lundi 9 avril 2007

Les Témoins d'André Téchiné.

Témoins, acteurs, et... engagés !


Enfin un film qui traite des homosexuels sans chichi ni frou frou. Enfin un film français à la fois sérieux et enjoué, dramatique et rythmé et dont les acteurs respirent le plaisir de jouer.
On a beaucoup vu
Michel Blanc ces dernières années, surtout derrière la caméra avec des films qui ont plutôt séduit la critique, mais son rôle ici confirme son indéniable talent d'acteur. Il est loin le temps où il ne voyaient que des renards...
Son interprétation d'un quinquagénaire homosexuel, médecin de son état qui prend à bras le corps l'arrivée du virus du sida est remarquable. Tout comme celle de
Johan libéreau, (Manu), jeune homme de 24 ans qui va découvrir brusquement sa maladie. Ce nouvel acteur dont c'est le deuxième film est sans doute promis à une belle carrière.

André Téchiné réalise là un film tout en finesse, avec un rythme enlevé qui ne laisse aucun moment de répit. On ressort de ce mélodrame, léger, car rien n'est désespérant. Le réalisateur nous emmène avec ses interprètes au bord des criques où ils passent leur vacances régulièrement afin de se ressourcer, et leur bol d'air nous aère aussi.
Il est étrange de la même façon comme les personnages gardent aussi une sorte d'identité au sein du film, comme si la réalité était trop précise pour être transformée. Julie, chanteuse dans le film est
Julie Depardieu, qui aime aussi le chant. Manu qui est à l'origine serveur en salle et pâtissier exerce ce métier dans le film... Samir est tout simplement Medhi, l'"arabe" de service sauf que là, il est en service.
Le naturel est quand même le maître mot dans le film pour un sujet, l'arrivée du sida en France, qui se devait d' être traité de façon la plus réaliste possible.

Que dire justement alors de
Sami Bouajila, remarqué déjà depuis quelques temps aux côtés de Roschdy Zem ou de Michel Blanc qui l'a dirigé dans Embrassez qui vous voudrez, et qui, même s'il a déjà joué le rôle d'un travesti (Change moi ma vie, 2001) n'en est pas moins remarquable dans ce rôle de flic à la fois intègre mais zélé, et de papa homosexuel révélé sur le tard. Même si sa carrière commencée en 1991 est déjà bien remplie, il va sans dire que des rôles de flic homo lorsque l'on est d'origine maghrébine sonnent comme des engagements encore plus fort. Plus fort encore peut-être qu'une participation à la reconnaissance des tirailleurs africains dans Indigènes, par exemple...

La musique d'opéra (l'air du Barbier de Séville, interprété par la soliste
Anne-Sophie Domergue, qui entraîne et double la voie de Julie Depardieu) est superbe. Elle ponctue quant il faut les moments douloureux de la maladie,...

Bref, on ressort du nouveau nouveau Téchiné avec le sentiment que ce film là mérite sinon une palme, en tous cas une récompense tant son propos et sa réalisation sont soignés.
Bravo.

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