait le coup.
Retenue malgré elle dans l’histoire : l’ancienne copine de Roy : Lena, que notre anti-héros a toujours dans la peau.

Walter Hill a écrit à l’origine ce scénario  il y a une trentaine d’années et celui-ci n’a jamais quitté les tiroirs. C’est une rencontre à la Nouvelle Orléans en 2013 avec Matz, à l’occasion du tournage de « Du plomb dans la tête « (adapté de la BD de Matz), que Walter Hill lui propose cette histoire.*
Drôle de circulation d’idées n’est-ce pas ?

Page 13 tirée du site de l'éditeur
©Rue de Sèvres/Matz/Jef/Walter Hill

En ce qui concerne les artistes, Jef a déjà dessiné de beaux albums comme : Une balle dans la tête, La Traque, ou Flash le grand voyage.
Son style au trait fin et anguleux est reconnaissable entre mille et fait pour au moins 60% l’attrait de ce bel album de 122 pages, qu’on lit avec passion.
Il s’est d’ailleurs affiné en quelques années, et les couleurs magnifique et douces qu’il assure aussi n’y sont pas pour rien, …ressemblant du coup un peu à un autre grand artiste qui illustre aussi beaucoup d'ambiances polars : Miles Hyman. (Le Dahlia noir, antre autres, chez Casterman Rivages…)
C’est marrant, car Matz (Alexis Nolent), l’adaptateur, a quant à lui publié de très bons scénarios, dont la série Le Tueur est l’une des meilleures représentations. Mais il est aussi le scénariste du Dahlia noir,  dessiné, on l’a dit par… Miles Hyman.

Une histoire de famille quasiment… pas aussi dure que dans l’album, cela va sans dire, mais composée d'amoureux du polar, c’est certain.

Un album de grande classe, chaudement recommandé à tous les passionnés de scénarios bien ficelés, de film noir et de jolies pépés.  (Et merci à mon pote Rachid pour me l'avoir mis dans les mains ;-)

(*) Informations tirées de l’interview de Walter Hill concluant l’album, que l'on retrouve sur le site de l'éditeur : http://www.editions-ruedesevres.fr/entretien-avec-walter-hill

lundi 5 octobre 2015

samedi 26 septembre 2015

Simon Hureau : des Egratignures certes, mais avec poésie.

Egratignures
Simon Hureau
Jarjille éditions
Juin 2015


Simon Hureau est un auteur rare. Rare dans le sens où ce qu'il nous propose à la lecture donne le sentiment de vivre des moments privilégiés. Ses histoires se déroulent comme des contes, et son dessin noir et blanc, au trait mais aussi au lavis d'encre noire nous invite à revivre au temps passé; lorsque des maîtres illustraient avec talent de belles histoires romanesques.

Après diverses publications chez divers éditeurs de plus ou moins grande taille, dans des formats fanzines, petits albums agrafés ou brochés, ou cartonnés (Futuropolis) cette magnifique édition des éditions Jarjille, cartonnée et au dos toilé semble mettre enfin en valeur comme il le mérite le travail sensible et précis de l'auteur.*

"Egratignures" présente sept récits mettant en scène des enfants, et certaines histoires sont scindées en chapitres, parsemés au sein de l'album. On passe d'une histoire différente à l'autre, comme si un fil les reliait entre elles. 
Ce qui est vrai avec "Volubis palace", 3 chapitres quasi documentaires, traitant d'une bande d'enfants esclaves dans un pays comme la Turquie rurale, et qui vont s'échapper grâce à la culture…  l'est aussi avec "Kaiser et l'albatros, Bouzi : joujou pour dames, et le manège de Noé", abordant l'aspect début du siècle dernier, les jeux dans les parcs, et une certaine cruauté.
Tandis que "Sous le bitume de la nuit" aborde en fin d'album la science-fiction de "survivance".
Au trait... ©Simon Hureau/Jarijlle

Ce qui caractérise ces différents fils, et le style de l'auteur, c'est entre autre un Charme suranné.

Celui-ci nous saute au yeux dés la couverture, où trois jeunes enfants, habillés tels de petits bourgeois du XIXeme siècle, se tiennent la main. En fond, une tapisserie que certain d'entre nous ont pu connaître, (en reproduction), faite de scènes bucoliques stylées XIIIIeme.




