vendredi 14 mai 2010

Robin des bois: " Rise and rise again til lambs become lions"

Un blockbuster de Ridley Scott vient de sortir, et d'aucun trouveront à polémiquer, car les français en l'occurrence sont mal traités dans ce film.
> A gauche, une superbe scène dans l'embouchure de la Tamise, avec le palais royal au loin

...Maltraités ? mais nous sommes en 1199 et si le débarquement de Philippe Auguste (quel miroir avec le débarquement de 1945, ne serait-ce que ces barges presque identiques, mais en bois) se solde par un échec sur les plages anglaises, c'est à cause de la trahison d'un félon. Or, on ne réécrit pas l'histoire. D'ailleurs, il est bon de se voir de l'autre côté, pas toujours celui des bons ou des vainqueurs.
...Une trahison française donc, (ou franco-anglaise, mais c'était un peu compliqué à l'époque il faut dire...), mais aussi une trêve anglaise. En effet, les barons en rebellion contre le roi Jean sans terre ont mis leur vélléités de putsh de côté, afin de faire face à l'ennemi commun. C'est là justement qu'intervient Robin Longstride (Robin hood, et pas "Wood"), dont la véritable existence et histoire fait, elle, polémique sur les sites documentaires.

Ce qui par contre ne fait pas polémique et rend ce film particulièrement intéressant, (beaucoup d'adultes aux séances d'ailleurs, car la bande annonce est suffisamment évocatrice pour donner un bel aperçu de cet énième adaptation de la "légende") c'est la superbe reconstitution historique de l'angleterre du XIIeme siècle : paysans, travail , paysages, armements, batailles... Le réalisme du traitement nous donne à voir la guerre dans toute sa rudesse et sa violence. Qui voudrait être sur le champ de bataille à ce moment là ?
On est loin, très loin des coups de pieds (karaté) faciles et des déchaînement de balles à la mitrailleuse (sans recevoir en échange, et en détruisant à coup sûr) dont nous abreuvent moult films aujourd'hui qui jouent le jeu de l'apologie de la violence au lieu de la dénoncer.
Ici, les flèches pleuvent du ciel ou atteignent leurs cible en tir tendu, de façon dur, avec un bruit de heurt qui ne laisse pas indifférent. Les massues cognent, les corps sautent sous les coups... les râles se font entendre... Et chacun doit s'encourager pour aller en avant.
> Ci à droite : mieux vaut se garer lors d'une charge de cavalier !

Mais en dehors de cette représentation de la guerre, et des injustices aussi (le clergé en prend pour son grade, on est en effet à l'époque où celui-ci se détourne des valeurs humanistes de l'église chrétienne, pour s'enrichir sur le dos des petites gens), Robin des bois a pour atout de resituer l'histoire de Richard coeur de lion (Richard 1er d'angleterre) dans son contexte historique, même si on ne nous montre pas la troisième croisade dont il revient. "Kingdom of heaven" du même réalisateur s'en est par contre déjà chargé avec brio, en ce qui concerne la chute de Jérusalem (entre la deuxième et la troisième croisade), et on peut cependant si l'on reste pour le générique de fin apercevoir sous forme d'images redessinées quelques scène (coupées ?) des croisades. On les verra peut-être en bonus dans le DVD ?
> Ci à gauche : Richard coeur de lion

Et c'est là que le film de Ridley Scott assure sa mission : il ne nous montre rien d'autre que la dure vie des anglais à cette époque, paysans, orphelins et barons, face à un pouvoir à mille lieux de la réalité. Les représentations de décors et les détails sont aussi saisissants : Petites bourgades, encerclées de leur remparts, où subsistent ça et là des vestiges runiques, fermes fortifiées, palais royal, non loin de l'embouchure de la Tamise, coupé avec sa cour du reste du pays. Détail d'une côte de maille que l'on ne peut enlever soi-même; paille et animaux dans les logis...grenier à grains... on sentirait presque ces odeurs que l'on a oublié aujourd'hui, dans notre société si aseptisée. (sauf à la campagne ?)
Et le casting rend service à cet effort. Russell Crowe et Cate Blanchett : superbes, mais une palme particulière est décernée à Max Von Sydow, (Walter Loxley), vieux baron aveugle qui essaie d'assurer sa lignée en invitant un inconnu à remplacer son fils disparu. Magnifique !

