mardi 14 mai 2013

Pourquoi Oblivion a réussi, là où Les Ames vagabondes ont échoué ?

Pas mal de films de science-fiction en ce début d'année 2013. ...Certains se suivent, et se ressemblent.*

Ceux qui auront vu les deux films du sujet de cette note, sortis à une semaine d'intervalle (Oblivion ayant l'avantage de la première semaine), ne seront qu'à peine surpris de leur résultat au box office, imparable : 
> Dés la première semaine, (du 10 au 16 Avril) Oblivion comptabilisait 598 000 entrées en France, alors que les Ames n'en comptaient que 350 396 au bout de deux semaines !
Oblivion comptabilise 1149 400 entrées début Mai, alors que son concurrent quitte l'affiche.

Pourquoi ?

En premier lieu, on pourra y trouver une explication de goût, ou d'à priori : Stéphanie Meyer s'étant fait connaître avec "Twilight", série romanesque puis cinématographique plutôt dirigée vers les publics adolescents, les aficionados adules, férus de SF se sont certainement moins sentis inspirés par cette nouvelle adaptation. Ceci expliquant sans doute le départ moins impressionnant du box office.

C'était peut-être une erreur, puisque, ayant moi-même suivi, pas très motivé ma fille de 14 ans, je n'ai pas regretté mon choix.

Un visuel plus adolescent, dès l'affiche

Les âmes vagabondes s'est révélé être une bonne surprise. Ce film reste un film de science-fiction. Et s'il peut faire beaucoup penser à The Island, de Michael Bay (2004) , par ses décors (le désert), son atmosphère paranoiaque et l'aspect "clone" des humains qu'une race extra-terrestre à "réduit en esclavage", (en fait, celle-ci remplace leur âme une fois ceux-là morts), et les scènes de course poursuite.. cela n'enlève rien à l'originalité restante du scénario, où l'auteur donne à voir une histoire d'amour entre deux races différentes (ce n'était pas du tout le cas dans the Island).
Mais ce point n'est pas le seul atout du film, (...)
puisque partant du principe que la planète Terre a été envahie, Stéphanie Meyer nous propose une réflexion sur la possibilité de vivre à plusieurs ensemble.
Que dire de sa conception de la mort et du "voyage" des âmes, qu'elles soient nôtres ou pas... et le fait que nous ne mourrons pas vraiment au final, si notre identité (notre force*) est vraiment caractérisée. Chacun y trouva matière à réflexion.
(*Force que beaucoup auraient du avoir, afin de rompre leur réticence à visionner ce film. Glup.)

D'un autre côté,  "Oblivion" possède d'entrée les codes du bon film de SF à gros budget et l'affiche adéquate. Son casting avec Tom Cruise reste cependant son talon d'Achille. Mais même si certains sont allés à reculons voir un énième film avec un acteur étiqueté scientiste, Tom Cruise garde cependant un potentiel séduction important. On se souviendra en effet longtemps de ses réussites dans Minority report ou Mission impossible.

Le réalisateur Joseph Kosinsky n'est pas un des plus connus d'Hollywood, lui qui vient plutôt du monde du jeu vidéo. Mais sa propre adaptation de son début de roman graphique a attiré les studios, qui lui avaient d'ailleurs déjà confié l'adaptation de Tron l'héritage. 
(Voir à ce sujet la critique sympa de Piwi sur : http://piwithekiwi.blogspot.fr/2013/04/oblivion.html)

La photographie du film est magnifique, et on y retrouve la beauté rencontrée précédemment dans Prométheus de Ridley Scott. (Claudio Miranda vs Dariusz Wolski).

Quant au scénario, celui-ci se révèle différent, quoi qu'avec pas mal de parallèles, des Ames vagabondes. (attention : spoilers !!)
Tom se pose des questions. N'est-ce pas le propre de l'homme ?
Dans les deux cas, la Terre a été "envahie"; d'une manière pacifiste d'une part (les Ames), plus brutale de l'autre (conflit guerrier et anéantissement physique).
Dans les deux cas, les survivants terriens se cachent dans des sous-terrains ou blokhaus, et il paraît difficile après visionnage des deux films, de se remémorer facilement quels sont les acteurs de l'un, de l'autre, et où il se cachent, tant les détails d'entremêlent.

Si : dans "les âmes", on a un superbe décor désertique et une montagne dont le "toit" s'ouvre pour permettre la culture du blé.
Dans Oblivion, c'est une zone soit-disant irradiée qui sert de refuge aux terriens survivants, dans une grotte aménagée, où ceux-ci se masquent afin de se faire passer pour une autre race extraterrestre. (Belle idée)

Et c'est sur ce point qu' Oblivion fait beaucoup plus fort, et semble plus adulte dans sa conception, car il se joue dés le départ, et pratiquement jusqu'au bout des spectateurs, en créant un voile qui cache la réalité. Au héros comme aux spectateurs. Là où les âmes vagabondes ne tisse au final qu'un scénario assez classique de bons et de méchants, avec une belle histoire d'amour, qui renverra les plus âgés vers l'univers encore plus édulcoré de Walt Disney.


Etre mort, c'est rêver de partir ailleurs ?
Oui, je suis dur, mais il fallait bien démontrer le caractère science-fiction plus sérieux d'Oblivion, qui ne prend pas la main du spectateur, mais le laisse un peu se poser des questions.

La trame des Ames vagabondes rentre davantage dans le cadre d'une fable, où même la notion de sacrifice au final n'en est pas une, puisque l'héroïne extra-terrestre trouve un nouveau corps pour l'héberger.

Oblivion, quant à lui propose un sacrifice final bien réel. (Pour survivre, il faut mourir, et faire mourir son ennemi : ...une idée toute djihadiste ?) ...bien que Hollywood propose le remplacement du héros par son clone.
Mais on admettra que cette conclusion n'a pas la même saveur en bouche et laisse beaucoup plus de d'amertume et de réflexions aux spectateurs, que l'autre film.

Voilà pourquoi d'après moi, Oblivion a su tirer son épingle du jeu, malgré un terreau assez proche, des dates de sortie quasi identiques, et un tapage médiatique moins important que son concurrent.

Merci de votre lecture.

(*) After earth est à peine sur les écrans, et je me dis qu'avec le comics "Prophet" au scénario quasi identique (une adaptation déguisée ?), et les films sus-cités, l'idée de Terre abandonnée, détruite, et des humains devant trouver une attitude adaptée, fait son chemin en ce moment...
Normal, vu la conjoncture ? Normal.



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