...ou au lavis. ©Simon Hureau/Jarijlle
Le style graphique souple de Simon Hureau, rappellera par moment celui d'un François Ayroles. Il est ceci-dit un peu l'apanage de ceux de certains carnets de voyages, ou du style d'un Nylso : dessins un peu jetés sur la page, non entourés de cases. L'ajout de textes très poétiques autour rajoute à ce sentiment, et lorsque l'on sait que l'auteur a beaucoup voyagé et continue à le faire, cela ne nous surprend pas.

On est donc face à une bande dessinée /carnet de voyage, mais d'un voyage dans l'espace et le temps, car ce que Simon nous raconte, on le sent, vient de souvenirs de choses vécues ou vues, dans un temps qui pourrait être hier, comme avant hier, avec, parsemé ci et là son regard d'homme humaniste, qui n'hésite pas à dénoncer à sa manière certaines injustices.

C'est sans doute cette façon de faire, ajoutée aux textes particulièrement poétiques, qui font de ces "Egratignures" un livre au charme si particulier.

Un déjà (futur) classique. Tous publics.

(*) N'oublions pas, précédemment, le beau: "Tout doit disparaître" (Futuropolis, 2006)

mardi 15 septembre 2015

Quand t'es dans le désert... à Tripoli, depuis trop longtemps.

Tripoli
Youssef Daoudi

Glénat
Juin 2014

La couverture est superbe. Une petite caravane de soldats, un dromadaire et un cheval tenu par le licols avancent en silence, on le suppose, dans le désert et l'aube naissante.
Le titre indique le genre de désert et on s'étonne de ne pas connaître le nom de l'auteur.

Youssedf Daoudi ?
Une fois l'album ouvert et quelques pages feuilletées, on reste interloqué par la puissance de planches, la qualité du trait et de l'encrage.
Comment est-il possible d'être passé à côté d'un tel dessinateur, jusqu'à présent ? Et le synopsis paraît quant à lui très intéressant.

1805 : une expédition composé d'un détachement de huit marines et de 500  hommes, dont plusieurs mercenaires arabes, berbères et grecs traverse le désert de Lybie avec comme objectif la prise de Tripoli. A leur tête, l'ex consul de Tunis : William Eaton, précurseur de Lawrence d'Arabie, et le pacha Hamet Karamanli, déterminé à reconquérir son trône. (Editeur)


Si ce grand récit d'aventure, retraçant le premier fait d'arme des Etats-unis en dehors de leur territoire est un épisode inconnu; tout le mérite revient à cet album de le mettre en lumière aujourd'hui.

La clarté de la mise en page et le style du trait de Youssef Daoudi (La Trilogie noire, Casterman 2005-2008) ne sont pas loin de rappeler ceux d'un Jacques Terpant, si l'on devait tenter une comparaison, voir Franz sur certaines scènes hyppophiles; et cela indique combien son classicisme autorise une lecture confortable et de toute beauté.

L'aventure en elle-même, incroyable, qui va jeter des centaines d'hommes en pâture au désert, et dans la guerre, avant d'être broyés par les manigances de diplomates véreux, participe pleinement à l'attrait de ces 88 pages.
Quelques scènes développent aussi de beaux moments humanistes, et les relations interculturelles et religieuses pointées ici et là dans le récit apportent une ouverture bienvenue, en comparaison à notre époque troublée sur ce sujet. Il s'agit d'un autre atout sous-jacent de cet album.

L'histoire est dramatique, mais magnifique. Et l'on s'interroge sur les tenants et les aboutissements de ces conflits, parfois oubliés, comme ici, qui ont fait notre histoire.

Celle-ci en tous cas méritait d'être racontée.
Bravo !

dimanche 13 septembre 2015

Festival BD Ambierle 2015 : pendant que je m'en souviens…


Cette année, belle affluence pour la quatrième édition du festival BD d'Ambierle avec une affiche haut de gamme, autour de la venue entre autre de Didier Convard et Didier Falque.
Ces deux derniers, présents grâce à la présentation d'un des prototypes du graal de la collection du Triangle secret : "Le testament du fou", un réceptacle en bois, et étain, façon pupitre de moine du XIIeme siècle, réalisé en 33 exemplaires par les éditions Empher.
Une pièce en souscription, qui a germé dans la tête de quelques collectionneurs et passionnés de la série, que l'on a donc pu voir, toucher et se faire expliquer par Jean-Marc Pinon, gêrant de la structure, doté de ses gants blancs.