Bref, lorsque les armées françaises et anglaise coalisées se rencontrent et s'affrontent, deux heures se sont écoulées pour nous spectateurs, et l'histoire banalisée de Robin du bois que l'on connaissait jusqu'à présent s'apprête juste à commencer. En effet
Jean sans terre (et sans coeur), qui a pris la place vacante de son frère Richard coeur de lion* se dédie de sa parole et renforce les injustices.
Comme le précise le dernier panneau du film : "Ainsi commence la légende".
On est donc ravi de ne pas avoir à subir à nouveau une histoire romancée mille fois racontée.


(*) Mort suite au mauvais traitement de ses blessures provoquées par un carreau d'arbalète dans le coup lors d'un dernier assaut au château de Châlus Chabrol, en Mars de l'année 1199.

Ps : Finalement, si l'on prend un film comme "V pour vendetta" (Alan Moore), rediffusé la semaine dernière sur France 4, ou un roman graphique comme "Berlin" (de Jason Lutès), dont le tome 2 a paru cette année, ce n'est qu'une nouvelle manière de raconter l'opposition politique nécessaire à toute dictature de façon à peine détournée.
...On en aurait donc autant besoin ?

Allez voir ce grand film de cinéma. Les bonnes raisons sont nombreuses.

5 commentaires:

Li-An a dit…

Je l'ai vu aussi et je m'en vais te l'assassiner sur mon blog. Si les 2/3 du film sont très agréables, la gestion des Français, la suppression des rapports Normands/Saxons à l'origine de l'histoire et la bataille finale débile m'a donné envie de sortir du cinéma (je ne pouvais pas, j'aurai emmerdé 6 personnes innocentes). Un scénario en plus complètement américanisé (défense de la Démocratie, lutte contre l'envahissur commun... euh, Français, j'en passe et des meilleures).

Hectorvadair a dit…

Ouaip, enfin il ne faut quand même pas exagérer. Si tu descends un film comme celui-là, qu'est-ce que ca doit être de la plupart des 98% restants de la production de ces vingt dernières années ? (et que dire du "Robin des bois" avec/de Kevin Costner alors ?)
Surtout que franchement, si tu t'intéresses un minimum à l'histoire de cette "légende", parce que c'en est une, je ne crois pas que beaucoup soient en mesure de différencier le vrai du faux. Et puis des films se passant à cette époque, il n'y en a pas des masses. Trop souvent on nous sert de la guerre de cent ans. Ca change.Quant aux français, moi, ca m'amuse plutôt de les voir se faire mater un peu. Mais enfin, libre à chacun de dire ce qu'il pense...

Treblig a dit…

Même s'il ne faut jamais être dupe de certaines arrières-pensées véhiculées par les films américains, ce film de Ridley Scott mérite amplement d'être vu, car la qualité de la réalisation est excellente.

Effectivement, outre celles de Russell Crowe et Cate Blanchett,la prestation de Max Von Sydow procède d'un jeu scénique remarquable (quand on sait que cet acteur a dépassé l'âge des 80 ans !!)

Bien entendu, il faut voir ce film dans sa version originale qui relègue très loin nos "franchouillardises" du style Camping 2 !!

Li-An a dit…

Les 98 % (en fait, 75 % puisque vous ne semblez pas compter les films plus difficiles dits "intellos"), je ne vais pas les voir.
Mon avis: http://www.li-an.fr/blog/c-est-le-week-end/robin-des-bois-de-ridley-scott/
Histoire largement réécrite pour donner le bon rôle aux "Anglais" et scène de bataille finale débile. Je n'aurai pas été si méchant si Russel Crowe et Ridley Scott n'avaient pas passé autant de temps à faire croire qu'ils donnaient une vision "réaliste" de l'époque.

Hectorvadair a dit…

Ouai bon bein ouai ok. Merci pour eux. Heureusement qu'il était pas en 3D en plus alors !?

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