mardi 17 mai 2022

Nexus omnibus tome 1 : un rêve devenu réalité

Début années 2000, l'ami Reed man (Organic comics, rencontré à Angoulême), me fait découvrir si je me souviens bien, Steve Rude. Je ne sais plus à quelle occasion c'est, mais bing, en 2003, un beau petit comics Semic parait, mettant le héros Nexus en lumière. Superbe dessin, et scénario pas top mal, mais sans plus, que j'ai chroniqué à l'époque dans notre fanzine Onabok en faisant ressortir le manque de traductions françaises à l'époque ayant pu resituer le contexte de l’œuvre originelle pourtant bien accueillie outre Atlantique. A la même époque, je complète avec un Thor Roi des orages chez Semic, The Moth special en VO, bon petit titre permettant d'abonder sur Steve Rude à nouveau, ajoutant entre temps Un monde à part, un tryptique Batman Superman paru en 1990 chez Comics USA. Puis, ensuite... pas grand chose. C'est pourquoi, à moins d'avoir suivi de très près le dessinateur en VO ou l'avoir guetté dans quelques publications françaises comics ça et là chez Panini, difficile de se faire une idée de la réelle qualité du bonhomme et de sa série Nexus créée avec Mike Baron en 1981. Les éditions Délirium, comme à leur habitude, nous gâtent donc avec la parution de ce premier Omnibus débutant l'intégrale en français de cette série Space Opera typiquement eighties, qui avait échappé jusqu'alors aux lecteurs français ne lisant pas de VO.

Année terrestre 2481 : Ylum, l'une des deux lunes tournant autour de la planète Marlis. Dans les sous-sols aménagés de cet astre, vit un homme aux pouvoirs étranges, se régénérant dans un bain sous cloche lorsqu'il est prit de malaises. A l'intérieur de cette solution extraordinaire, il rêve et ces rêves lui ordonnent des missions vengeresses. Horatio Hellpop, dit Magnus, règne sur une population qu'il a sauvé au fil du temps, d'esclavagistes ou de tortionnaires. Qui est-il vraiment et d'où vient-il ? Nul ne saurait vraiment le dire, à part Sundra Peale, observatrice venue sous couverture journalistique, qui gagne sa confiance et se fait expliquer son histoire familiale. Ses malaises remontent à l'âge de neuf ans, et bien qu'un drame marque sa séparation d'avec ses parents, rien n'explique leur provenance, ni la présence d'antiquités aux tréfonds d'Ylum, que Nexus protège et craint en même temps. Ce sera un des objets de lutte des différents protagonistes croisant sa route au long de ce premier tome. 


423 pages présentées façon Omnibus américain, dans un épais volume cartonné couverture satinée dos rond, comprenant 102 pages noir et blanc et le reste en couleur, voilà pour la présentation physique. Tout commence avec les premiers épisodes nous présentant Nexus, et les manigances de vilains désirant appréhender l'origine de sa puissance. Si l'on s'engage légèrement à reculons dans ce pourtant attendu premier volume - les pages noir et blanc pourtant agréables ne soutenant que peu la comparaison avec celles en couleur - il faut reconnaître une mise en bouche suffisamment originale et étrange à cette histoire pour abonder, d'autant plus que les belles couvertures des comics originaux, faisant office d'inter chapitre, brillent aussi de mille feux Pulp et nous alpaguent. Steve Rude, dessinateur dont on sait la classe du travail et combien il est devenu "bankable" depuis 1981, commençait tout juste alors, et déjà il marchait dans les traces d'un Russ Manning. Trait souple, encrage onctueux et un certain sens de l'épure participent du charme opérant sur le lecteur découvrant son oeuvre de base. Les couleurs de Les Dorscheid, sur la majorité des épisodes, ajoutant la touche typique de ce comics parmi les plus significatifs et funs de ces années quatre-vingt que l'on ne finit pas de redécouvrir.

Si Steve Rude nous charme, comme peuvent le faire d'autres talents tels Dave Stevens, Mark Schulz, ou bien encore Jaime Hernandez, pour rester dans cette génération d'auteurs au trait souple, le scénario de Mike Baron fait preuve d'une belle inventivité. Aussi, c'est à un mix de 2000AD, la revue culte SF britannique, à laquelle on pense parfois, dans l'irrévérence et le rythme, tout comme aux Tortues Ninja du duo Kevin Eastman - Peter laird, et au moins aussi à American Flagg, d'Howard Chaykin, peut-être pour l'humour et les scènes de combat (superbes épisodes dans le monde bol avec le Blaireau, un anti super héros improbable de beaufitude). Mais ne nous y trompons pas, cette dernière référence partage aussi une vision politique avec Nexus, nous gratifiant au passage d'une réflexion sur le pouvoir, l'amitié et la confiance, assez rare. Auquel s'ajoute une beau suspens de recherche des origines, sous couvert de fouilles archéologiques, élément fantastique dans un comics de Space Opera où la sensation de bien-être surpasse les situations les plus noires. Tout le talent du duo Mike Baron - Steve Rude, que l'on a hâte de retrouver dans un tome deux, puisque l'action est en cours et que le dessinateur n'a pas encore révélé le summum de son talent.
Nexus est exaltant et fun, et les éditions Delirium nous le servent sur un plateau d'argent, avec une belle introduction du traducteur Alex Nikolavitch et deux épisodes bonus. Un rêve devenu... réalité.

FG

Nexus Omnibus tome 1
Mike Baron et Steve Rude.
Éditions Délirium (39 €) - ISBN : 978-2-493428-02-8


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