Un trésor, dont l'avancée est aussi visible sur le site :
http://www.bdempher.fr/

Photo : Pierre Jacquet
Denis Falque - Didier Convard
















Philippe Luguy
C’est avec grand plaisir que les amateurs ont pu aussi rencontrer (et se faire dédicacer leurs ouvrages préférés par) Didier Convard, scénariste, et ancien dessinateur, faut-il le rappeler, et son comparse Denis Falque, l'un des dessinateurs de la série Le Triangle secret.

A leurs côté : Philippe Luguy, auteur bien connu de la série jeunesse : Percevan, qui proposait entre autre, et en exclusivité, un beau portfolio de son héros, en édition limitée, et une nouveauté des éditions Jarjille de Saint-Etienne : un petit 16 pages de leur collection BN2.

Je n'ai pas eu l'occasion de discuter avec Jaap de Boer, mais cet auteur, connu pour ses parodies de Natacha (Nathalie)  était là aussi, aux côtés d' Emmanuel Despujol et Guillaume Delacour. 











Reed man, créateur de la structure d'édition Organic Comix était là cette année, aux côtés de Jean Yves Mitton, pour cosigner avec lui un de ses derniers albums : la suite de "Demain les monstres" : Demain…Mars
http://fr.ulule.com/demainmars/
Il proposait aussi bien sûr quelques une des ses productions : Strange nouvelle série, Etranges aventures, et quelques occasions de derrière les fagots.
Tandis que Jean-Yves Mitton se prêtait lui, au jeu des dédicaces, avec courtoisie, dont quelques unes dans le nouvel album du Garde républicain, paru chez Hexagon comics. (Colorisé par Reed man)
> A noter : la présence d'un beau blank cover au format 22x29.!)
http://www.riviereblanche.com/hexagoncomics.htm


Jean-Yves Mitton
L'occasion de discussions autour de Lug, Marvel, Fantax et des comics en général. Très sympathique, comme de coutume.

Non loin, et pour rester dans le  Garde républicain, Christophe Hénin était aussi là, lui que l'on croise dans tous les festivals de France et de Navarre. ;-)  Il continuait à présenter cartes, quelques comics et son album personnel autour du jeu de rôle.

En parlant des "locaux", Guillaume Griffon assurait les dédicaces pour son dernier "Apocalypse à Carson city" (tome 5), tandis qu'Olivier Paire présentait un nouveau comics de sa série SNKorp. (coul de  la couv :  Pascal Phan).

Lilou

Lilou avait quelques petites publications ou sketchbook sympathiques à nous proposer, elle que l'on avait pas vu dans les parages depuis une poignée d'années (Activités culturelles au Sénégal obliges.) Dans le même esprit de partage qui la caractérise, c'est elle qui a assuré un atelier BD vers 16 h.
Tandis que Patrick Biesse assurait la promotion de sa prochaine (et première !) exposition à Villefranche sur Saône en Novembre, à l'aide de ses productions Tiny worlds (cartes, posters…etc.)

Photo : Jarjille éditions

Du côté édition indépendante, un petit détour par Jarjille éditions s'imposait, et Michel Jacquet, scénariste et l'un des co-gérant, proposait quelques nouveautés. On notera le nouvel album  de Simon Hureau : Egratinures, un bel objet format carré, format 20,5x20,5, dos toilé, noir et blanc, qui ravira les amateurs. Le nouveau : Monstrueuse Cathy, d'Augel, quelques nouveaux BN2, dont celui de Nicolas Dalfratte, et les toujours très bons "Voyage en Transibérien", de Bettina Eger, Jean baptiste de Augel, et "Un quart né" de Laetitia Rouxel, dont on avait déjà un peu parlé (en bien) ici à l'occasion du précédent salon du livre de Saint-Etienne.
> Une structure alternative toujours intéressante et déchiffreuse de nouveaux talents, à ne pas manquer.
http://www.jarjille.org/  

Quant au fanzine local : Guère épais, David et Alain, avec quelques compères auteurs, étaient présents à nouveau à l'occasion de la parution du dernier numéro de la revue, (le 8), expressement réalisé pour le festival, avec une double page sur le village du livre d'Ambierle.
On note une nouvelle maquette pour le fanzine, reprenant celle du spécial SF paru l'année dernière, avec couverture couleur glacée donc, format A4, et 28 pages.
Au sommaire : Olivier Paire, Guillaume Griffon (belle pin up), Charles Berg, Alain Buisson, avec en exclusivité un extrait du prochain "Emile Tartarin", Lionel terrasse, et deux nouveaux venus : Némé (notre ex super-héros local, au dessin et scénario, wow ! ;-), Gipé, avec une double page de sf déjantée, et les rubriques et dessins habituels, dont le retour sur deux pages du très jeune Baptiste Canvel, avec un nouveau personnage : Levnac.
Une formule que l'on qualifiera de beaucoup plus prometteuse et vendeuse, pour peu qu'elle continue avec cette énergie et dans cette direction.

Pour finir :  la conférence autour du Triangle secret a semble t-il rassemblé plus d'une vingtaine de personnes, l'atelier BD a du ravir quelques enfants, et les nombreux bouquinistes présents avaient de quoi vous faire exploser le budget, pour petits et grands.

Bref, une édition haute en couleurs, qui conforte sa place au sein des manifestations de qualité du roannais. Merci à toute l'équipe du Village du livre pour ce week-end agréable et convivial !
...Juste un bémol : Il ne restera plus, pour la prochaine édition, qu'à organiser dans des délais un peu mieux gérés, le temps de repas des invités, afin que les horaires annoncés soient respectés.

> A l'année prochaine !! et d'ici là : RDV est pris pour le salon SF des Gardiens de la Science-fiction, en Novembre à l'Espace congrès de Roanne ;-)

N° 34/35 BN2, chez Jarjille :
Quick et Flupke revisités par Nicolas Dalfratte, auteur stéphanois.
voir : http://www.jarjille.org/products-page/bn2/
CC : toutes photos : F. Guigue (sauf où indiqué)

mardi 8 septembre 2015

Comme un Pastel blues : ma petite histoire du Jazz.

En remontant du travail ce soir, dans ma voiture, j’écoutais Nina Simone "Trouble in mind " (sur Pastel blues, 1965), et je pensais que je n'aurais certainement pas eu l'occasion ou l'opportunité (le goût aussi ?) d'écouter ce genre d'album dans le passé, mettons...15, 20 ans en arrière ?

La "sobriété"  (toute relative, car Nina Simone est une artiste dont les enregistrements, donc ceux ci, relativement "anciens", sont plutôt secs pour le profane) pourrait d'ailleurs être comparée quelque peu à celle de notre Brigitte Fontaine nationale...
Son jazz assez classique mixe cependant une bonne dose de blues (et quel blues, cf l'entrée fracassante avec Be my husband) et une folie toute personnelle, qui fait de chaque écoute une expérience assez exceptionnelle.

Je me faisais donc cette réflexion, et repensais à ma précédente compilation de l'artiste, un CD assez commun, à bas prix, acheté à l'aube des années 90, pour parfaire à ma culture et réécouter le tube qui avait à nouveau agité les ondes : My baby juste care for me. Un CD assez peu emballant sur la longueur, où quelques titres connus arrivaient néanmoins à retenir mon attention. Mais ces compilations bon marché ne sont pas ce qui se fait de mieux en discographie, surtout lorsque comme moi, on s'intéresse aux artistes. (Je crois d'ailleurs maintenant me souvenir que cette compilation m'avait été gentillement offerte par ma petite soeur.) 
A cette époque, j'avais aussi acquis à Roanne, place du marché, chez Musiques et livres, un vinyle de jazz (mon premier il me semble, nous étions en 1989). Il s'agissait d'une compilation de 1987 de Earl Hines, chez Vogue, dans la collection Jazz time. Pas que je connaisse particulièrement ce grand pianiste des années 30/40/50, mais dans cette boutique plutôt revendeuse de vinyles (c'était la grande époque où la plupart des familles se débarrassaient de leurs disques pour passer au CD), on trouvait plutôt du rock, et, souhaitant alors élargir mes horizons, je m'étais lancé dans un début de découverte du style jazz, que je ne connaissais alors que très vaguement.

Mon frère, grand précepteur de rock devant l’éternel devait alors posséder une compilation de Miles Davis*, une ou deux K7 de jazz vocal, une ou deux bandes de films quelque peu jazz, et une k7 de Miles récente : son album Under arrest de 1985, qui m'avait laissé pantois. Autant dire que cette introduction débridée au jazz n'était pas faite pour me séduire. D'autant plus que l'époque était donc à la fusion et que l'acid jazz qui allait, pour pas mal de monde, sonner le glas des années de vaches maigres pour ce genre musical, (le jazz), commençait tout juste à percer en France.

Je ne remercierai d'ailleurs jamais assez la Medwey scene, dont l'organiste des Prisoners : James Taylor et son quartet, furent partie prenante du mouvement Acid jazz, qui remis le jazz groove des années 60 au goût du jour, et permis à de nombreux novices comme moi de trouver une descendance/porte d'entrée pour cette exploration nécessaire et bienfaitrice.


Étant passionné de Rock, de Psyché, puis de Rhythm'n'blues anglais, puis de Blues et de Soul, cette scène Acid jazz fut le chainon manquant pour joindre les styles et les époques. La découverte de l'aspect historique et discographique se poursuivit des 1997 grâce au secteur audiovisuel de la médiathèque, que j'intégrais, dés sa création. Après avoir commencé à digérer le fonds de base, je participais alors rapidement à son augmentation, et plus précisément le rock, la pop, la soul, le blues, et...le Jazz. Tout cela mâtiné de lectures essentielles.
Autant dire que les années 1998-2006 furent le parfait terreau de ma culture jazzistique : Bop, Hard bop, Free Jazz, Latin, ou plus atmosphérique : labels Act, ECM...etc.

Depuis, j'ai quitté ce secteur, fort de références bien intégrées, d'autres lectures, de quelques concerts, et de l'expérience de mon ami Claude, autre amateur éclairé, qui lui aussi, mais dans d'autres circonstances et d'autres dimensions à monté une collection jazz digne d'intérêt, dans laquelle j'ai pu aussi puiser. ;-)

Donc : Nina Simone !
Et bien ce double CD regroupant 'Pastel blues" et ' Let it all out" (1965 et 1966) vient justement des bacs de cet ami (toujours disquaire indépendant, après...presque 20 ans de bons et loyaux services).
...Je l'ai "choisi" récemment, parmi les deux ou trois Simone qu'il avait à ce moment là en occasion, car je pouvais, à l'inverse de l'époque précitée, me repérer un tant soit peu dans sa discographie. (Il faut dire qu'entre temps, Internet a bien aidé à cela ;-))
Et si j'ai choisi ces disques datés 1965 et 1966, bien m'en a pris, car il s'avère qu'ils font partie de ses meilleurs.
Et j'en apprécie la substance dans mes oreilles...en ce moment même. 

(*) La compilation double album de 1975 "Dig", réunissant des enregistrements des années 51 à 53.

A lire, écouter.. une belle note consacrée à la version de Nina de "Work song", sur le EB sound marketing blog.


samedi 15 août 2015

Rock et Bd : c'est cadeau ! (Four roses, et La main heureuse)

Jour férié, jour de surprises.

Aujourd'hui, on parle de la Mano negra et de Johnny Jano, de Duchazeau, de Baru, de Jano, et de King Automatic.

Deux superbes albums ont paru avant l'été, mêlant histoire rock et bande dessinée, et comme cela faisait assez longtemps que l'on avait pas eu d'ouvrage de cette qualité, c'est parti :

Four roses,
de Baru et  Jano, aux éditions Futuropolis, (Juin 2015)
nous donne l'occasion de retrouver un (deux ?) auteurs estampillés années quatre vingt, qui ont toujours mêlé rock et BD.
Jano avec sa zone et son personnage de Kebla, le rockeur de la banlieue parisienne, le "Rolling stones" du plus "Beatles" Lucien de Margerin (si j'ose. Oui, osons).,  et Baru, et ses Quequette blues, ses mobylettes, sa gomina, et plus récemment, son cd album "Rock antédiluvien". (voir lien plus bas)

Dans Four roses, ... après une rapide présentation du contexte de la fin de la guerre en France, (dessinée par Baru), avec la seconde "occupation" de la France par les Marines dans les bases (60.000 en 1957), on fait la connaissance de Jérémie, guitariste /chanteur (avatar de King automatic, rocker Lorrain), qui, en fouillant dans le grenier familial de la belle sœur, découvre une boite de 45 tours de variétés, et un trésor au milieu : un disque de Johnny Jano.
Le titre "Havin' a whole lot of fun" est un rockabilly de 1956 endiablé qui défrise notre artiste.
Au milieu de ces disques : des photos, où Jérémie et Gilou, son frère, reconnaissent leur grand mère, qui a semble t'il eu une relation avec ce guitariste américain.


Pochette uniface collée en fin d'album
C'est le départ pour une une quête au pays du Zydéco, où tout ce beau monde va recoller les bouts de la fibre musicale familiale et découvrir l'étrange histoire de ce rockeur quelque peu oublié.

Baru, grand amateur de rock'n'roll (il avait déjà publié une belle compilation en 2011, à l'occasion d'une exposition à la Cité de la BD Angoulème*; mais ses précédents albums ont toujours vanté le charme de cette musique, (cf : les loustics, Quéquette Blues…) a écrit une très belle histoire, mettant en avant les relations entre notre pays et la  Louisiane.
Mais le must est d'avoir fait appel à son compère Jano, que l'on avait pas revu depuis des lustres en bande dessinée, lui qui nous avait régalé dans les eighties avec ses BD rock.

Le single, joint à l'album, est la cerise sur le gâteau, puisque non content de nous proposer trois titres par King Automatic : des covers de Never can tell (Chuck berry),  version Zydeco, Slow down (J B lenoir), et Havin a whole lot of fun (Johnny Jano), celui-ci ajoute la version originale de ce brulôt rockabilly de 1956 par l'auteur originel. Top.


(*) du 27 janvier au 24 avril 2011 : http://www.citebd.org/spip.php?article2180


Le titre "Havin' a whole lot of fun" sur Youtube.


La main heureuse
Casterman/Arte/Professeur cyclope
Mai 2015

Ici, c'est tout l'art de Frantz Duchazeau qui est mis en exergue, une nouvelle fois, après ses superbes albums consacrés à d'autres figures musicales : Lomax, Meteor Slim, Blackface Banjo… mais pas que. Car dans cet album prépubliés dans la revue Professeur cyclope, c'est l'histoire du groupe alternatif français La Mano negra qui est contée, ou plutôt celle de deux de ses fans.

Mike et son copain sont deux jeunes ados, qui, tombant sur l'annonce d'un concert (dans Best) du groupe à Bordeaux, à 100 bornes de chez eux, décident de s'y rendre coûte que coûte, en mobylette, en faisant le mur.
Un périple marqué par leur ferveur quasi religieuse et leur foi en le rockn'roll de la Mano, qui va cependant leur réserver quelques (mauvaises) surprises.
Mais "la main noir , la Puta's fever, le King kong five, et le king of bongo vont leur donner l'énergie et l'espoir de réaliser leur rêve.

Un superbe récit, toujours aussi bien mis en scène et en images par le trait noir et blanc si spécifique de l'auteur, qui nous replonge avec passion dans cette époque punk rock française quelque peu révolue.

Pochette uniface collée en fin d'album
Le single quant à lui, (pour l'édition spéciale limitée à 1000 exemplaires), s'il ne révolutionnera pas votre discothèque en termes de gros son, marquera par contre d'une pierre les archives des fans du groupe, puisque cet enregistrement live du concert au théâtre de Barbey de Bordeaux en 1989 propose quatre titres inédits. 
Une petite pièce de collection, bien sympathique, pour agrémenter la lecture.

La page consacrée à la Mano negra sur le site de Manu Chao

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